🇪🇨 Équateur : des élections anticipées sous tension (revue de presse)


Les Équatoriens étaient appelés aux urnes ce dimanche 20 août pour élire les 137 membres de l’Assemblée nationale et le remplaçant du président Guillermo Lasso. Ces élections anticipées font suite au mécanisme de la « muerte cruzada » (mort croisée) utilisé au mois de mai par le président pour dissoudre l’Assemblée nationale, convoquer sous trois mois de nouvelles élections générales et gouverner entre temps par décrets. Le mandat des nouveaux élus ne durera que un an et demi. La campagne électorale a été bouleversée par l’assassinat de Fernando Villavicencio, un des huit candidats à l’élection présidentielle, le mercredi 9 août à l’issue d’un meeting à Quito. L’état d’urgence a été déclaré mais la date de l’élection a été maintenue. Retour sur cette campagne électorale très tendue.


Voir aussi : Équateur : résultats de l’élection présidentielle et des consultations populaires du 20 août 2023


D’autres responsables politiques ont été tués durant l’été : Rider Sanchez, candidat aux législatives, a été abattu par balle le 16 juillet et le maire de Manta, Agustín Intrago, a été victime d’une embuscade, le 23 juillet. Pedro Briones, membre du parti corréiste Révolution citoyenne et l’un des responsables de cette formation dans la province d’Esmeraldas, a été tué lundi 14 août. Le thème de l’insécurité a entièrement dominé les débats ces derniers jours. Plusieurs candidats ont axé leur campagne sur ce sujet, proposant une politique de la main forte contre les cartels de drogue et la délinquance en très forte hausse dans le pays.

Le 20 août, les électeurs étaient aussi appelés à se prononcer sur l’exploitation de pétrole dans le parc naturel Yasuní en terre indigène amazonienne. « Nous devons remporter cette consultation. Il faut que le peuple équatorien dise oui à la réserve de Yasuní, estime Leonidas Iza, président de la Conaie – la confédération des nationalités indigènes.»

Équateur : le candidat à la présidentielle Fernando Villavicencio tué par balle, la date du scrutin maintenue (Libération / 10 août 2023)

Le candidat centriste avait fait état la semaine précédente de menaces de mort contre lui et son équipe de campagne. Après cet assassinat, le président équatorien a déclaré l’état d’urgence pendant soixante jours tout en maintenant les élections anticipées à la date prévue du 20 août.

Des personnes se mettent à l’abri après que des coups de feu ont été tirés à la fin d’un rassemblement du candidat à la présidence équatorienne Fernando Villavicencio à Quito, le 9 août 2023. / AFP

Le candidat à la présidentielle en Équateur Fernando Villavicencio, deuxième dans les sondages, a été assassiné par balle à la fin d’un meeting électoral mercredi soir à Quito, a annoncé le président équatorien Guillermo Lasso. Fernando Villavicencio, un centriste de 59 ans, journaliste de profession, était l’un des huit candidats au premier tour de la présidentielle prévu le 20 août. Il a été tué alors qu’il sortait d’une salle omnisports dans le nord de la capitale, après un meeting de campagne. Le parquet a fait état de «neuf blessés, dont une candidate à l’Assemblée, et deux policiers», en plus de la mort de l’un des assaillants, abattu par la sécurité.

Malgré l’émoi national suscité par ce drame, la date des élections générales anticipées a été maintenue au 20 août, a annoncé la responsable du Conseil national électoral, Diana Atamaint. «La date des élections prévues le 20 août reste inchangée, conformément au mandat constitutionnel légal», a-t-elle affirmé dans une déclaration commune avec le président conservateur Guillermo Lasso, qui a annoncé l’instauration de l’Etat d’urgence pour une période de 60 jours. «Les forces armées sont en ce moment mobilisées à travers tout le territoire national afin de garantir la sécurité des citoyens, la tranquillité du pays et des élections libres et démocratiques le 20 août», a déclaré le président équatorien dans une allocution diffusée sur YouTube. (…)

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L’Équateur au bord du gouffre (Entretien avec Pablo Ospina et Franklín Ramírez par Pablo Stefanoni / Nueva Sociedad / Traduction Europe Solidaire et Sans Frontières)

L’assassinat d’un candidat à la présidence à l’issue d’un meeting de campagne ébranle l’Équateur à quelques jours des élections.

