🇬🇹 Bernardo Arévalo élu président du Guatemala (revue de presse)


Les sondages qui prédisaient Arévalo vainqueur d’une présidentielle guatémaltèque à rebondissements n’auront pas menti. Le candidat surprise, objet de tentatives de disqualification pendant la campagne électorale, a remporté dimanche 20 août le second tour du scrutin. Élu avec 58% des suffrages au second tour de la présidentielle face à l’ex-première dame Sandra Torres, le sociologue de centre-gauche promet un coup de balai anticorruption dans un des pays les plus inégalitaires et corrompus d’Amérique latine. Mais il va lui être difficile de gouverner et de réformer, puisque son parti, Semilla, est loin d’avoir la majorité au Parlement. De plus, le parti a été suspendu temporairement lundi 28 août par le Tribunal suprême électoral du Guatemala en raison d’anomalies présumées.

Bernardo Arévalo, candidat de Semilla, mouvement de centre-gauche engagé à lutter contre la corruption, le 16 août à Guatemala City. (Moises Castillo/AP)

Bernardo Arévalo élu président, l’espoir du retour de l’intégrité au Guatemala (François-Xavier Gomez – Libération)

Ce sont deux candidats se réclamant de la social-démocratie qui s’affrontaient dimanche 20 août pour le second tour de l’élection présidentielle au Guatemala. Mais un abîme séparait Sandra Torres, 67 ans, et Bernardo Arévalo, 64 ans.

L’ancienne première dame, quand elle était mariée à Alvaro Colom, président entre 2008 et 2011, est un pur produit d’un système politique corrompu ; elle a déjà été battue à deux reprises au second tour, en 2015 et 2019. Le sociologue, ancien ministre et diplomate, se revendique «le fils du meilleur président du Guatemala» : Juan José Arévalo, qui a gouverné lors d’une éclaircie démocratique, de 1945 à 1951. Les derniers sondages créditent le candidat du parti Semilla (graine, en espagnol) d’une large avance sur sa rivale : entre 25 et 30 points. 9,4 millions d’inscrits (sur 17,6 millions d’habitants) les départageront.

Le soir du 25 juin, la surprise était totale dans le pays. Si Sandra Torres était bien en tête du premier tour, comme annoncé, avec 21,1 % des voix, personne ne s’attendait à voiren deuxième position Bernardo Arévalo (15,5 %). Les sondages n’avaient pas anticipé ce résultat, pas plus que la gauche, très divisée et sonnée par l’invalidation en janvier de sa meilleure candidate, Thelma Cabrera, défenseure des populations autochtones mayas. Son colistier, l’ancien procureur des Droits humains Jordan Rodas, exilé en Espagne pour fuir les menaces, confiait son pessimisme à Libération quelques jours avant le scrutin : «Le gouvernement qui sortira vainqueur sera illégitime», déclarait-il.

Dans le sillage du «printemps» de 2015

Le sursaut citoyen s’est donc confirmé au second tour. «Le peuple guatémaltèque a parlé haut et fort», s’est félicité Bernardo Arévalo après sa victoire en prononçant un discours fort contre la corruption. Cette large avance, associée aux taux record de votes blancs et nuls au premier tour (plus de 24 % des suffrages au total), montre l’ampleur du rejet de la corruption, après deux mandats de présidents conservateurs, Jimmy Morales et Alejandro Giammattei, marqués par les scandales. L’un des principaux reste l’expulsion du juriste colombien Iván Velásquez, et la dissolution de la structure qu’il dirigeait : la Commission contre l’impunité (Cicig), un organisme indépendant parrainé par les Nations unies, et destiné à garantir l’indépendance du système judiciaire et la séparation des pouvoirs. Une fois la Cicig mise hors-jeu, le champ était libre pour court-circuiter les enquêtes pour malversations des juges. Une douzaine d’entre eux a d’ailleurs quitté le pays où leur sécurité n’était plus assurée.

Le parti politique Semilla est né en 2017 dans le sillage du printemps guatémaltèque, un mouvement citoyen qui avait forcé, en 2015, après plusieurs semaines de mobilisation et de manifestations, la démission du président Otto Pérez Molina. Avec sa vice-présidente, Roxana Baldetti, il était mouillé jusqu’au cou dans un système de détournement des taxes douanières qui avait rapporté environ 10 millions de dollars. Jugé et lourdement condamné, le tandem est toujours sous les verrous.

