Brésil : Luiz Inacio Lula da Silva soigne son retour (William Gazeau / La Croix)


Décrié pour sa gestion calamiteuse de l’épidémie de Covid-19, Jair Bolsonaro voit sa cote de popularité décliner, un an avant l’élection présidentielle.Une situation dont bénéficie l’ancien président brésilien, considéré comme le rempart le plus crédible à une réélection de l’ actuel chef d’État.

Luiz Inacio Lula da Silva pendant une conférence de presse à Brasilia le 8 octobre 202.
Photo : EVARISTO SA / AFP

La pandémie bouleverse le jeu politique brésilien au profit de Luiz Inacio Lula da Silva. De nouveau éligible depuis le mois de mars, l’ancien leader syndical devenu chef d’État, entre 2003 et 2011, n’a pas encore annoncé sa candidature aux prochaines élections. Cependant, sa participation fait peu de doute, à en croire les observateurs brésiliens, même s’il a assuré qu’il attendait le « début d’année prochaine » pour dévoiler son choix.

À 75 ans, Lula tire profit des ratés de l’actuel président. La gestion catastrophique de l’épidémie de Covid-19 en premier lieu. Avec plus de 600 000 décès, le Brésil est le deuxième pays au monde le plus endeuillé derrière les États-Unis. « De nombreuses familles ont perdu un proche parce que rien n’a été fait pour endiguer la propagation du virus », remarque Patricia Vittorazzi, journaliste indépendante brésilienne basée à New York. « Ils se sentent insultés par le discours de déni de Bolsonaro. » Lula, lui, s’engouffre dans la brèche, allant même jusqu’à parler de « génocide » lorsqu’il évoque la responsabilité de son rival dans le désastre sanitaire.

Autre levier sur lequel s’appuie l’ancien chef d’État : l’augmentation de la pauvreté. C’est même son « principal argument de campagne », selon Jean Hébrard, directeur du Centre de recherches sur le Brésil colonial et contemporain (CRBC). L’épidémie a précipité le pays dans la crise économique, détruisant des millions d’emplois, en particulier chez les classes populaires. Le professeur se souvient : « Lors de ma première venue au Brésil dans les années 1980, des enfants faisaient la queue devant les restaurants pour récolter les restes. Ces scènes avaient disparu, mais elles sont de retour. » (…)

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