La Caraïbe dans l’ombre des États-Unis (Culture Monde / France Culture)
C’est une longue histoire d’ingérences diplomatiques, économiques et militaires qui a façonné les relations entre les États-Unis et les pays de la Caraïbe. Mais ce rapport de domination semble être contesté et d’autres puissances s’intéressent à cette région stratégique.
Une série d’entretiens et reportages proposée par Cultures Monde, une émission de France Culture coordonnée par Julie Gacon et Mélanie Chalandon.
Premier épisode : Panamá : les voies étroites de l’émancipation
Début 2025, Donald Trump a déclaré vouloir prendre possession du canal de Panamá. Le secrétaire d’État américain Marco Rubio s’est quant à lui rendu sur place quelques jours après. Face à ces tentatives d’intimidation, le Panamá doit composer avec cette résurgence de l’impérialisme américain.
Par ces mots, Donald Trump s’est inscrit dans l’histoire longue de l’impérialisme américain, de la doctrine Monroe à la destinée manifeste, et a provoqué de vives réactions du côté de ce petit État d’Amérique centrale. Au niveau politique d’abord, puisque le président Jose Raul Mulino a réaffirmé la souveraineté de Panama sur le canal. Au niveau de la société civile également, puisque les Panaméens ont manifesté dans les rues du pays pour protester contre ce coup de force à l’occasion de la visite du secrétaire d’État Marco Rubio. (…)
Focus : Nicaragua : guerre migratoire contre les États-Unis
Entre le Nicaragua et les États-Unis, les tensions se cristallisent autour d’un sujet : l’immigration. Alors que la capitale nicaraguayenne Managua accueille sans visa des ressortissants du monde entier et a fait du pays une base arrière pour l’immigration illégale vers les États-Unis, Donald Trump a répliqué en menaçant d’expulser 47 000 Nicaraguayens. (…)
- Kevin Parthenay, professeur des universités à Tours et membre de l’Institut Universitaire de France
- Claire Nevache, doctorante en sciences politiques à l’Université Libre de Bruxelles et chercheuse associée au CIEPS Panama (Centre international d’études politiques et sociales)
- Gilles Bataillon, sociologue, directeur d’études à l’EHESS
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Deuxième épisode : Cuba, l’interminable embargo
En vigueur depuis le 3 février 1962, l’embargo des États-Unis contre Cuba est au cœur des tensions entre les deux pays. Sujet clivant entre Démocrates et Républicains, Joe Biden avait retiré Cuba de la liste noire des pays soutenant le terrorisme juste avant de quitter la Maison Blanche. Trump, à peine arrivé au pouvoir, a décidé de réinscrire le régime socialiste sur cette liste, tout en durcissant les sanctions économiques et financières qui affectent Cuba.

Si la dureté de l’embargo permet de nourrir le discours selon lequel les États-Unis seraient responsables des malheurs de l’île, la colère gronde à Cuba où la situation économique et sociale ne cesse de se détériorer depuis cinq ans. En cause, la pandémie de Covid-19 ayant fait chuter le tourisme, l’embargo limitant les transferts de fonds de la part des exilés cubains et les ouragans dévastant fréquemment l’île. La population est victime de pénuries de produits de base, à laquelle se couple l’inflation galopante et des pannes d’électricité répétées. (…)
Focus : Guantánamo, un territoire états-unien sur l’île cubaine
Lieu emblématique des relations complexes entre Cuba et les États-Unis, Guantanamo est occupé par une base navale des États-Unis depuis 1903. Bien que ces deux pays aient rompu leurs relations diplomatiques, Washington conserve à Cuba la gestion de cette base, transformée dans les années 2000 en prison et aujourd’hui utilisée par Trump pour y transférer des migrants illégaux. (…)
- Margot François, doctorante à l’Institut Français de Géopolitique et au centre de recherche GEODE (Géopolitique de la Datasphère)
- Thomas Posado, maître de conférences en civilisation latino-américaine contemporaine à l’Université de Rouen et chercheur à l’ERIAC (Équipe de Recherche Interdisciplinaire sur les Aires Culturelles)
- Jean-Baptiste Thomas, maître de conférences en civilisation et histoire latino-américaine contemporaine à l’École Polytechnique de Paris
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Troisième épisode : Haïti, une dépendance mortelle ?
Victime d’une énorme crise politico-sécuritaire depuis 2021 et l’assassinat du président Jovenel Moïse dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021, Haïti fait face à la vacance du pouvoir et à la violence des gangs qui ont profité de la faiblesse de l’État pour prendre le contrôle de la capitale Port-au-Prince, ainsi que de quelques autres régions.