L’assassinat du candidat à la présidence Fernando Villavicencio est le dernier épisode en date d’une dégradation rapide et profonde de la vie publique dans ce pays d’Amérique du Sud, avec une montée en puissance impressionnante du crime organisé. Ancien syndicaliste, journaliste et homme politique, Villavicencio s’était construit une identité de figure anti-corruption, tout en se positionnant en opposition radicale au gouvernement de Rafael Correa. Comme le rappelle un article du quotidien El País, ses propositions électorales incluaient la construction d’une « prison de très haute sécurité » pour enfermer les criminels les plus dangereux, la militarisation des ports pour contrôler le trafic de drogue et la création d’une unité anti-mafia qui, « avec le soutien de l’étranger », poursuivrait « les trafiquants de drogue, les kidnappeurs et tous les types de structures criminelles ». Sous le gouvernement de Correa, il s’exile au Pérou, puis revient sous la présidence de Lenín Moreno, où il reprend l’activité politique de sa jeunesse, mais au sein d’un autre parti politique.

Son assassinat, qui serait le fait du crime organisé, a choqué le pays et perturbé la campagne électorale pour les élections du 20 août, appelées d’après la « mort croisée» décrétée par Guillermo Lasso pour éviter la destitution par le Parlement.

Dans une autre interview accordée à Nueva Sociedad, Pablo Ospina et Franklin Ramírez analysent les causes du déclin du pays. Pablo Ospina est historien et enseigne à l’Universidad Andina Simón Bolívar et est chercheur à l’Instituto de Estudios Ecuatorianos. Franklin Ramírez est sociologue et enseignant-chercheur au département d’études politiques de la Faculté latino-américaine des sciences sociales (Flacso). Tous deux ont écrit plusieurs articles pour Nueva Sociedad.

L’Équateur était considéré comme un pays plutôt pacifique dans le contexte latino-américain. Comment interpréter un assassinat qui rappelle celui de la Colombie dans les années 1980 ?

Pablo Ospina : Il est difficile de comprendre un changement aussi rapide et une dégradation aussi radicale de la situation en matière de sécurité. On a perçu une augmentation des activités du crime organisé depuis la dollarisation, qui a grandement facilité le blanchiment de l’argent de la drogue et, par conséquent, l’installation ou le développement progressif de différents groupes criminels liés à la criminalité transnationale. Mais deux événements récents semblent avoir déclenché la détérioration rapide de la situation. Tout d’abord, l’accord de paix en Colombie en 2016, qui a fait disparaître un groupe qui offrait de l’ordre et une certaine rationalité étatique à la frontière. Il s’agissait surtout d’un groupe qui avait pour habitude d’éviter généralement d’attaquer des cibles équatoriennes, parce qu’il voulait éviter une collaboration plus étroite entre les militaires équatoriens et colombiens dans les opérations de contre-insurrection. Le territoire équatorien était également un lieu de repos, comme en témoigne l’attentat d’Angostura en 2008, au cours duquel Raúl Reyes, alors chef des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), a été tué. Une fois les FARC démobilisées, la frontière commence à être dominée par une douzaine de petits groupes dissidents et irréguliers qui se disputent le territoire et les filières de trafic, et qui n’ont pas la même politique vis-à-vis de l’Équateur ; ils peuvent assassiner des journalistes équatoriens (en mars 2018) ou pénétrer les défenses plutôt faibles et laxistes du pays. Le deuxième fait est la pandémie, qui semble avoir freiné le trafic et créé une certaine crise dans la distribution de la drogue, ainsi que des conflits entre les cartels mexicains et colombiens, mais qui a également augmenté les possibilités de recrutement des groupes criminels en Équateur en raison du désespoir d’une partie importante de la population : non seulement la criminalité, mais aussi l’émigration ont atteint des niveaux similaires à ceux de la crise de 1999. (…)

