🇵🇹 🇧🇷 Brésil : Lula en visite au Portugal sur fond de divergence ukrainienne (Libération avec AFP / France 24)


Après l’isolement des années Bolsonaro, le président brésilien Lula da Silva entame ce samedi une visite au Portugal pour renouer avec l’ancienne puissance coloniale, mais les deux pays lusophones ne s’accordent pas sur la guerre en Ukraine.

Le président brésilien Luis Inacio Lula da Silva et le premier ministre portugais Antonio Costa, à droite, posent pour une photo lors du sommet Portugal-Brésil au centre culturel de Belém à Lisbonne, le samedi 22 avril 2023. (Armando Franca/AP)

Où qu’il aille, il est attendu de pied ferme. Lula suscite le soulagement tout autant qu’une certaine forme d’appréhension. Soulagement de voir le président brésilien confirmer le retour en force du Brésil sur la scène internationale après l’isolement des années Bolsonaro ; appréhension face à sa neutralité presque coupable aux yeux des Occidentaux au sujet de la guerre en Ukraine.

Pour sa première visite officielle en Europe depuis son élection le 30 octobre, Lula marche sur des œufs. Le voici qui débarque au Portugal tout sourire, mais sommé de se justifier sur ses récentes déclarations sur l’invasion russe de l’Ukraine. Lors d’une visite à Pékin mi-avril, l’ancien métallo de 77 ans avait affirmé que les Etats-Unis devaient cesser «d’encourager la guerre» en Ukraine, que l’Union européenne devait «commencer à parler de paix». Les cris d’orfraie n’ont pas tardé, Washington l’accusant dans la foulée de faire le jeu de «la propagande russe et chinoise».

Mais malgré cette levée de boucliers, Lula lisse à peine son discours, reste droit dans ses bottes. À Lisbonne, le voici qui réitère son refus de «participer» au conflit et répète que les responsabilités de la guerre déclenchée par l’invasion russe en Ukraine en février 2022 étaient partagées entre les deux pays. «En même temps que mon gouvernement condamne la violation de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, nous défendons une solution politique négociée pour le conflit.»

«Nous avons urgemment besoin d’un groupe de pays qui s’assoient à table aussi bien avec l’Ukraine qu’avec la Russie», a-t-il déclaré face à la presse à l’issue d’une rencontre avec son homologue portugais, Marcelo Rebelo de Sousa, qui s’est empressé d’afficher un cordial désaccord. «Le président Lula estime que le chemin vers une paix juste et durable suppose une priorité à cette voie de la négociation. La position portugaise est différente : elle entend qu’un éventuel chemin vers la paix suppose au préalable le droit pour l’Ukraine de pouvoir réagir à l’invasion.»

Neutralité assumée

Cet entêtement du Brésilien à ne pas vouloir s’aligner sur la position occidentale n’est pas si surprenant. Le Brésil, comme de nombreux pays d’Amérique latine, ne vit pas le conflit ukrainien dans sa chair comme le reste de l’Europe. Avec un océan d’écart, ce sont avant tout les intérêts économiques qui priment. Ceux d’une Chine omniprésente sur le continent, et dans une moindre mesure de son allié russe qui se plaît à soigner cette neutralité qui lui convient bien. Le tout nourri par une longue tradition d’anti-impérialisme à l’égard des États-Unis qui garde sans surprise la peau dure dans une gauche latino-américaine aujourd’hui de retour au pouvoir dans de nombreux pays.

Le Kremlin le sait et cherche à le cultiver. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, est d’ailleurs actuellement en tournée dans la région. Et il a commencé par le Brésil où il s’est empressé de remercier Lula pour sa «contribution» à la recherche d’une solution, et «son excellente compréhension de la genèse de cette situation». Le tout avant de s’envoler vers un triptyque de pays qui lui sont acquis : le Venezuela, Cuba et le Nicaragua.

En face, Kyiv ne s’avoue pas vaincu pour obtenir une sympathie brésilienne. Le président Lula a même été invité en Ukraine dans l’espoir de lui faire comprendre «les causes réelles et l’essence» de la guerre. En bon diplomate, le chef d’Etat brésilien annonce aujourd’hui depuis Lisbonne qu’il y enverra son principal conseiller en politique étrangère, Celso Amorim, pour une rencontre avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Grand retour

C’est que celui qui a déjà présidé le Brésil entre 2003 à 2010 s’efforce de ne froisser personne, et continue d’espérer que son pays pourra retrouver le centre de la géopolitique mondiale en ces temps de polarisation extrême. D’où ce choix du Portugal, ex-colonisateur dont le Brésil s’est séparé en 1822, comme port d’amarrage pour sa première visite en Europe. «C’est une visite spéciale qui va marquer la relance de notre dialogue bilatéral», se félicite l’icône de la gauche latino-américaine.

