🇨🇴 Colombie: la loi sur les retraites signée par le président Petro. L’opposition menace d’un recours (RFI / AFP)


En Colombie, le président Gustavo Petro a signé mardi 16 juillet la loi sur les retraites, première grande réforme sociale que le premier président de gauche – au pouvoir depuis deux ans – arrive à faire voter par le Congrès. Pour l’occasion, M. Petro avait appelé ses sympathisants à se rassembler sur la place Bolívar à Bogotá, devant le Congrès. Mais l’opposition a annoncé qu’elle déposerait un recours.

Rassemblement en soutien à la réforme des pensions (16 juillet 2024 / Bogotá) Photo RCTV Noticias

Devant l’estrade où parle le président Petro, il a surtout des personnes âgées, rapporte notre correspondante à Bogotá, Marie-Eve Detoeuf. Maria Isabel Villate, 72 ans, a été toute sa vie employée de maison. Elle n’a droit aujourd’hui à aucune retraite. Elle explique pourquoi elle est venue applaudir son président : « Aujourd’hui je suis venue pour lui dire merci. Je fais partie de ces femmes qui ont lutté et travaillé toute leur vie pour élever leurs enfants. J’en ai six et  je veux une retraite parce que la lutte a été dure. »

Son voisin Elmer Castiblanco n’a que 54 ans. « C’est un jour historique pour la Colombie, c’est un exemple pour l’Amérique Latine. C’est une question de dignité pour 3 millions de personnes âgées qui ont travaillé toute leur vie pour construire ce pays.  Et c’est pour ça que nous soutenons notre président ! »

Le système de retraite colombien s’articule autour de deux régimes contributifs concurrents et parallèles. Le premier, public, est administré par Colpensiones et fonctionne selon un système de répartition et de prestation définie. Le second, privé, est géré par les AFP (Administradoras de Fondos de Pensiones) et repose la capitalisation individuelle. Jusqu’à présent, les Colombiens pouvaient cotiser où ils voulaient mais le système en place privilégiait la capitalisation individuelle, aussi seulement 16 % des personnes éligibles perçoivent réellement une pension, en raison notamment du caractère le plus souvent informel du travail : pas de cotisations sociales et donc pas de cotisations retraite. Plus de 50 % des actifs étaient en situation d’informalité en 2023 selon une étude.

Désormais, la nouvelle loi oblige tous les Colombiens gagnant jusqu’à 2,3 fois le salaire minimum – soit environ 985 dollars par mois – à cotiser auprès du fonds Colpensiones, administré par la Banque centrale. Ceux qui gagnent plus pourront investir l’excédent dans des fonds privés.

Si elle ne modifie pas l’âge de départ à la retraite, maintenu à 62 ans pour les hommes et à 57 ans pour les femmes, la réforme instaure cependant une pension minimum de solidarité d’environ 76 dollars par mois pour les personnes âgées vulnérables. De même, pour les Colombiennes n’ayant pas suffisamment cotisé durant leur carrière, la réforme prévoit que chaque enfant compte pour cinquante semaines de cotisation.

Selon le ministère du Travail, la proportion de personnes âgées percevant une pension de retraite passera de 24 % à 53 % grâce à la nouvelle loi. (…)

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