Passionné d’échecs, le favori de l’élection déclarait, le 2 août, lors d’un tournoi de ce jeu à Guatemala Ciudad, la capitale : «Nous devons mettre en échec la corruption […] parce que les corrompus ne sont pas idiots, ils sont très intelligents. Ils ont tellement bien appris à placer leurs pions qu’ils sont parvenus à contrôler l’ensemble des institutions de l’Etat».

Il est bien placé pour le savoir. Après sa qualification surprise pour le second tour, il a d’abord dû faire face à des recours pour fraude déposés par ses adversaires, sans succès. Puis en juillet, à la décision d’un juge de suspendre Semilla pour des irrégularités supposées dans la collecte de signatures qui avait permis sa fondation. La Cour constitutionnelle a suspendu cette décision, qui ne visait qu’à l’empêcher de disputer le duel final. La persécution ne s’est pas arrêtée là puisque le procureur général a ordonné, le 21 juillet, la perquisition du siège de Semilla. A chaque nouvelle tentative d’entraver la candidature Arévalo, les ONG et la communauté internationale ont appelé au respect de la volonté populaire.

Éducation et lutte contre la pauvreté

Actuellement député, Bernardo Arévalo est né en 1958 en Uruguay, où son père, le président démocrate, avait dû s’exiler après le coup d’Etat fomenté en 1951 par les Etats-Unis contre son successeur, le président de gauche Jacobo Arbenz. Arévalo père, mort en 1990, reste admiré par les Guatémaltèques : il avait mis fin aux treize ans de dictature de Jorge Ubico, un militaire admirateur de Franco et de Mussolini qui, en 1933, imposait une loi privant du droit de vote les analphabètes, soit 75 % de la population.

Durant sa campagne, celui que ses partisans surnomment «Tío Bernie» (oncle Bernie) a promis de suivre les pas de son père pour améliorer l’éducation et combattre la violence et la misère dont souffrent 58 % de la population. (…)

(…) Lire la suite de l’article ici


Guatemala : le candidat surprise Bernardo Arevalo vainqueur de la présidentielle (France 24)

Le candidat surprise de l’élection présidentielle au Guatemala, Bernardo Arevalo, objet de tentatives de disqualification pendant la campagne, a remporté dimanche le second tour du scrutin avec la promesse d’en finir avec la corruption dans un pays miné par la pauvreté et la violence. Les précisions d’Aurore Bayoud, correspondante France 24 au Guatemala.


Guatemala: «le Parlement n’est pas du tout du côté» du président élu Bernardo Arévalo (Christophe Paget / RFI)

Bernardo Arévalo a remporté la présidentielle au Guatemala ce dimanche 20 août. Le candidat de centre-gauche a obtenu 59% des voix, contre 36% pour l’ex-première dame Sandra Torres. Bernardo Arévalo s’est principalement fait élire sur son programme de lutte contre la corruption. Mais il va lui être difficile de gouverner et de réformer, puisque son parti, Semilla, est loin d’avoir la majorité au Parlement. Le point avec Thierry Maire, doctorant au Centre Maurice Halbwachs.

Le candidat de Semilla, Bernardo Arevalo, célèbre sa victoire à la présidentielle à Guatemala, le 20 août 2023. © LUIS ACOSTA / AFP

RFI : Est-ce que vous pourriez nous présenter Bernardo Arévalo ?

Thierry Maire : Bernardo Arévalo est un diplomate. Il a fait sa carrière un petit peu au début au service du Guatemala et ensuite principalement à l’ONU. À un moment donné, il était, on peut dire, le patron des opérations de maintien de la paix. Ce qui quand même l’a amené à avoir une étendue d’actions très vastes qui pourraient d’ailleurs bien lui être très utiles, parce que c’est un homme dont on dit qu’il a un sens aigu du consensus. Et dieu sait s’il va en avoir besoin s’il veut diriger le pays avec succès, compte tenu des réformes qu’il souhaite mener. Ce caractère de diplomate fait de lui un polyglotte, donc, quelqu’un d’ouvert aux autres cultures. Ce qui est important dans un pays où vous avez une importante population indigène. C’est aussi quelqu’un qui est très sensible à la question des droits de l’homme, un enjeu majeur au Guatemala et dans le futur gouvernement du président Arévalo.

Bernardo Arévalo a été élu sur un programme de lutte contre la corruption, une corruption qui très importante au Guatemala. Qui dans le pays a peur de son arrivée au pouvoir ?