Le sommet luso-brésilien de ce samedi est le premier en sept ans. Les deux hommes doivent signer une douzaine d’accords bilatéraux, notamment dans les domaines de l’énergie, des sciences, de l’éducation et du tourisme.

Aucun symbole n’est mis de côté. Tout est bon pour se distinguer de Jair Bolsonaro. Lundi, Lula sera d’ailleurs présent, près de Porto, pour la remise de la plus haute distinction de la littérature lusophone, le Prix Camoens, au célèbre chanteur et auteur brésilien Chico Buarque. Ce dernier, connu pour son engagement à gauche et contre la dictature militaire brésilienne (1964-1985), avait été annoncé comme lauréat en 2019, mais l’ex-président d’extrême droite avait refusé de signer les documents nécessaires pour que la récompense lui soit officiellement remise. (…)

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Au Portugal, Lula retisse des liens sans cacher sa différence d’approche sur l’Ukraine (France 24)


Le président brésilien Lula da Silva a entamé, samedi, une visite au Portugal pour renouer avec l’ancienne puissance coloniale et rompre l’isolement des années Bolsonaro. Il a toutefois réaffirmé son refus de “participer” au conflit en Ukraine et appelé à une “solution négociée” entre Kiev et Moscou, marquant une nette différence d’approche avec la position occidentale.

Reportage de France 24

Arrivé au Portugal pour retisser des liens avec l’ancienne puissance coloniale, le président brésilien Lula da Silva s’est exprimé, samedi 22 avril, sur le dossier ukrainien, appelant à des pourparlers de paix entre Kiev et Moscou.

En dépit de la controverse provoquée par ses récentes critiques aux Occidentaux, le dirigeant brésilien de 77 ans a réaffirmé à Lisbonne son refus de “participer” au conflit et sa volonté de contribuer à une “solution négociée” entre les deux parties.

“En même temps que mon gouvernement condamne la violation de l’intégralité territoriale de l’Ukraine, nous défendons une solution politique négociée pour le conflit”, a-t-il déclaré devant la presse, à l’issue d’une rencontre avec son homologue portugais, Marcelo Rebelo de Sousa.

“Nous avons urgemment besoin d’un groupe de pays qui s’assoient à table aussi bien avec l’Ukraine qu’avec la Russie”, a-t-il précisé.

“Le président Lula estime que le chemin vers une paix juste et durable suppose une priorité à cette voie de la négociation. La position portugaise est différente : elle entend qu’un éventuel chemin vers la paix suppose au préalable le droit pour l’Ukraine de pouvoir réagir à l’invasion”, a précisé Marcelo Rebelo de Sousa.

Accusé de relayer le propagande russe

Lula, qui a déjà gouverné le Brésil de 2003 à 2010, souhaite remettre son pays au centre de la géopolitique mondiale et tente de jouer les équilibristes depuis le début de son mandat.

Il a voyagé dès février à Washington pour une rencontre à la Maison Blanche avec son homologue américain Joe Biden et s’est rendu récemment en Chine, premier partenaire commercial du Brésil.

Mais l’ancien ouvrier métallurgiste a suscité une vive polémique en affirmant à Pékin que les États-Unis devaient cesser “d’encourager la guerre” en Ukraine et que l’Union européenne devait “commencer à parler de paix”.

Des propos durement critiqués par Washington, qui l’a accusé de “faire l’écho de la propagande russe et chinoise”.

Le dirigeant brésilien a également réaffirmé que les responsabilités de la guerre déclenchée par l’invasion russe en Ukraine en février 2022 étaient partagées entre les deux pays.

Reçu par Lula à Brasilia, le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a “remercié” le Brésil pour sa “contribution” dans la recherche d’une solution au conflit et pour “son excellente compréhension de la genèse de cette situation”.

Invité à Kiev pour qu’il “comprenne les causes réelles et l’essence” de la guerre, le chef d’État brésilien a annoncé depuis Lisbonne qu’il y enverra son principal conseiller en politique étrangère, Celso Amorim, pour une rencontre avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Relancer le dialogue

Pour son premier voyage en Europe depuis son retour au pouvoir en janvier, l’icône de la gauche latino-américaine a choisi de faire une visite d’État au Portugal, ex-colonisateur dont le Brésil s’est séparé en 1822.

“C’est une visite spéciale qui va marquer la relance de notre dialogue bilatéral”, s’est félicité Lula avant de rencontrer le Premier ministre socialiste, Antonio Costa, pour un sommet luso-brésilien.

“Après sept ans d’interruption, nous reprenons les sommets annuels”, a assuré le chef du gouvernement portugais après la signature d’une douzaine d’accords bilatéraux, notamment dans les domaines de l’énergie, des sciences, de l’éducation et du tourisme.

Lundi, après une réunion avec des entrepreneurs près de Porto (nord), Lula prendra part à la remise de la plus haute distinction de la littérature lusophone, le Prix Camoens, au célèbre chanteur et auteur brésilien Chico Buarque. (…)

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