🇲🇽 L’avortement est désormais dépénalisé dans quatorze des trente-deux États du Mexique (Olga Barry / Espaces latinos)


Le lundi 15 juillet, après le vote du Parlement de l’État de Puebla dans le centre du pays, qui fait suite à deux décisions de la Cour suprême, par vingt-neuf voix pour et sept contre, les députés locaux ont approuvé une réforme du Code pénal local qui élimine toute sanction pour des avortements pratiqués jusqu’à douze semaines de gestation.

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L’Église catholique avait appelé les députés à voter contre la dépénalisation de l’avortement dans cet État à réputation conservatrice, tout en étant gouverné par le parti de gauche au pouvoir au Mexique, Morena. L’archevêque de Puebla Victor Sánchez Espinosa manifeste son rejet énergique. La criminalisation totale de l’avortement avait été déclarée « inconstitutionnelle » par la Cour suprême fédérale en septembre 2021. « Les dispositions pénales qui criminalisent de manière absolue le droit » à l’avortement « sont contraires au droit à la dignité humaine », avait répété la Cour suprême en septembre 2023. Le Mexique est un pays fédéral où chacun des trente-deux États dispose de ses propres lois, qui peuvent être invalidées par des arrêts de la Cour suprême. Le district fédéral de la capitale Mexico avait été la première entité du pays à dépénaliser l’avortement jusqu’à douze semaines en 2007.

Cela fait suite à une décision de la Cour suprême mexicaine : en 2021, la plus haute instance judiciaire du pays avait jugé inconstitutionnel un article du Code pénal du Coahuila, dans le nord du Mexique. Les femmes ayant recours à l’interruption volontaire de grossesse pouvaient alors encourir jusqu’à trois ans de prison. En 2023, la haute juridiction a réitéré ses déclarations par un vote unanime des magistrats : « La criminalisation de l’avortement constitue un acte de violence et de discrimination pour raison de genre. » 

En 2007, la capitale de Mexico est même la première juridiction du Mexique et d’Amérique latine à l’autoriser. Dans l’État de Puebla, réputé conservateur, l’Église catholique a tenté de dissuader les députés de voter contre une réforme du Code pénal local. Mais le verdict est sans appel : 29 voix pour 7 contre. Toutes les sanctions ont donc été levées ce lundi 15 juillet. « Toutes les femmes et les personnes en capacité de gestation pourront avoir accès à des avortements dans les institutions fédérales de santé », s’enthousiasme le Groupe d’information sur la reproduction choisie (Gire), qui avait notamment saisi la Cour suprême. Mais la guerre n’est pas gagnée. Dix-huit États pénalisent encore l’avortement dans le pays.

La question de l’IVG scinde l’Amérique latine en deux. Si la Colombie, Cuba, l’Uruguay et l’Argentine l’ont légalisée, rien n’est jamais définitif. Depuis l’arrivée au pouvoir du candidat libéral d’ultra-droite Javier Milei, qui a plusieurs fois exprimé ses postions anti-avortement, tous les voyants sont au rouge en Argentine. Au Chili, l’IVG est illégale sauf en cas de danger pour la santé de la mère, de viol ou de malformation du fœtus. Même situation au Brésil, où les femmes enceintes d’un viol qui décideraient d’avorter après 22 semaines de grossesse seraient passibles de peines supérieures à celles des violeurs. Au Venezuela, au Salvador, au Honduras, au Nicaragua, en Haïti et en République dominicaine, l’avortement reste interdit. (…)

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