Beaucoup de monde. Vous avez d’une part la question des narcotrafiquants, des gens corrompus et surtout à l’origine de la corruption pour protéger leur trafic. Le Guatemala est une route de trafics très importants pour les produits illicites qui viennent du Sud et qui remontent vers le Mexique et les États-Unis.

Le deuxième groupe, ce sont des fonctionnaires, en particulier au niveau des forces de sécurité et de la justice. Ce sont des gens qui se sont mis au service d’autres acteurs. Et donc, les autres acteurs, ce serait ce troisième groupe, des acteurs de la vie économique, qui cherchent au fond à fausser les règles du jeu pour leur plus grand bénéfice, les fraudes de tout genre.

Ce sont trois groupes puissants. Entre le premier et le deuxième tour, les problèmes pseudo-juridiques, qui ont été mis en travers de la route de Bernardo Arévalo vers ce second tour et donc cette élection, sont le fruit en particulier des tentatives de ces groupes pour empêcher l’arrivée d’Arévalo jusqu’à l’élection. Pour une fois, ils ont échoué. (…)

(…) Lire la suite de l’article ici


Au Guatemala, le parti du président élu temporairement suspendu (France 24)

Le parti Semilla du social-démocrate Bernardo Arévalo, élu président le 20 août dernier, a été suspendu temporairement lundi 28 août par le Tribunal suprême électoral du Guatemala en raison d’anomalies présumées concernant l’enregistrement de membres lors de sa formation en 2017.

Après le premier tour de la présidentielle le 25 juin, le juge Fredy Orellana avait ordonné, sur demande du procureur Rafael Curruchiche, au TSE de suspendre Semilla et d’enquêter sur des anomalies présumées concernant l’enregistrement de membres lors de sa formation en 2017. Les États-Unis considèrent Fredy Orellana et Rafael Curruchiche “corrompus”.

Le TSE n’avait pas suivi l’ordre du juge au motif qu’il est impossible de suspendre un parti en plein processus électoral. La Cour constitutionnelle du Guatemala avait alors garanti la tenue du second tour à la date prévue entre les deux candidats qualifiés, Bernardo Arévalo et Sandra Torres.

Le 20 août, Bernardo Arévalo est sorti largement vainqueur avec plus de 60 % des suffrages. Son adversaire a dénoncé une supposée “fraude” durant l’élection. Lundi 28 août, le directeur du registre des citoyens, Ramiro Muñoz, a respecté l’ordre du juge Orellana en justifiant du fait que le processus électoral était terminé.

Selon des avocats, la suspension de Semilla n’a pas de conséquence sur l’entrée en fonction de Bernardo Arévalo. En revanche, elle peut affecter les membres du parti au Congrès et les empêcher par exemple de présider des commissions parlementaires.

En marge de l’annonce de la suspension de Semilla, le TSE a officialisé les résultats du second tour donnant Bernardo Arévalo vainqueur. Son mandat de quatre ans doit démarrer le 14 janvier, a déclaré le secrétaire général du TSE, Mario Velasquez.

L’ordre du juge est “absolument illégal”, a lancé en conférence de presse le social-démocrate, ajoutant que la résolution du TSE ne faisait que “respecter” cet ordre. “Il y a un processus de persécution politique, faisant usage des instruments de la justice et des institutions judiciaires de manière illégale contre le Mouvement Semilla et notre candidature”, a estimé le président élu, confirmé lundi par le TSE. (…)

(…) Lire la suite de l’article ici


Pour rappel, voir :
Guatemala : un espoir de changement ? (Bernard Duterme / CETRI) (26 juillet)
Guatemala : un «entre-deux tours» judiciarisé (revue de presse) (24 juillet)
L’intégrité du processus électoral au Guatemala mise à mal par une judiciarisation excessive (Communiqué collectif) (22 juillet)
Au Guatemala, la disqualification à la présidentielle du parti d’Arevalo suspendue (France 24) (16 juillet)
Élections au Guatemala (communiqué commun / Collectif Guatemala – FAL) (11 juillet)
Présidentielle au Guatemala: le recomptage des voix du premier tour confirme la qualification de la gauche (RFI) (8 juillet)
Élections au Guatemala : résultat qui crée la surprise et suspension de la proclamation (revue de presse) (29 juin)
Guatemala: des candidats empêchés de se présenter à l’élection présidentielle du 25 juin (RFI / Le Monde -AFP)
(26 mai)