🇬🇹 Élections au Guatemala : résultat qui crée la surprise et suspension de la proclamation (revue de presse)


Crédité de moins de 3 % des intentions de vote dans plusieurs sondages, Bernardo Arévalo, 64 ans, a terminé deuxième du scrutin qui s’est tenu dimanche 25 juin, au terme d’une campagne marquée par l’éviction judiciaire de plusieurs favoris. Mais la suspension de la proclamation a jeté le doute sur le scrutin et l’Union européenne ainsi que l’Organisation des États américains ont manifesté, dimanche 2 juillet, leurs inquiétudes.

Bernardo Arévalo, candidat du parti Semilla, le 21 juin à Guatemala Ciudad. (Moises Castillo/AP)

Voir aussi : Élections au Guatemala (communiqué commun / Collectif Guatemala – FAL)


Élections au Guatemala : un candidat de centre gauche crée la surprise sur fond de rejet de la corruption (Samuel Ravier-Regnat / Libération / 26 juin)

Personne ne l’avait vu venir. À la surprise générale, l’élection présidentielle qui s’est tenue ce dimanche 25 juin au Guatemala a conduit à la qualification du candidat de centre-gauche Bernardo Arévalo, pourfendeur de la corruption, un fléau endémique dans cet État d’Amérique centrale. Crédité de moins de 3 % des intentions de vote par plusieurs sondages, ce sociologue de 64 ans a finalement obtenu près de 12 % des voix, se hissant à la deuxième place.

Il affrontera au second tour Sandra Torres (15,8 %), ancienne première dame, finaliste malheureuse du scrutin présidentiel en 2019, et représentante de la «vieille oligarchie guatémaltèque», selon Christophe Ventura, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) et spécialiste de l’Amérique latine. Le vote aura lieu le 20 août et permettra de désigner un successeur à l’impopulaire Alejandro Giammattei, qui cède le pouvoir après un mandat de quatre ans, la Constitution interdisant au chef de l’État de se représenter. Un temps présentée comme l’une des favorites, Zury Ríos, fille de l’ancien dictateur Efraín Ríos Montt (au pouvoir entre 1982 et 1983), condamné pour génocide en 2013, a de son côté récolté à peine 6,5 % des voix.

Pour les défenseurs de la démocratie de ce petit pays de 17 millions d’habitants, le résultat de Bernardo Arévalo est un signe d’espoir. Car les autorités s’étaient arrangées pour écarter de la compétition les opposants qui semblaient en mesure de contester le statu quo sur lequel repose le «pacte des corrompus», cette alliance de circonstance de chefs d’entreprise, de militaires et de dirigeants politiques au pouvoir avec des responsables du crime organisé.

Trois favoris ont ainsi été écartés par le Tribunal suprême électoral, dont Thelma Cabrera (gauche), seule représentante des peuples autochtones, au motif que son colistier faisait l’objet d’une enquête – que celui-ci juge «frauduleuse». Les organisations de défense des libertés publiques s’étaient inquiétées de ces décisions, à l’image de Human Rights Watch qui a dénoncé des procédures «sans fondement» destinées à «compromettre l’équité des élections».

«Une alternative décente et crédible»

Envers et contre tout, Bernardo Arévalo a réussi à se frayer un chemin vers le second tour. «Les électeurs en avaient assez de ce système politique corrompu. Ils veulent une alternative décente et crédible», s’est réjoui dimanche soir le député sexagénaire, fils de Juan José Arévalo, le premier président démocratiquement élu de l’histoire du Guatemala (au pouvoir entre 1945 et 1951). À la tête du parti Semilla («graine», en espagnol), né des manifestations de 2015 contre l’ex-chef de l’État Otto Pérez Molina, il s’est engagé à faire de la lutte contre la corruption une priorité en cas de victoire le 20 août. Il s’est aussi déclaré favorable au retour des nombreux magistrats et activistes qui ont pris la route de l’exil pour fuir les persécutions judiciaires.

Comme Sandra Torres, Bernardo Arévalo est cependant opposé au mariage homosexuel et à la libéralisation de l’avortement. Pour l’ancien procureur des droits humains Jordán Rodas, colistier de Thelma Cabrera avant l’invalidation de leur candidature, l’accession au second tour de l’ex-diplomate est quand même une excellente nouvelle. «La population a fait fi de toutes les prédictions et a rejeté les propositions du pacte des corrompus. Bien qu’il ait coopté toutes les institutions et criminalisé les défenseurs des droits humains et la presse indépendante, le régime découvre que la situation pourrait lui échapper», salue-t-il, interrogé par Libération.

L’analyse du scrutin révèle par ailleurs l’ampleur du gouffre qui sépare les électeurs de leurs représentants au Guatemala. Si environ 40 % des 9,4 millions d’inscrits se sont abstenus – un chiffre légèrement supérieur à celui de la dernière présidentielle en 2019 –, la part des votes nuls (17,4 %) et des votes blancs (7 %) a explosé, dépassant de loin le score de n’importe lequel des 22 candidats en lice. «Le principal enseignement de ce scrutin, c’est la défiance envers le système électoral. C’est symptomatique de la crise démocratique en cours dans le pays», souligne Christophe Ventura, de l’Iris.