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Équateur: l’assassinat de Fernando Villavicencio «s’inscrit dans un continuum de violence» (Entretien avec Emmanuelle Sinardet, professeure de civilisation latino-américaine à l’Université Paris Nanterre, responsable du Centre d’études équatoriennes / RFI / 10 août 2023)

Fernando Villavicencio en campagne à Quito avant son assassinat, le 9 août 2023. REUTERS – KAREN TORO

Fernando Villavicencio, un des huit candidats à la présidentielle en Équateur, a été tué par balles à la fin d’un meeting à Quito, la capitale équatorienne. Suite à cet assassinat, l’état d’urgence a été déclaré dans le pays et trois jours de deuil seront observés. La date du premier tour du scrutin, prévue le 20 août, est malgré tout maintenue.

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Assassinat d’un candidat à la présidentielle d’Équateur : un nouveau candidat désigné (Christophe Deroubaix / L’Humanité / 11 août 2023)

Fernando Villavicencio, candidat centriste à l’élection présidentielle d’Équateur, a été assassiné mercredi 9 août. Six personnes d’origine colombienne ont été arrêtées. Les autorités ont confirmé l’implication de « groupes criminels organisés ». Le journaliste Christian Zurita a été désigné pour remplacer le défunt. 

Une affiche électorale de Fernando Villavicencio à Quito (Equateur), le 10 août 2023.
Rodrigo Buendia / AFP

Trois balles dans la tête. C’est à la façon des « sicarios », les tueurs à gage de la mafia, que l’un des principaux candidats à l’élection présidentielle, Fernando Villavicencio, a été abattu à l’issue d’un meeting électoral mercredi soir dans la capitale équatorienne. C’est d’ailleurs le crime organisé qui est accusé après cette première dans l’histoire du pays. Six personnes ont été arrêtées et les autorités ont précisé que les individus arrêtés sont d’origine colombienne et ont confirmé l’implication de « groupes criminels organisés ».

Le journaliste Christian Zurita, 53 ans, va remplacer Fernando Villavicencio. Le premier tour se déroulant dimanche 20 août, le remplaçant a moins d’une semaine pour faire campagne. Le nouveau candidat désigné a affirmé qu’il suivrait intégralement le projet politique de Fernando Villavicencio, notamment la lutte contre la corruption.(…)

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En Équateur, un scrutin présidentiel sous le signe de la peur (RFI / 20 août 2023)

Les Équatoriens sont appelés aux urnes ce dimanche 20 août pour choisir le remplaçant de Guillermo Lasso. Visé par une procédure en destitution dans le sillage d’un scandale de corruption, le président conservateur sortant avait dissout l’Assemblée nationale et mis son propre mandat en jeu. Dans le même temps, les électeurs sont aussi appelés à se prononcer sur l’exploitation de pétrole en terre indigène amazonienne.

Des forces de sécurité montent la garde pendant un meeting du candidat Christian Zurita, le 17 août 2023. REUTERS – Henry Romero.

La progressiste Luisa Gonzalez est la seule femme en lice. Cette proche de l’ancien président socialiste Rafael Correa avait été largement en tête des intentions de vote avec sa campagne centrée sur l’échec des gouvernements conservateurs dans les domaines social et sanitaire. Certains analystes imaginaient déjà qu’elle pouvait remporter le scrutin dès le premier tour.

