🇬🇹 Guatemala: des candidats empêchés de se présenter à l’élection présidentielle du 25 juin (RFI / Le Monde -AFP)


Le 25 juin prochain, les Guatémaltèques se rendront aux urnes pour élire leur nouveau président. Mais certains des prétendants ont déjà été disqualifiés. Les institutions sont accusées d’être à la manœuvre pour préserver un régime autoritaire et corrompu fondé sur la cooptation par les élites dirigeantes. 

L’homme d’affaires Carlos Pineda est le candidat favori des sondages, notamment grâce à un usage immodéré des réseaux sociaux. AFP – Johan Ordonez

L’homme d’affaires Carlos Pineda (droite, 51 ans) est le dernier candidat écarté par la justice et le Tribunal supérieur électoral (TSE) à la demande d’un parti concurrent. Ce dernier arguait d’irrégularités dans la procédure. Pourtant, favori des sondages (23,1% des intentions de vote selon le quotidien Prensa Libre), le chef d’entreprise espère encore une éventuelle décision en sa faveur de la Cour constitutionnelle.

Le TSE a éliminé deux autres candidats sérieux : Thelma Cabrera (gauche, 52 ans), issue des peuples autochtones mayas qui constituent au moins 40% de la population, et Roberto Arzú (droite, 53 ans), fils de l’ancien président Álvaro Arzú au pouvoir de 1996 à 2000. Human Rights Watch a décrit ces mesures comme « une exclusion arbitraire de candidats ».

L’éviction de candidats par la justice met « en danger (…) l’État de droit, la démocratie, les garanties et les libertés de toute la population », dénonce auprès de l’AFP Edie Cux, le directeur d’Action citoyenne, déclinaison locale de l’ONG anti-corruption Transparency International.

25 juin 2023, premier tour de l’élection

Il y a, avec Carlos Pineda, vingt-trois candidats à la présidence, ce qui empêche à priori toute chance d’élection dès le premier tour, puisque le vainqueur doit obtenir plus de la moitié des suffrages. Parmi eux, la sociale-démocrate et ex-première dame Sandra Torres, l’ancien fonctionnaire de l’ONU Edmond Mulet, et Zury Ríos, fille de l’ancien dictateur Efraín Ríos Montt reconnu coupable de génocide durant sa présidence en 1982 et 1983. 

L’actuel président conservateur Alejandro Giammattei, poursuivi par des allégations de corruption, quitte le pouvoir avec 75% d’opinions défavorables. Depuis son arrivée au pouvoir, plusieurs procureurs anti-corruption qui avaient travaillé avec la mission onusienne anti-corruption CICIG ont été arrêtés, tandis que d’autres ont pris le chemin de l’exil. (…)

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Au Guatemala, les évictions multiples des favoris à la présidentielle sèment le trouble (Le Monde AFP)

À un mois du premier tour, la candidature du favori des sondages, Carlos Pineda, a été écartée par la Cour constitutionnelle, alors qu’un ancien chef du parquet anticorruption a été arrêté le même jour. L’impartialité des institutions, accusées de manœuvrer pour préserver un régime autoritaire et corrompu, est remise en doute.

Carlos Pineda, à son arrivée à la Cour constitutionnelle du Guatemala, le 20 mai 2023, à Guatemala. Moises Castillo / AP

La liste des prétendants sérieux au pouvoir ne cesse de diminuer au Guatemala. À un mois du premier tour de l’élection présidentielle, le dernier écarté de la course est Carlos Pineda (droite), dont la candidature a été « suspendue », vendredi 26 mai, par la justice et le Tribunal supérieur électoral (TSE), à la demande d’un parti concurrent, qui a invoqué des irrégularités dans la procédure.

« La corruption a gagné, le Guatemala a perdu », a commenté sur son compte Twitter celui qui était le favori des sondages, après l’arrêt de la Cour constitutionnelle qui a considéré son recours « sans objet ». Cet arrêt devrait devenir définitif dans les prochains jours. Le candidat évincé s’est joint ensuite à des dizaines de ses partisans qui manifestaient devant le siège de l’instance.

L’homme d’affaires de 51 ans était placé en tête dans le dernier sondage publié par le quotidien Prensa Libre, avec 23,1 % des intentions de vote, devant la sociale-démocrate et ex-première dame de 67 ans Sandra Torres (19,5 %), l’ancien fonctionnaire des Nations unies (ONU) Edmond Mulet, 72 ans (centre, 10,1 %), et Zury Rios, la fille d’un ancien dictateur âgée de 55 ans (droite conservatrice, 9,2 %).

Au total, vingt-deux candidats restent en lice pour l’élection présidentielle. Ce nombre, habituel au Guatemala, empêche virtuellement toute chance d’élection dès le premier tour, le 25 juin, puisque le vainqueur doit obtenir plus de la moitié des suffrages. Le second tour est programmé pour le 20 août.

Des candidats cooptés par les élites dirigeantes

Avant M. Pineda, le TSE avait déjà éliminé deux candidats sérieux : Thelma Cabrera (gauche, 52 ans), issue des peuples autochtones mayas, qui constituent au moins 40 % de la population, et Roberto Arzú (droite, 53 ans), fils de l’ancien président Álvaro Arzú, au pouvoir de 1996 à 2000.

« Malheureusement, nous ne sommes pas assez nombreux pour changer le cours de ce pays », a déploré sur Twitter M. Pineda, qui a remercié ses soutiens et les a encouragés à se « battre, à participer et à [s’]impliquer dans les problèmes de la nation ».

Les 9,3 millions d’électeurs guatémaltèques seront appelés à désigner, pour un mandat unique de quatre ans, le successeur du président de droite, Alejandro Giammattei, âgé de 67 ans. Celui-ci, qui avait promis lors de son élection de « ne pas être un fils de pute de plus », quitte ses fonctions avec 75 % d’opinions défavorables, selon un autre sondage publié par Prensa Libre.

Pour les analystes et les personnalités évincées, il ne fait aucun doute que la « fraude » ne réside pas dans la manipulation des résultats du scrutin, mais consiste à imposer des candidats cooptés par les élites dirigeantes. L’éviction de candidats par la justice met « en danger (…) l’État de droit, la démocratie, les garanties et les libertés de toute la population », dénonce, auprès de l’Agence France-Presse (AFP), Edie Cux, le directeur d’Action citoyenne, déclinaison locale de l’ONG anticorruption Transparency International. « Il y a un schéma préconçu pour [désigner] les candidats, en écartant ceux qui sont gênants et en gardant ceux qui ont les faveurs du système », explique-t-il. (…)

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Pour rappel, voir Guatemala, quelle situation politique avant l’élection présidentielle du 25 juin 2023 ? (Christophe Ventura / IRIS) (31 mars)