Si le pays a été marqué par plusieurs épisodes d’ingérence états-unienne depuis le début du XXe siècle, l’aide américaine pour faire face à la crise est aujourd’hui bien maigre. Elle a même été gelée un temps par la nouvelle administration Trump avant que le secrétaire d’État Marco Rubio n’annonce finalement le maintien de l’aide à la mission multinationale de soutien à la sécurité en Haïti, menée par le Kenya depuis octobre 2023. Ces va-et-vient dans la politique étrangère de Washington vis-à-vis de son voisin caribéen illustrent les ambiguïtés de la relation historique entre les deux pays, marquée par une interdépendance mortelle pour Haïti. (…)
Focus : De la Guadeloupe à la Jamaïque, l’image dépréciée des Haïtiens dans la Caraïbe
Les immigrés haïtiens dans les Antilles sont régulièrement victimes d’une image fortement dépréciée, et leur présence en Jamaïque et en Guadeloupe a entraîné des mobilisations violentes dans les années 2000. Les racines coloniales et racistes d’une telle dépréciation, qui se couple parfois à une valorisation du passé révolutionnaire d’Haïti, laissent entrevoir l’ambivalence du rapport des populations antillaises à leur identité stigmatisée. (…)
- Cédric Audebert, directeur de recherche au CNRS, affecté à l’université des Antilles en Martinique, enseignant à Sciences Po Paris
- Jean-Marie Théodat, géographe, maître de conférences à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
- Sébastien Nicolas; docteur en science politique
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Quatrième épisode : Colombie, Bogotá ne répond plus
Fin janvier, la tension est montée entre Washington et Bogotá. Et pour cause, le refoulement, par le président Petro, d’avions militaires transportant des migrants colombiens expulsés des États-Unis. Un incident diplomatique surprenant au regard de l’alliance historique entre les deux pays.

Le 26 janvier dernier, le président de la Colombie, Gustavo Petro, a refusé l’atterrissage d’avions militaires transportant des citoyens colombiens, expulsés des États-Unis par Donald Trump. Cette décision, motivée par le non-respect de la “dignité humaine” des personnes expulsées, a provoqué une réaction immédiate de la part du président américain. Quelques heures après l’annonce de Petro sur le réseau social X, ce dernier a en effet agité la menace d’une guerre commerciale entre les deux pays et annoncé une augmentation des droits de douane de 25% sur tous les biens colombiens importés aux États-Unis. (…)
Focus : Venezuela, un “nouveau départ” entre Caracas et Washington ?
Le 10 février 2025, deux avions vénézuéliens ont rapatrié 190 migrants de ce pays de la Caraïbe à la suite d’un accord conclu entre Donald Trump et Nicolás Maduro. Une coopération qui peut étonner au regard des tensions qui ont marqué la relation entre le Venezuela et les États-Unis ces dernières années.
- Jacobo Grajales, professeur en science politique à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
- Lina Penagos, docteure en sciences politiques, enseignante chercheure à l’institut d’études politiques de Fontainebleau et à l’Ecole Universitaire de recherche Live de l’Université Paris-Est Créteil (UPEC).
- Christophe Ventura, journaliste au Monde diplomatique, directeur de recherches à l’IRIS, responsable du programme Amérique latine et Caraïbes
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