Un Congrès très fragmenté

En même temps qu’ils choisissaient leur futur chef de l’État, les citoyens étaient aussi appelés à renouveler le Congrès, monocaméral au Guatemala. Résultat : une chambre très fragmentée et dominée par Vamos, le parti du président sortant, qui comptera environ 40 députés (sur 160 au total), contre environ 24 pour Semilla, le parti de Bernardo Arévalo. (…)

(…) Lire la suite de l’article ici


Inquiétudes autour de la suspension de la proclamation des résultats (RFI / 2 juillet)

Les résultats du premier de la présidentielle avaient créé la surprise au Guatemala. deux sociaux-démocrates s’étaient retrouvés en tête des 22 candidats à la présidence au premier tour, marqué par une forte abstention et un grand nombre de bulletins nuls. Une rupture après trois présidences de droite successives : Otto Perez (2012-2015), Jimmy Morales (2016-2020 et le président sortant Alejandro Giammattei.

Le second tour est prévu le 20 août, mais la Cour constitutionnelle, plus haute juridiction du pays, a ordonné samedi 1er juillet au Tribunal électoral suprême de suspendre temporairement l’officialisation des résultats du 25 juin. Elle avait été saisie vendredi par neuf partis de droite, dont celui du président sortant Alejandro Giammattei, Vamos. La formation a invoqué un « risque et une menace imminente » de voir des postes distribués avant que les présumés « vices » du scrutin ne soient portés à l’attention des commissions électorales, selon la Cour.

« Nouvelle audience de révision des votes »

Favorite des sondages et candidate malheureuse à plusieurs reprises auparavant, Sandra Torres, ex-épouse de l’ancien président de gauche Alvaro Colom (2008-2012), avait obtenu 15,86% des voix. Le député Bernardo Arevalo, fils du premier président démocratiquement élu du pays, Juan José Arevalo (1945-1951), avait créé la surprise avec 11,77%. Il était placé en 8ᵉ position avec 2,9% des intentions de vote dans le dernier sondage de l’institut Prodatos.

La Cour constitutionnelle a demandé la convocation d’« une nouvelle audience de révision des votes ». Les contestations et la dénonciation de fraudes supposées aux élections avaient débuté dès le lendemain du premier tour. « Les élections doivent être refaites », avait exigé vendredi l’avocat du parti Valor (courage en français), formation de Zury Rios, fille de l’ex-dictateur Efrain Rios Montt (1982-1983) et arrivée sixième au premier tour. Ce parti a dénoncé une « fraude » avec la modification supposée d’un millier de procès-verbaux soit 0,82% du total. (…)

(…) Lire la suite de l’article ici


Au Guatemala, le tribunal électoral suspend les résultats du premier tour de la présidentielle à la demande de la Cour constitutionnelle (Le Monde / AFP / 3 juillet)

Le Tribunal suprême électoral du Guatemala a annoncé dans un communiqué, dimanche 2 juillet, qu’il se conformerait à la décision prise la veille par la Cour constitutionnelle en suspendant « la qualification et l’officialisation des résultats » du premier tour de l’élection présidentielle du 25 juin.

Des personnes manifestent devant le Tribunal suprême électoral pour réclamer de nouvelles élections, arguant d’une fraude électorale présumée, dans la ville de Guatemala, le 2 juillet 2023. Johan Ordonez / AFP

La Cour constitutionnelle avait été saisie, vendredi, par neuf partis de droite, dont celui du président sortant, Alejandro Giammattei, Vamos. Cette formation a invoqué un « risque et une menace imminente » de voir des postes distribués avant que les présumés « vices » du scrutin ne soient portés à l’attention des commissions électorales, selon la Cour.

La plus haute juridiction du pays a ainsi demandé la convocation d’« une nouvelle audience de révision des votes ». Outre le premier tour de l’élection présidentielle (dont le deuxième tour est prévu le 20 août), des législatives et des municipales se tenaient le même jour.

Des contestations dès le lendemain du vote

À la surprise générale, deux sociodémocrates s’étaient retrouvés en tête des vingt-deux candidats à la présidence au premier tour, marqué par une forte abstention et un grand nombre de bulletins nuls.

Favorite des sondages et candidate malheureuse à plusieurs reprises auparavant, Sandra Torres, ex-épouse de l’ancien président de gauche Alvaro Colom (2008-2012), avait obtenu 15,86 % des voix. Le député Bernardo Arevalo, fils du premier président démocratiquement élu du pays, Juan José Arevalo (1945-1951), avait créé la surprise avec 11,77 %. Il était placé en huitième position avec 2,9 % des intentions de vote dans le dernier sondage de l’institut Prodatos. (…)

(…) Lire la suite de l’article ici


Pour rappel, voir aussi :
Guatemala: un patron de presse critique du président condamné à quelques jours des élections (RFI)
Menaces et emprisonnements pèsent sur la liberté de la presse au Guatemala (Espaces Latinos)