Bolivie. Report des élections. Les secteurs populaires soutenant le MAS descendent dans la rue (Fernando Molina / À l’Encontre)
Des milliers de personnes de différentes régions de Bolivie ont manifesté ce mardi 28 juillet 2020 dans la municipalité d’El Alto, adjacente à La Paz, contre le report des élections [qui avaient déjà été reportées en juin au 6 septembre] ordonné la semaine dernière par le Tribunal suprême électoral [au 18 octobre et au 29 novembre pour un éventuel second tour]. Des mobilisations plus modestes ont eu lieu dans d’autres villes du pays.
«Élections maintenant», «Démocratie, oui, dictature, non», «Dehors Añez» ont été criés par les manifestants convoqués par la Centrale ouvrière de Bolivie (COB) et le Pacte d’unité [alliance d’organisations populaires qui appuient les droits des populations indigènes et paysannes, et qui dès 2005 appuie le président Evo Morales] et la coalition des syndicats affiliés au Mouvement vers le socialisme (MAS), le parti de l’ancien président Evo Morales.
Le gouvernement intérimaire dirigé par Jeanine Áñez a qualifié les protestations de «réduites», mais les a en même temps condamnées et les a décrites comme une sorte d’attaque biologique des paysans du MAS contre la population urbaine. «Ils ne sont pas venus à pied, mais ils sont venus du Chapare [province du département de Cochabamba] pour infecter les gens [de La Paz et d’El Alto]», a déclaré lundi le ministre de la Défense, Fernando López. Dans la même veine, le ministre du gouvernement, Arturo Murillo, a signalé que les forces de police recherchaient «cinq à dix personnes fortement soupçonnées de Covid-19» qui étaient arrivées du Chapare, la région bolivienne de culture de la coca.
Ces messages ont été accueillis sur les réseaux sociaux par une partie de la classe moyenne urbaine, qui a exprimé son rejet de «l’irresponsabilité» et de la «cruauté» des dirigeants du MAS pour avoir appelé à des rassemblements de masse alors que le pays s’effondre sous les effets de la pandémie et recense plus de 2500 morts. Avec ce même argument, le gouvernement a demandé au Ministère public de poursuivre le candidat du MAS à la présidence, Luis Arce, pour «atteinte à la santé», un crime passible de jusqu’à huit ans de prison. Le candidat, cependant, n’était pas inscrit comme organisateur des marches. Arce est également poursuivi pour une de ses actions en tant que ministre de l’Économie sous le gouvernement d’Evo Morales. En outre, la poursuite de la participation du MAS à la campagne électorale dépend de la manière dont le Tribunal électoral résoudra le procès en disqualification intenté contre le parti pour avoir prétendument diffusé ses propres sondages, une activité interdite par la loi électorale. (…)
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