🇧🇴 🇵🇪 Bolivie: le lac Titicaca en alerte sécheresse, un danger pour les populations locales (Nils Sabin / RFI)


En Bolivie, le lac Titicaca est en alerte sécheresse depuis la fin du mois de juillet. Agriculture, élevage, tourisme, pêche : de nombreux secteurs sont touchés et la situation affecte les populations vivant sur les rives du lac situé à 3 800 mètres d’altitude.

Depuis la fin du mois de juillet, le lac Titicaca est en alerte sécheresse, cela affecte différents secteurs et la population qui vit dans la région. AP – Juan Karita


La sécheresse frappe fort au lac Titicaca. Depuis deux ans, les précipitations qui remplissent le lac entre décembre et mars sont plus faibles que d’habitude. Résultat, le niveau est extrêmement bas et les populations locales souffrent.

« Il n’y a plus d’eau pour les vaches, explique Juan, la vingtaine, qui élève des vaches à Huarina, au sud-est du lac. Comme c’est en train de s’assécher, le lac est plus loin et c’est plus compliqué d’abreuver les vaches. »

À Huarina, l’herbe est complètement brûlée par le soleil et le lac se trouve maintenant à plus d’une demi-heure de marche. Deux solutions pour Juan : aller jusqu’au lac avec ses vaches ou alors remettre en état les canaux à sec qui amènent l’eau à proximité de sa maison : « Il faudrait qu’on creuse avec des tracteurs, mais ça coûte plus de 25 euros par heure. En une heure, si tu te débrouilles bien, tu peux faire revenir l’eau, mais cette année comme c’est très sec, ça demande plus de temps. »

Des zones du lac rendues inaccessibles

À Copacabana, à 80 kilomètres de là, se trouve le principal centre touristique bolivien donnant sur le lac Titicaca. Silverio, comme beaucoup de monde ici, travaille dans le secteur touristique : « Nous sommes inquiets parce que cette année le niveau de l’eau baisse beaucoup trop. J’ai 64 ans, je travaille ici depuis que j’ai 8 ans, mais je n’ai jamais vu ça. »

Ici, le lac n’a pas reculé, mais la baisse de son niveau rend certaines zones inaccessibles. « Par exemple, là-bas, le niveau est très bas et il est impossible de sortir avec des petits bateaux sportifs », explique Silverio.

Pour cet homme, cette sécheresse est une sorte de punition pour ne pas prendre soin du lac. Et selon lui, le futur pourrait être pire : « Nous ne faisons pas attention à l’environnement, c’est pour ça que je dis que la nature va faire partir tous les habitants qui vivent autour du lac. »

Les poissons, victimes de la surpêche et de la sécheresse

Après la pandémie, puis la crise politique au Pérou, cette sécheresse est un nouveau coup dur pour le tourisme local. Les activités de pêche sont aussi fortement touchées. À plusieurs kilomètres du centre-ville se trouve la communauté de Sahuiña qui compte deux associations de pêcheurs. En descendant jusqu’à la rive, il est possible d’apercevoir quelques petits bateaux à moteur et trois dizaines de cages flottantes, utilisées pour la pisciculture.

Sur son bateau, au milieu des roseaux, Edgar explique les conséquences de la sécheresse : « C’est ici que se reproduisent les espèces sauvages, elles laissent leurs œufs à la base de ces roseaux, donc avec la sécheresse où vont-elles pondre ? » Pour le pêcheur, ces espèces sauvages sont presque condamnées. La surpêche a réduit leur nombre et maintenant la sécheresse les empêche de se reproduire. Le futur se trouverait donc dans la pisciculture et principalement l’élevage de truites.

« Là, voici les poissons, ils font deux kilos », précise Edgar. Mais même cette activité est affectée par la sécheresse. Comme il l’explique, les cages ne peuvent pas accueillir trop de poissons : « Si les truites font deux kilos, tu ne peux pas en mettre 500 dans une cage sinon elles vont mourir avec la chaleur et le manque d’oxygène. Par exemple dans celle-ci, il y a 120 truites en ce moment, on ne peut pas en mettre plus. Enfin, on pourrait, mais elles mourraient. » (…)

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