Le thème de l’insécurité domine

Mais l’assassinat, la semaine dernière, de son principal concurrent, le centriste et champion de la lutte anti-corruption Fernando Villavicencio, a changé la donne : les Équatoriens se rendront aux urnes la peur au ventre. Le thème de l’insécurité a entièrement dominé les débats ces derniers jours. Et il pourrait favoriser les candidats qui proposent une politique de la main forte contre les cartels de drogue et autres mafias. À l’instar de l’outsider Jan Topic, un ex-légionnaire français qui a fait fortune dans le secteur des équipements de sureté. Alors que le candidat indigène et écologiste, Yaku Perez, n’a été que peu audible sur cette dernière ligne droite.

Quant à Christian Zurita, qui a remplacé à la dernière minute son ancien ami et collègue assassiné Fernando Villavicencio, il n’a pu mener campagne qu’une seule journée. 

Dans un pays qui n’est plus depuis longtemps une « île de paix », la population va voter avec ses tripes plus qu’avec sa tête, selon l’analyste Alfredo Davalos, interrogé par notre correspondant à Quito, Éric Samson : « J’ai toujours cru que ce vote serait totalement viscéral. Je pense qu’il y aura un vote pour punir l’inefficacité du gouvernement de Guillermo Lasso, un vote de colère des citoyens mais la question est de savoir qui va pouvoir canaliser et récupérer cette colère. » 

Une chose est sûre, selon le politologue Gustavo Isch, ce ne sera pas la candidate Luisa Gonzalez, qui a longtemps caracolé en tête des sondages : « Le mouvement de l’ancien président Correa et à sa candidate Luisa González ont été très affectés par l’assassinat de Villavicencio car ce dernier les accusait de vouloir sa mort et toutes ses déclarations ont été reprises dans tous les média. »

Au contraire, le journaliste Christian Zurita, qui a remplacé Villavicencio,  attire de nouveaux électeurs comme Silvana Ruales : « Villavicencio a créé son mouvement autour de ses idées pour lutter contre la corruption et les mafias. Villavicencio ne peut pas être mort pour rien. Les gens doivent réagir ». Un autre candidat est également en hausse, l’ancien tireur d’élite et parachutiste de la légion étrangère, Jan Topic, et son discours musclé anti-délinquance.

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Les Équatoriens votent pour leur nouveau président, sur fond de violences et de narcotrafics (France 24 / 20 août 2023)

Quelque 13,4 millions d’électeurs se rendent aux urnes dimanche pour choisir leur président. Le scrutin se déroule plus de dix jours après l’assassinat de l’un des principaux candidats au fauteuil présidentiel.

Les électeurs équatoriens se rendent aux urnes dimanche 20 août pour une élection présidentielle anticipée, bouleversée par l’assassinat de l’un des principaux candidats, sur fond d’une vague de violences sans précédent liée au narcotrafic en pleine expansion.

Le scrutin se déroule douze jours après la mort, à Quito, sous les balles d’un commando de tueurs à gage colombiens, du candidat centriste Fernando Villavicencio, un ex-journaliste de 59 ans, qui était en deuxième position dans les sondages.

L’assassinat a traumatisé le pays, mais aussi rebattu les cartes d’un scrutin pour lequel aucun des huit candidats ne semble désormais en mesure de l’emporter à la majorité absolue et d’éviter une second tour le 15 octobre.

Violence et crise institutionnelle

Longtemps oasis de paix en Amérique latine, l’Équateur a été contaminé ces dernières années par le trafic de drogue venant de la Colombie et du Pérou voisins, sponsorisés par les cartels mexicains. Au point de menacer la stabilité des institutions, et de ressembler à la Colombie sanglante des années 1990.

Si la côte Pacifique avec son port stratégique de Guayaquil est longtemps restée l’épicentre des violences, Quito vit désormais dans la peur. Le taux d’homicides à l’échelle nationale a doublé en 2022 et battra des records cette année. Depuis 2021, plus de 430 détenus se sont par ailleurs entretués en prison dans des massacres entre gangs rivaux.

