🇨🇱 Chili. Hector Llaitul, depuis la prison politique : les droits territoriaux, politiques et culturels ne se négocient pas (NGChili)


Lettre ouverte au peuple Nation Mapuche de Hector Llaitul, porte-parole de la CAM, depuis la prison politique où il mène une grève de la faim de plus de 80 jours, initiée le 3 juin 2024 pour demander son transfert à une prison disposant d’un module spéciale pour les détenus de la communauté autochtone. (Traduction libre NGChili)

Hector Llaitul

Leer en español : Carta abierta al Pueblo Nación Mapuche: “Los derechos territoriales, políticos y culturares no se transan”


Plus de soixante-dix jours ont passé depuis le début de ma grève de la faim, initiée avec la demande en nullité d’un procès basé sur la persécution politique, puisque l’on m’a condamné arbitrairement et injustement à vingt-trois ans de prison pour des “délits” de la Loi de la Sécurité de l’État. Cette condamnation a été ratifiée par la Cour Suprême, la plus haute instance judiciaire du Chili, qui a également œuvré de manière raciste, sous la pression entrepreneuriale et politique, ceci afin de préserver les intérêts contre lesquels la cause mapuche se confronte sur le territoire ancestral.

J’ai décidé de continuer cette grève de la faim et exiger mon transfert au module Mapuche de la prison de Temuco. Il n’y a pas de résignation ni de déroute dans cette décision, bien au contraire, puisque je continuerai à protester et à lutter pour obtenir ma libération devant les tribunaux internationaux, principalement au sein de la CIDH.

La demande de transfert dans un module Mapuche est basée sur ma conviction de continuer à lutter contre la prison politique, de sorte que l’institution de l’État chilien respecte au moins la condition de Mapuche et la culture d’un peuple autochtone, dont je fais partie. En effet, il est de notoriété publique que mon procès et ma condamnation sont causés par la persécution politique et culturelle. C’est parce que je suis dirigeant et Werken (porte-parole) de la Coordination Arauco Malleco (CAM).

Donc, je suis à nouveau dans l’obligation de dénoncer et de faire valoir ma condition actuelle de prisonnier politique Mapuche. En effet, parce que l’existence des modules pour les membres du peuple Mapuche dans les prisons chiliennes a été le résultat de grandes mobilisations que nous avons entreprises avec les communautés et les weichafe (les combattants) persécutés et emprisonnés pour la cause mapuche ces dernières décennies. À l’époque, les institutions chiliennes, les tribunaux et la gendarmerie ont été contraints de concevoir et de mettre en œuvre la Convention 169 de l’OIT, qui détermine clairement le respect des droits culturels des membres d’un peuple autochtone, encore plus s’ils sont poursuivis et/ou condamnés pour une revendication territoriale.

Maintenant, si nous lisons attentivement ma sentence, elle signale que j’ai perdu ma liberté, mais nulle part cette résolution fallacieuse n’indique que j’ai perdu mon droit de rester Mapuche. Nulle part elle n’indique que j’ai perdu mon droit de continuer à pratiquer ma culture ou à être lié à mon monde mapuche, dont le plus élémentaire est le territoire, la famille, la communauté et le Lof (ensemble territorial de plusieurs communautés). En outre, la décision judiciaire n’indique pas que je perds les droits essentiels tels que la prise en charge médicale exercée par les autorités traditionnelles et ancestrale comme les Machi et Lawentuchefe. (…)

(…) Lire la suite de la lettre ici


Pour rappel, voir : Chili : le leader mapuche Hector Llaitul Carrillanca risque vingt-cinq ans de prison (revue de presse fr.esp.) (mai 2024)