🇧🇷 Brésil. Les “commanditaires” présumés du meurtre de l’élue Marielle Franco interpellés (France 24) / Marielle Franco : six ans d’impunité (Luis Reygada / L’Humanité)


La police brésilienne a lancé, dimanche, une vaste opération qui s’est soldée par l’arrestation des trois “commanditaires” présumés de l’assassinat de Marielle Franco. Opposée aux milices armées, cette militante des droits humains et conseillère municipale avait été tuée en mars 2018 à Rio de Janeiro. Son décès avait suscité une onde de choc.

Une femme tient un foulard à l’effigie de la conseillère municipale Marielle Franco lors d’une manifestation marquant le sixième anniversaire de son assassinat à Rio de Janeiro, le 14 mars 2024. © Silvia Izquierdo, AP

Le dénouement de l’affaire Marielle Franco. Les trois commanditaires présumés de l’assassinat en 2018 à Rio de Janeiro de l’élue, qui s’était dressée contre les milices, ont été arrêtés. La police fédérale (PF) a interpellé l’ex-chef de la police civile de Rio Rivaldo Barbosa, l’ex-conseiller de la Cour des comptes de Rio Domingos Brazao et son frère, le député Joao Chiquinho Brazao, a annoncé, dimanche 24 mars, la Cour suprême fédérale (STF).

Les trois hommes ont été désignés par Alexandre de Moraes, le juge du STF en charge de l’affaire, comme les présumés “architectes” de l’assassinat de l’élue alors âgée de trente-huit ans et de son chauffeur Anderson Gomes, le 14 mars 2018.”

Le crime a été orchestré par les deux frères et méticuleusement planifié par Rivaldo Barbosa, a déclaré Alexandre de Moraes dans le document ordonnant leur placement en détention provisoire. Ils ont été placés sous les verrous dans une prison fédérale à Brasilia.

La police avait précédemment affirmé être munie de mandats pour arrêter à Rio un total de quinze personnes liées à cette affaire.

Le ministre brésilien de la Justice, Ricardo Lewandowski, a déclaré, lors d’une conférence de presse, que l’enquête “était terminée”, même si de nouveaux éléments pourraient apparaître. “Nous savons très clairement qui sont les auteurs de ce crime odieux, car il est clairement de nature politique”, a-t-il affirmé. Il a également célébré la “victoire de l’État brésilien et des forces de sécurité contre le crime organisé”.

“Aujourd’hui, un grand pas a été accompli pour tenter d’obtenir la réponse à la question que nous nous posons depuis des années : qui a tué Mari, et pourquoi ?”, s’est réjouie sur X Anielle Franco, sœur de Marielle et actuellement ministre de l’Égalité raciale. (…)

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Marielle Franco : six ans d’impunité (Luis Reygada / L’Humanité / article du 16 mars)

L’assassinat de Marielle Franco, militante brésilienne des droits de l’homme et conseillère municipale de Rio de Janeiro, n’est toujours pas élucidé. C’est désormais le Tribunal suprême du Brésil, la plus haute instance du pouvoir judiciaire du pays, qui sera chargé de l’enquête.

Rio de Janeiro, le 14 mars 2019. « Qui a ordonné de tuer Marielle ? » Ian Cheibub / DPA via ZUMA Press

Son visage souriant est devenu un symbole de la lutte pour les droits humains qui dépasse les frontières du Brésil, et l’enquête sur le meurtre qui lui a ôté la vie en 2018 avait fait des avancées notables, l’année dernière, avec les aveux de l’une des personnes directement impliquées. Mais à ce jour, la principale interrogation autour de cette affaire reste sans réponse : qui a commandité l’élimination de l’élue et militante Marielle Franco, un assassinat dont tout indique qu’il est politique ?

Alors que des membres de sa famille accompagnés de plusieurs dizaines de personnes protestaient ce jeudi, jour anniversaire de la mort de l’activiste, devant la Chambre législative municipale de Rio pour dénoncer le manque de réponse à propos des responsables intellectuels, des sources officielles ont indiqué que le dossier, qui était jusqu’à présent traité par le Tribunal supérieur de justice, venait d’être transféré au Tribunal suprême du Brésil, la plus haute instance du pouvoir judiciaire du pays.

L’agence d’informations du gouvernement brésilien Agência Brasil rapporte que ce changement pourrait s’expliquer par la possible implication d’une personne jouissant d’une immunité, parlementaire ou gouvernementale, dans le meurtre de l’élue et militante.

Noire, bisexuelle, militante de gauche, Marielle Franco enquêtait sur la corruption et était fortement engagée contre le racisme, la violence policière et en faveur des personnes LGBTI. Âgée de 38, elle avait été tuée avec son chauffeur, Anderson Gomes, le 14 mars 2018 en sortant d’une réunion dans le centre de Rio de Janeiro, des assaillants criblant son véhicule de balles vers 21 h 30. La militante, qui était conseillère municipale depuis 2016 après avoir siégé pendant dix ans à la Commission nationale des droits de l’homme de cette même ville, avait reçu quatre balles dans la tête, et son chauffeur trois dans le dos, toutes tirées avec un pistolet-mitrailleur modèle HK MP5. Une arme réservée aux forces de police et militaires.

Peu avant son assassinat, Marielle avait été nommée pour surveiller l’intervention fédérale en matière de sécurité publique à Rio de Janeiro. « Cela fait six ans que nous nous battons pour que justice soit rendue et nous n’avons toujours pas de réponse », a publié sur le réseau social X Anielle Franco, sœur de Marielle et actuelle ministre de l’égalité raciale.

« Même s’ils essaient de nous faire taire, de nous attaquer ou de nous invisibiliser, l’héritage de Marielle Franco touche toute la nation, a-t-elle aussi indiqué. Ce qui est arrivé à notre famille est une expérience partagée par toutes les mères noires, toutes les habitantes des favelas, toutes les femmes noires qui sont confrontées chaque jour à la violence raciale, politique et sexiste. Nous luttons pour la justice et nous ne nous reposerons pas tant que nous ne saurons pas qui a fait tuer Marielle et pourquoi ».

De retour à la tête de l’État depuis le 1er janvier 2023, le président Luiz Inácio Lula da Silva a placé le cas de Marielle Franco parmi les priorités de son gouvernement et a promis une nouvelle fois, ce jeudi sur la plateforme X, de continuer à se « battre sans relâche pour que justice soit faite ».

En décembre dernier, Flávio Dino, alors ministre de la justice et de la sécurité publique et aujourd’hui ministre du Tribunal suprême, avait promis que la mort de la conseillère municipale serait rapidement élucidée. « C’est une question d’honneur pour l’État brésilien de faire tous les efforts possibles et raisonnables, et il le fera, pour que ce crime soit enfin résolu », avait-il déclaré.

Moins optimiste, l’organisation de défense des droits de l’homme Amnesty International vient de publier un rapport dans lequel elle identifie six erreurs commises par les autorités brésiliennes à même d’empêcher l’élucidation de la mort de la militante. L’ONG a aussi émis six recommandations urgentes aux autorités brésiliennes visant, entre autres, à améliorer la protection des défenseurs des droits humains au Brésil, un pays particulièrement dangereux pour les activistes. Entre 2019 et 2022, trois militants en moyenne y ont été assassinés chaque mois, faisant du Brésil le deuxième pays au monde ayant le plus grand nombre de défenseurs des droits de l’homme et d’écologistes assassinés, selon l’organisation Global Witness. (…)

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