À cette violence s’ajoute une crise institutionnelle privant le pays de Congrès ces trois derniers mois, après la décision de l’impopulaire président conservateur sortant Guillermo Lasso d’appeler à des élections anticipées pour éviter mise en accusation pour corruption. (…)

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Assassinat de Fernando Villavicencio: les raisons de la violence en Équateur (Thomas Goubin / Slate)

La mort du candidat à l’élection présidentielle équatorienne est révélatrice d’une déliquescence sécuritaire et politique dans le pays, liée à sa nouvelle place dans le narcotrafic.

Obsèques de Fernando Villavicencio, sous haute sécurité, le vendredi 11 août à Quito. Rodrigo Buendía / AFP

C’est un dialogue glaçant. Il l’était déjà au moment où il s’est produit et il l’est encore plus depuis l’assassinat de l’un de ses deux protagonistes, le candidat centriste Fernando Villavicencio, qui, à 59 ans, ambitionnait d’être élu président de l’Équateur. Face au discours musclé de son interviewé contre le crime organisé, le journaliste Carlos Vera prévient: «Ils ne vous laisseront pas gouverner.»

Entre ex-collègues –Fernando Villavicencio a été journaliste– le ton est plutôt chaleureux, ce qui n’empêche pas une certaine gravité. «J’aurai 18 millions d’amis [en appliquant ma politique] et 40.000 fils de p… comme ennemis. Et je serai fier d’avoir ces ennemis et d’avoir un pays entier d’amis. […] Je n’ai rien à perdre, Carlos», répond un Fernando Villavicencio visiblement décidé. «Si, vous pouvez perdre la vie», lui rétorque alors Carlos Vera.

La réplique du journaliste, manifestement préoccupé, sonne aujourd’hui comme une prémonition. D’autant plus qu’il lui citait l’exemple de Luis Carlos Galán, candidat favori à l’élection présidentielle colombienne, tué en août 1989, neuf mois avant le scrutin –assassinat auquel ne serait pas étranger le narcotrafiquant Pablo Escobar. Deux jours après l’interview, le mercredi 9 août 2023, à la sortie d’un meeting à Quito, Fernando Villavicencio était abattu. Un déluge de feu, à l’image de la violence qui meurtrit l’Équateur au quotidien: une trentaine de coups tirés, quelques impacts fatals et «plusieurs balles dans la tête».

À l’inverse de Luis Carlos Galán il y a trente-quatre ans en Colombie, Fernando Villavicencio (candidat du parti Mouvement construire) semblait n’avoir que peu de chance de remporter l’élection présidentielle équatorienne anticipée, dont le premier tour aura lieu le dimanche 20 août. Dans une campagne marquée par l’indécision de l’électorat, les sondages le situaient globalement entre la quatrième et cinquième place (au mieux, un seul sondage effectué à la mi-juillet l’avait provisoirement fait grimper au deuxième rang des intentions de vote).

Mais, avec une ligne politique basée sur l’anti-corruption, Fernando Villavicencio se savait menacé. Et pas par n’importe qui. Il avait même livré le nom de Fito, capo du gang Los Choneros, le groupe criminel le plus important d’Équateur, qui serait allié aux Mexicains du cartel de Sinaloa. Condamné à trente-quatre ans de prison, José Macías Villamar, dit «Fito», est pourtant incarcéré à Guayaquil (sud-ouest de l’Équateur). Mais les établissements pénitentiaires sont justement un des bastions du crime organisé, qui y dicte sa loi, même aux autorités. Samedi 12 août, lors d’une opération d’envergure, le gangster a été transféré dans une nouvelle prison de haute sécurité. (…)

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Bilan de la présidence équatorienne écourtée de Guillermo Lasso (Lucie Laplace / Blog Médiapart)

De fortes tensions politiques ont provoqué les élections anticipées de ce dimanche 20 août en Équateur. Celles-ci ont été alimentées par le manque de transparence du président Lasso, son conflit ouvert avec l’Assemblée nationale, alors que la rue se mobilise régulièrement contre la crise économique et que la sécurité du pays se dégrade de manière inédite.

