Au Brésil, Bolsonaro profite des manifestations pour attaquer les institutions et les élections (Le Monde – AFP) / Brésil, danger immédiat (lettre ouverte / Mémoire des luttes)


Haranguant une foule de dizaines de milliers de partisans, mardi 7 septembre à l’occasion de la fête nationale, le président d’extrême droite a lancé que « seul Dieu » pouvait l’écarter du pouvoir.

Le président brésilien Jair Bolsonaro, à Sao Paulo, le 7 septembre 2021. 
Miguel Schincariol / AFP

Des dizaines de milliers de manifestants ont envahi les rues de Brasilia, Sao Paulo ou Rio, mardi 7 septembre, à l’appel de Jair Bolsonaro. Le président d’extrême droite voulait faire de ce jour de la fête nationale une démonstration de force en appelant « des foules gigantesques » à lui apporter un soutien inconditionnel en pleine crise institutionnelle.

Engagé dans un bras de fer avec le Tribunal suprême fédéral (STF), qui a ouvert plusieurs enquêtes contre lui, Jair Bolsonaro, aux abois et donné perdant à l’élection de 2022, jouait son va-tout mardi. C’est à Brasilia, quadrillée par plus de 5 000 policiers, qu’a commencé cette fête de l’indépendance atypique. Bolsonaro a survolé en hélicoptère l’immense esplanade des Ministères avant de haranguer la foule, qui l’a accueilli aux cris de « Mito, Mito ! » (« Le Mythe », son surnom). « A partir d’aujourd’hui, une nouvelle histoire commence à être écrite au Brésil », a-t-il lancé sous les ovations.

Il a ensuite attaqué avec virulence l’un des juges du STF, Alexandre de Moraes, qui a ordonné l’ouverture d’enquêtes contre lui et son entourage, notamment pour dissémination de fausses informations. « Soit le chef de ce pouvoir [le STF] remet [ce juge] à sa place, soit ce pouvoir va subir des conséquences dont personne ne veut », a-t-il déclaré. Des propos clairement menaçants, alors que Jair Bolsonaro avait déjà présenté cette journée de mobilisation comme un « ultimatum » contre la Cour suprême. « Nous ne voulons pas de rupture. Nous ne voulons pas nous battre avec les autres pouvoirs. Mais nous ne pouvons pas permettre que quiconque mette en péril notre liberté », a-t-il ajouté.

« Votre soutien est indispensable pour qu’on aille de l’avant. Je veux dire à ceux qui veulent me rendre inéligible à Brasilia : “seul Dieu m’enlèvera d’ici ! », a-t-il insisté.

Notre correspondant au Brésil, Bruno Meyerfeld, a vu dans les cortèges de soutien à la politique de Bolsonaro nombre de réservistes de l’armée, de personnes proarmes, d’évangélistes ou encore de monarchistes.

L’opposition manifestait aussi

La journée était sous tension, puisque l’opposition manifestait, elle aussi. Elle réclame le départ du président, l’accusant de menacer la démocratie, d’avoir géré pitoyablement la crise du Covid-19, de même que l’économie avec un chômage quasi record et une inflation préoccupante. Mais les cortèges de bolsonaristes et d’opposants, faiblement mobilisés en matinée, ne devraient pas se croiser pour écarter les risques de violences. En tout cas, théoriquement. (…)

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Brésil, danger immédiat (Mémoire des luttes)

Présidents, ministres, députés et personnalités du monde entier tirent la sonnette d’alarme avant l’insurrection du 7 septembre au Brésil.

Le président Jair Bolsonaro lors du défilé militaire à Brasilia le 10 août 2021.
Capture d’écran d’une vidéo / Mémoire des luttes

Nous, élus et dirigeants du monde entier, tirons la sonnette d’alarme : le 7 septembre 2021, une insurrection mettra en danger la démocratie au Brésil. En ce moment même, le président Jair Bolsonaro et ses alliés – parmi lesquels les groupes suprématistes blancs, la Police militaire et des fonctionnaires à tous les niveaux du gouvernement – se préparent à une marche nationale contre la Cour suprême et le Congrès le 7 septembre, renforçant ainsi les craintes d’un coup d’Etat dans la troisième plus grande démocratie du monde.

Ces dernières semaines, le président Bolsonaro a intensifié ses attaques contre les institutions démocratiques. Le 10 août, il a dirigé un défilé militaire sans précédent dans la capitale Brasilia et ses alliés au Congrès ont tenté d’imposer des réformes radicales du système électoral du pays, largement considéré comme l’un des plus fiables au monde. Bolsonaro et son gouvernement ont – à plusieurs reprises – menacé d’annuler les élections présidentielles de 2022 si le Congrès n’approuvait pas ces réformes.

Maintenant, Bolsonaro appelle ses partisans à se rendre à Brasilia le 7 septembre dans un acte d’intimidation des institutions démocratiques du pays. Selon un message partagé par le président le 21 août, la marche est la préparation d’un « contre-coup nécessaire » contre le Congrès et la Cour suprême. Le message affirmait que la « constitution communiste » du Brésil a retiré le pouvoir à Bolsonaro et a accusé « le pouvoir judiciaire, la gauche et tout un appareil d’intérêts cachés » de conspirer contre lui. (…)

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