Chili : vers une réécriture de la Constitution héritée de Pinochet et avancée de la gauche aux élections municipales et régionales (Franck Gaudichaud – Blog du Monde Diplomatique / Le Monde – AFP / Justine Fontaine – Libération)


Historique : pour la première fois de son histoire, le Chili élisait ce week-end une assemblée destinée à rédiger une nouvelle Constitution pour remplacer le texte hérité de la dictature du général Augusto Pinochet. Les candidats indépendants, pour beaucoup issus des mouvements sociaux, et la gauche alternative sont les grands gagnants du scrutin. La droite au pouvoir subit une lourde défaite. Les élections municipales et régionales, qui se tenaient en même temps, ont confirmé l’avancée des gauches : une candidate communiste et féministe a été élue à la mairie de Santiago. Dans la région de Valparaiso, Rodrigo Mundaca, militant contre la privatisation de l’eau, a été élu gouverneur dès le premier tour. On note cependant un taux d’abstention très important (61,4%).


Débâcle pour les « partis de l’ordre » au Chili
(Franck Gaudichaud / Monde Diplomatique)

Pendant les manifestation d’octobre 2019 à Santiago / Photo Elias Arias.

Surprise électorale, débâcle des partis traditionnels, «nuit des longs couteaux» au sein de la droite, début de la fin pour les héritiers de Pinochet, énorme défaite du président Sebastián Piñera — qui l’a reconnu lui-même —, victoire du mouvement populaire… Depuis hier soir, la presse chilienne multiplie les superlatifs pour cerner le séisme politique qui vient de secouer la cordillère des Andes, du désert d’Atacama jusqu’aux terres froides de la région de Magellan. Les Chiliens étaient appelés aux urnes samedi 15 et dimanche 16 mai pour quatre scrutins simultanés : maires, conseillers municipaux et gouverneurs régionaux devaient être renouvelés et une convention constitutionnelle élue afin de rédiger une nouvelle constitution de la République.

Personne, surtout pas les instituts de sondages, n’avait anticipé un tel bouleversement, même si l’isolement de l’exécutif était patent et le rejet de la «caste» politique massif depuis des années. Malgré la puissance de la révolte populaire d’octobre 2019 et son impact sur l’ensemble du paysage institutionnel, on pouvait être assez circonspect quant aux transformations provoquées par cette séquence électorale. (…)

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Le Chili vote en faveur d’une réécriture en profondeur
de la Constitution héritée de Pinochet
(Le Monde / AFP)

Les partis de gauche désireux de réécrire en profondeur la Constitution chilienne héritée de la dictature militaire d’Augusto Pinochet (1973-1990) devançaient, dimanche 16 mai, ceux de la droite conservatrice, mais les formations indépendantes arrivaient en tête du scrutin pour désigner les rédacteurs de la nouvelle Loi fondamentale.

Dépouillement des bulletins à l’issue de l’élection constituante, à Santiago, capitale du Chili, le 16 mai 2021. Rodrigo Arangua / AFP

Les deux listes qui rassemblent des candidats allant du centre gauche au Parti communiste, qui entendent proposer un nouveau modèle pour le pays avec différents droits sociaux garantis, comme l’éducation, la santé ou le logement, recueillent 33,22 % des suffrages, après le dépouillement de 90 % des bulletins de vote.

Avec 20,80 % des voix, la droite au pouvoir, défendant le système actuel qui aurait favorisé, selon elle, la croissance économique du pays, ne dispose pas du contrôle des décisions de l’Assemblée constituante qui sera composée de 155 membres élus sur une base paritaire, dont dix-sept sièges sont réservés aux dix peuples autochtones.

Les candidats indépendants – acteurs, écrivains, professeurs, travailleurs sociaux, avocats –, dont beaucoup avaient participé au plus grand soulèvement social des dernières décennies, amorcé en octobre 2019 pour réclamer une société plus égalitaire, supplantent ceux des partis traditionnels et raflent le reste des votes.

« Les citoyens en ont assez des partis traditionnels »

Selon Marcelo Mella, politologue à l’université de Santiago, « la plupart [des candidats indépendants] sont des outsiders, sans étiquette et critiques envers les partis traditionnels ». Malgré l’absence de sondages et des prévisions électorales difficiles, aucun analyste n’avait anticipé une telle razzia de ces candidats ou le piètre résultat de la droite au pouvoir, unie avec l’extrême droite sur une seule liste, alors que se profile, en novembre, l’élection présidentielle. (…)

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L’assemblée constituante : nouveau visage de la diversité au Chili
(Justine Fontaine / Libération)

Au Chili, les résultats donnent les mouvements sociaux et la gauche en tête. 
(Rodrigo Arangua / AFP)

Une assemblée bien plus représentative de la société chilienne. L’assemblée constituante élue est d’une diversité «jamais vue»  auparavant, s’est félicitée dimanche Claudia Heiss, enseignante-chercheuse en sciences politiques à l’Université du Chili, à Santiago.

Modèle social-démocrate

D’après des résultats préliminaires rendus publics dans la nuit de dimanche à lundi, les candidats indépendants, dont beaucoup sont issus des mouvements sociaux nés ces dernières années, obtiendraient un peu moins d’un tiers des 155 sièges. Malgré la forte défiance envers les partis politiques au Chili (2 % d’approbation seulement, d’après plusieurs sondages publiés ces derniers mois), «personne n’avait prévu un tel score des indépendants», souligne Claudia Heiss. En revanche, la participation n’aurait atteint que 41 % environ, soit dix points de moins que lors du référendum de l’automne ayant ouvert la voie à la constituante.

Les gauches emportent un autre tiers de l’hémicycle, grâce au bon score des partis de gauche alternative (le jeune «Frente amplio», ou «Front large», et le Parti communiste), et malgré un recul des partis de gauche traditionnels, au pouvoir pendant près de vingt ans après le retour à la démocratie.

Dans leur majorité, gauches et indépendants sont anti-néolibéraux, et s’ils parviennent à des accords transversaux, ils pourraient mener le pays vers un modèle plus proche de la social-démocratie. En effet, au sein de la future assemblée constituante, les décisions seront prises à la majorité des deux tiers des voix, et le pouvoir de veto de la coalition de droite au pouvoir «Vamos Chile» («Allez le Chili»), qui n’a obtenu que 24 % des sièges, sera limité.

Cette constituante était l’une des principales demandes du mouvement social qui a éclaté au Chili en octobre 2019, contre les inégalités sociales et le modèle économique néolibéral imposé sous la dictature. Le 25 octobre dernier, les Chiliens avaient voté à 78 % pour la rédaction d’une nouvelle loi fondamentale. (…)

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Voir également notre revue de presse :
Chili: élection de l’Assemblée constituante (Marie Normand – RFI / Franck Gaudichaud – Monde Diplomatique / Angèle Savino – Le Courrier – Bastamag)