À l’occasion des élections présidentielles et législatives anticipées qui se tiennent ce dimanche 20 août 2023 en Équateur, cet article fait un bilan politique du président sortant Guillermo Lasso. Candidat du mouvement Creo, représentant de la droite traditionnelle, dirigeant de la deuxième banque du pays (Banco de Guayaquil), Guillermo Lasso a été élu avec 52,5% des voix en avril 2021. Il arrive au pouvoir dans un contexte où le président antérieur Lenín Moreno finit son mandat avec une cote de popularité au plus bas. Après s’être émancipé de la figure de l’ancien président Rafael Correa Delgado contre lequel de nombreux procès sont organisés, le gouvernement Moreno s’est affaibli sous le poids des critiques à cause de ses alliances avec les partis de droite et le Fonds monétaire international (FMI), l’impressionnante répression du mouvement social d’octobre 2019 et sa gestion désastreuse de vaccination élitiste au cours de la pandémie de Covid-19. De plus, la crise économique s’est approfondie, le système de sécurité sociale s’est effondré, ce qui a favorisé la plus forte dégradation des conditions de vie d’Amérique latine de cette période, et ce dans un contexte de développement de l’économie informelle et de manque de travail.

Après quinze ans de succès corréistes, la victoire de Lasso est une étape marquante dans le retour de la droite néolibérale dans le pays, face aux tentatives de retour des soutiens de l’ancien président Rafael Correa (de 2007 à 2017, soit trois mandats présidentiels), dont la référence demeure clivante sur la scène politique équatorienne malgré son exil en Belgique. La base politique de Lasso se compose d’un noyau de personnalités ultralibérales (voire libertarienne comme Lasso) et d’anciens cadres de la démocratie chrétienne qui avaient succombé à la débâcle produite par la crise économico-politique de la fin des années 1990. De plus, il peut compter sur le soutien des chambres de commerce et des grands médias (privés). Cependant, le candidat Lasso gagne sa place pour le second tour de l’élection de justesse face au candidat du parti indigène Pachakutik, face à une gauche très divisée, et capitalise des voix en jouant sur son principal ressort politique : les critiques divisées à l’encontre du corréisme et de ses héritiers. Il débute son mandat dans un contexte de tensions politiques, marqué par la crise économique, et une situation sociale dégradée fortement par la pandémie de la Covid-19 qui touche gravement le pays. Cet article analyse son bilan politique en explorant les trois principales séquences politiques de son mandat écourté par la forte division de la scène politique équatorienne. (…)

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Leer en español :
Ecuador, al borde del precipicio (Entrevista a Pablo Ospina y Franklin Ramírez / Pablo Stefanoni / Nueva Sociedad)

Sí a la vida, sí a Yasuní (Ian Bruce / Jacobin)
Violencia y petróleo en Ecuador : el momento de votar (Eduardo Gudynas / Rebelión)
El atentado contra un candidato presidencial agrava la crisis en Ecuador (Democracia abierta)
Elecciones en Ecuador 2023: candidatos, propuestas, dónde votar y qué está pasando en el país (Julieta Sanguino / El País)


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Assassinat de Fernando Villavicencio, candidat à la présidentielle en Équateur: «C’est la dernière étape de la violence électorale dans le pays» (Benjamin Delille / Libération / 10 août)
Équateur : une campagne électorale dans le sang (Samuel Ravier-Regnat / Libération / 16 août)
En Équateur, le sort d’une réserve suspendu à un référendum (Samuel Ravier-Regnat / Libération / 17 août)
Équateur : « Luisa González incarne la reconstruction de l’État social » (interview de Christophe Ventura par Vadim Kamenka / L’Humanité / 17 août)

En Équateur, l’exploitation pétrolière du parc naturel du Yasuní soumise à référendum dimanche (Marie Delcas / Le Monde / 19 août)