Au Brésil, la police militaire tue et menace les familles des victimes (Ponte Jornalismo / Traduction Autres Brésils)


Heloysa Gabrielle, six ans, a été abattue le jeudi 31 mars lors d’une action du bataillon des opérations spéciales de la police militaire de Pernambuco. La famille de l’enfant tuée à Porto de Galinhas, dans l’État de Pernambuco, dénonce des menaces reçues et demande que les policiers militaires soient punis.

Photo de Arnaldo Sete/MZ Conteúdo

Ler em Português : Família da menina assassinada em Porto de Galinhas (PE) denuncia ameaças e pede punição a policiais militares

Aux cris de « il n’y a pas eu d’échange de tirs », les proches de la famille de la petit fille Heloysa Gabrielle, âgée seulement de six ans, ont manifesté devant le Palácio do Campo das Princesas à Recife, siège administratif du pouvoir exécutif de l’Etat de Pernambuco, au matin du lundi 4 avril pour demander justice. La manifestation a eu lieu alors que les parents d’Heloysa rencontraient le secrétaire exécutif du Bureau du gouverneur de Pernambuco, Eduardo Figueiredo, pour discuter de l’avancement des enquêtes sur le meurtre de l’enfant et demander la fin des opérations de police dans la ville de Porto de Galinhas, sur la côte sud de l’État.

Désemparés, les parents de l’enfant ont décidé de ne pas accorder d’interviews mais ont tenu à affirmer « qu’il n’y a pas eu d’échange de tirs » réaffirmant, une fois de plus, que la petite fille a été tuée par des coups de feu tirés par des policiers militaires du Bataillon d’opérations spéciales (BOPE). Dans la mesure où les parents n’ont pas souhaité s’exprimer, d’autres membres de leur famille ont témoigné en donnant des détails poignants.

Pour la tante de l’enfant assassinée, Wilma Fernandes, qui gardait Heloysa pendant que ses parents travaillaient, la douleur et la révolte du meurtre sont des sentiments qui ne disparaîtront jamais :

” Ce que je ressens, c’est que j’ai perdu une fille. Elle a passé beaucoup de temps avec moi, car ses parents partaient travailler et elle restait avec moi dans le petit hôtel que j’ai avec ma fille. Malheureusement, je ne l’aurai plus jamais avec moi. Tout ce que je veux maintenant, c’est que justice lui soit rendue” a-t-elle déclaré.

Présente à la manifestation, Wilma a demandé la protection de sa famille, victimes d’intimidation par des policiers. « Tous les jours, ils [les policiers] passent devant chez nous ; ma mère et moi avons très peur ; nous ne pouvons pas dormir » a-t-elle déclaré. Le frère de la jeune fille, âgé de quatre ans seulement, a vu le moment où sa sœur a perdu la vie, le 31 mars, devant la maison de sa grand-mère. Les proches qui ont participé à la manifestation disent que toute la famille est sous le choc, très bouleversée et a besoin d’une aide psychologique.

Les voisins et amis de la famille présents à la manifestation ont tenu à préciser que la petite fille était très aimée dans la communauté, renforçant ainsi les plaintes contre les violences policières qui effraient les habitants de Porto de Galinhas. « Nous voulons la justice ; nous voulons que notre cri soit entendu, car en plus de perdre Heloysa, nous sommes menacés au sein de notre communauté. Les actions de la police se renouvellent constamment, ils viennent chez nous, essayant de nous effrayer pour fausser les faits » a déclaré Marilene Rosália, une voisine de la famille de la petite Heloysa.

La réaction du gouvernement

L’avocat Eliel Silva a déclaré que le gouverneur recevra les parents d’Heloysa | Photo : Arnaldo Sete/MZ Conteúdo

Selon Eliel Silva, l’avocat de la famille d’Heloysa, lors de la réunion au Bureau du gouverneur, le secrétaire exécutif, Eduardo Figueiredo, a déclaré que le gouverneur Paulo Câmara devrait rencontrer les parents de l’enfant plus tard dans la semaine.

“Le secrétaire a déclaré que l’État de Pernambuco ne tolère aucun type de violence, mais des organisations notamment le Mouvement noir de Pernambuco ont dénoncé publiquement le caractère truculent de l’approche policière. Le gouverneur ne tolère peut-être pas la violence mais la pratique et le mode opératoire de la police sont tout autres” a déclaré Eliel Silva.

Toujours selon l’avocat, lors de cette même réunion, lundi 4 avril, les demandes de la famille d’Heloysa et d’autres habitants de Porto de Galinhas ont été présentées. Ils affirment être sous la menace constante de la Police militaire. Parmi les principales demandes exprimées figurent la tenue d’une réunion de la famille d’Heloysa avec le gouverneur, le renvoi immédiat des policiers impliqués dans l’opération qui a conduit à la mort de la petite fille, l’accélération des enquêtes sur ce crime et la fin des opérations du Bataillon des opérations spéciales de la police (BOPE) à Porto de Galinhas. (…)

(…) Lire la suite de l’article ici


Voir aussi À Rio de Janeiro, la police associe brutalité et inefficacité