Brésil : assassinat de Marielle Franco, conseillère municipale PSOL de Rio (Le Parisien/AFP)

Brésil, 14 mars 2018. À Rio, état occupé par l’armée depuis février, la conseillère municipale Marielle Franco, femme noire et lesbienne qui a grandi dans la favela de la Maré, a été froidement assassinée alors qu’elle revenait d’une conférence. Elle a toujours lutté pour les droits des femmes et les droits humains, dénonçant inlassablement la violence policière dans les favelas ainsi que le génocide de la jeunesse noire par la police militaire. Elle devait intervenir lors du Forum Social Mondial organisé à Salvador de Bahía. Ce crime ne peut et ne doit pas rester impuni. Des marches de protestations sont organisées dans tout le pays.

L’assassinat mercredi d’une conseillère municipale de gauche de Rio de Janeiro a suscité une vaste émotion au Brésil, où des marches de protestation sont convoquées pour jeudi dans plusieurs villes. Marielle Franco, 38 ans, militante du Parti socialisme et liberté (PSOL), a été tuée par balles dans le centre de Rio alors qu’elle se trouvait dans une voiture et revenait d’un rassemblement pour la promotion des femmes noires. Le chauffeur du véhicule a lui aussi été abattu, et une femme qui se trouvait dans la voiture a survécu. Selon les premiers éléments de l’enquête, les tirs mortels sont partis d’une autre voiture.

Amnesty veut une enquête immédiate

Le gouvernement brésilien a annoncé qu’il mettait la police fédérale à la disposition des autorités de Rio pour les assister dans l’enquête. Le gouverneur de centre droit de l’Etat de Rio, Luiz Fernando Pezao, a dénoncé un acte d’une « extrême lâcheté », et le maire évangéliste de la ville, Marcelo Crivella, a condamné cet « assassinat brutal ».

L’association de défense des droits de l’homme Amnesty International a réclamé « une enquête immédiate et rigoureuse », afin « qu’il n’y ait aucun doute sur le contexte, la motivation et les auteurs » de l’assassinat de la conseillère municipale. Les appels se sont multipliés dans les réseaux sociaux pour organiser des manifestations devant l’Assemblée législative de Rio et dans d’autres endroits de la ville. « Marche contre le génocide noir ! Nous sommes Marielle Franco », déclarait l’un de ces appels, qui avait recueilli en quelques heures 20 000 promesses de participation. Des rassemblements sont également prévus à Sao Paulo et à Belo Horizonte.

Pas de menaces

Au cours des dernières semaines, Marielle Franco avait dénoncé un accroissement de la violence policière dans les favelas. Elle s’était aussi opposée à la décision du président brésilien Michel Temer de confier à l’armée la sécurité de Rio pour tenter de contenir l’escalade de la violence qui ne cesse d’augmenter depuis la fin des jeux Olympiques de 2016. Le PSOL et ses alliés ont toutefois déclaré que la conseillère municipale n’avait pas fait état de menaces contre elle au cours de la dernière période.

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