Brésil : « L’Europe peut agir en imposant de sévères sanctions diplomatiques et commerciales » (Tribune publiée dans le journal Le Monde / interview de Maud Chirio sur RTS)
En battant le record du plus grand nombre de morts quotidiens du Covid-19, le Brésil effectue un triste retour sur le devant de la scène médiatique. Les nouvelles de ce drame sanitaire, qui touche de plein fouet les populations les plus démunies, sont généralement éclairées par de brefs commentaires sur l’isolement et la radicalisation du président.
Mais cette description passe à côté de l’essentiel : Jair Bolsonaro n’est pas tant fragilisé que poussé à une fuite en avant pouvant mener à l’instauration d’un régime autoritaire. Appuyé par la majorité des états-majors militaires et par un secteur fanatisé de l’opinion, soutenu par les églises évangéliques les plus réactionnaires, le président brésilien s’apprête à détruire la Nouvelle République, née en 1988 des ruines de la dictature militaire. Et ce, dans la plus grande indifférence de la communauté internationale.
Depuis la mise en place des premières mesures de confinement par les gouverneurs d’Etat en mars, l’exécutif a engagé un bras de fer avec les institutions démocratiques. Bolsonaro a rompu le pacte fédéral en s’attaquant frontalement aux mesures de distanciation sociale. Accusé d’avoir fait le ménage à la tête de la police pour préserver d’éventuelles poursuites sa famille, proche des milices mafieuses de Rio de Janeiro, il a multiplié les provocations contre la Cour suprême et appuyé les manifestants réclamant sa fermeture pure et simple. (…)
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Appel des chercheurs inquiets pour la démocratie : interview de Maud Chirio sur RTS à écouter ici
Signataires
- Antoine Acker, maître-assistant à l’Université de Zurich. Historien et membre du Centre Amérique Latine de Zurich, auteur de Volkswagen in the Amazon : The Tragedy of Global Development in Modern Brazil (Presses Universitaires de Cambridge, 2017)
- Maud Chirio, maîtresse de conférence à l’Université Gustave Eiffel. Historienne, spécialiste de la dictature militaire, de la répression politique et l’extrême droite au Brésil, autrice de La Politique en uniforme. L’expérience brésilienne, 1960-1980 (PUR, 2016)
- Olivier Compagnon, professeur d’histoire contemporaine à l’Université Sorbonne Nouvelle (IHEAL) et corédacteur en chef des Cahiers des Amériques latines
- Juliette Dumont, maîtresse de conférence en histoire à l’Institut des hautes études de l’Amérique latine (Université Sorbonne Nouvelle Paris-III) et présidente de l’Association pour la Recherche sur le Brésil en Europe, coordinatrice de Histoire culturelle du Brésil XIXe-XXIe siècles (IHEAL, 2019)
- Anaïs Fléchet, historienne, maîtresse de conférences à l’Université Paris-Saclay et membre de l’Institut universitaire de France, autrice de Histoire culturelle du Brésil XIXe-XXIe siècles (IHEAL, 2019).
Les signataires de cette tribune sont membres du Réseau Européen pour la Démocratie au Brésil (https://red-br.com)