🇬🇹 Au Guatemala, la disqualification du parti du président élu Arévalo suspendue temporairement par la justice (Le Monde)


Bernardo Arévalo, qui doit être investi en janvier, avait dénoncé la disqualification de sa formation Semilla, décidée par le ministère public, comme un projet de « coup d’État ».

Manifestation à Guatemala City, le 2 septembre, pour demander la démission de la procureure générale Consuelo Porras et du procureur Rafael Curruchiche, accusés de provoquer une crise électorale. Johan Ordonez / AFP


Un peu de répit pour la formation politique Semilla du président élu du Guatemala, Bernardo Arevalo. Le Tribunal suprême électoral (TSE) a temporairement levé, dimanche 3 septembre, sa disqualification qui avait été décidée par le parquet en début de semaine.

« La résolution (…) émise par le directeur du Registre des citoyens est suspendue jusqu’à la conclusion du processus électoral » le 31 octobre, a ordonné le TSE dans une résolution lue par son porte-parole, Luis Gerardo Ramirez. « Il n’est ni raisonnable ni prudent d’exposer la validité des organisations politiques (…) jusqu’à ce que le processus électoral soit terminé », ajoute la résolution du TSE qui a appelé au « respect de la volonté populaire exprimée dans les urnes ».

La direction du Registre des citoyens dépend du TSE mais opère de manière autonome. Si le TSE a déjà validé la victoire de M. Arévalo, le président élu doit encore, parmi d’autres formalités, recevoir ses lettres de créance avant la clôture du processus électoral.

Bataille judiciaire

Cette nouvelle n’est qu’une étape dans la bataille judiciaire engagée contre le parti Semilla par le ministère public, qui, lundi 28 août, avait obtenu de la direction du Registre des citoyens sa suspension provisoire. Le juge Fredy Orellana avait ordonné au TSE, sur demande du procureur Rafael Curruchiche, de suspendre le parti et d’enquêter sur des anomalies présumées concernant l’enregistrement de membres lors de sa formation en 2017.

La décision de suspension avait été vivement critiquée par les Etats-unis mais également par l’Union européenne, qui a dénoncé « les tentatives persistantes de saper les résultats des élections par des actions juridiques et procédurales sélectives et arbitraires ». À Washington, le chef de la mission électorale de l’Organisation des États américains au Guatemala, Eladio Loizaga, a également mis en garde vendredi contre une possible « rupture de l’ordre constitutionnel au Guatemala ».

Si la perte du statut juridique du parti Semilla, à la tête duquel M. Arevalo a remporté haut la main la présidentielle du 20 août sur une promesse de lutte contre la corruption, ne pouvait empêcher son investiture le 14 janvier prochain, elle limitait cependant l’action de ses vingt-trois nouveaux députés au Parlement : présidence de commissions, levée de fonds, inscription de nouveaux membres.

Le président élu avait dénoncé vendredi « un coup d’Etat promu par les institutions qui devraient garantir la justice dans notre pays ». M. Arévalo a également mis en cause la procureure générale, Consuelo Porras. Cette dernière ainsi que MM. Orellana et Curruchiche figurent sur une liste américaine d’acteurs « corrompus ».

Samedi, le parquet s’était défendu de ces accusations : « Il est totalement faux [de dire] que le ministère public participe à un processus de coup d’État comme l’a fait de manière irresponsable le président élu », a-t-il affirmé dans un communiqué.

Une décision « de grande valeur »

« La décision du TSE d’arrêter la suspension de notre parti apporte de la sérénité à ce moment crucial de l’histoire, où la démocratie livre sa meilleure bataille, soutenue par les gens honnêtes et droits de ce pays », a de son côté déclaré à l’Agence France-Presse Nino Matute, membre de Semilla et conseiller municipal de la capitale.

Selon le député de Semilla Raul Barrera, « même si ses effets ne sont que temporaires, cette résolution a une grande valeur »« L’Assemblée plénière des magistrats du TSE demande expressément (…) de garantir le transfert du pouvoir aux élus », a-t-il écrit sur le réseau social X (ex-Twitter). (…)

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Pour rappel, voir : Bernardo Arévalo élu président du Guatemala (revue de presse)