🇺🇸 🇲🇽 Biden « obligé » d’agrandir le mur à la frontière mexicaine (Luis Reygada / L’Humanité)
Contraint légalement d’appliquer une mesure décidée par son prédécesseur, le président démocrate affirme que la construction ne signifie pas un revirement de sa politique migratoire.
« Pas un pied de plus de mur » promettait Joe Biden durant la campagne électorale de 2020. Son administration a pourtant annoncé mercredi qu’elle avait autorisé l’élargissement sur trente-deux kilomètres du mur frontalier situé dans le comté de Starr, dans le sud du Texas, jouxtant l’État mexicain de Tamaulipas.
Totalement à contre-courant de la politique migratoire menée jusqu’à présent par le président démocrate -qui a toujours soutenu que les murs étaient inutiles pour freiner l’immigration– l’information a été publiée par le registre fédéral des États-Unis au moment même où le secrétaire à la Sécurité intérieure Alejandro Mayorkas, le secrétaire d’État Antony Blinken et le procureur général Merrick Garland se trouvaient en visite officielle au Mexique pour aborder les dossiers de la migration et du trafic drogue.
À treize mois de la présidentielle américaine, les républicains ont fait de l’immigration un de leurs angles d’attaque favoris contre Joe Biden, continuellement accusé par ses adversaires de laxisme face à l’important flux de migrants en provenance d’Amérique latine. Le président états-unien a assuré qu’il ne « pouvait pas interrompre » le financement engagé par son prédécesseur, Donald Trump, faute d’avoir pu convaincre les républicains au Congrès d’employer ces fonds pour d’autres mesures. « L’argent était prévu pour le mur frontalier. J’ai essayé d’allouer les fonds à autre chose, de les rediriger. Ils n’ont pas voulu ; il n’est pas possible légalement d’utiliser cet argent pour autre chose », s’est-il défendu pour justifier une décision vivement critiquée par l’aile gauche de son parti ainsi que par nombre d’organisations. « La décision de se précipiter pour construire le mur frontalier est un profond échec », a déclaré Jonathan Blazer, directeur des stratégies frontalières à l’American Civil Liberties Union. Dans un communiqué, l’organisation américaine spécialisée dans la défense des droits et libertés individuels a regretté voir l’administration Biden reprendre des orientations « qui ont échoué et qui se sont révélées inutiles et inefficaces », critiquant au passage un choix purement politique.
Le secrétaire Alejandro Mayorkas a toutefois confirmé que l’annonce sur le déblocage de fonds ne représentait pas un changement dans la politique de l’administration de Joe Biden, mais l’application inévitable, par des dispositions légales, des mesures approuvées pendant l’administration Trump (2016-2020). « Le président maintient sa position selon laquelle les murs ne contribuent pas à contenir les migrations » a-t-il assuré.
Une décision critiquée côté mexicain
« Cette autorisation pour la construction du mur est un pas en arrière car elle ne résout aucunement le problème, nous devons nous attaquer aux causes » de la migration, a réagi le président mexicain Andrés Manuel López Obrador, tout en concédant que la décision de Biden était contrainte. « Je comprends qu’il y ait de fortes pressions, en particulier de ceux qui veulent profiter du phénomène migratoire à des fins électorales » a-t-il déclaré, critiquant la démagogie « intolérante et irresponsable » de certains membres du parti républicain et soulignant la nécessité de soutenir les pays Centre-Américains et des Caraïbes « confrontés à une situation complexe ».
À l’issue de la réunion de haut niveau entre le Mexique et les États-Unis, tenue hier au Palais national de Mexico, la ministre mexicaine des Affaires étrangères, Alicia Bárcena, a annoncé avoir pris note des éclaircissements présentés par ses homologues. (…)
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