Chili : à la veille du référendum (interview de Franck Gaudichaud et revue de presse)

Le 25 octobre, le Chili se prononcera sur une révision de la Constitution héritée de l’ère Pinochet: 14 millions de Chilien.ne.s sont appelé.e.s à voter pour ou contre la rédaction d’une nouvelle Constitution et à préciser quel type d’assemblée serait chargé de la rédiger : une convention mixte (composée pour moitié de parlementaires déjà en fonction) ou une assemblée constituante, uniquement composée de citoyens élus spécialement pour l’occasion. Les sondages créditent le «oui» à une nouvelle Constitution de plus de 60 % des intentions de vote.

«Les manifestants pensent que le changement de Constitution ne sera pas suffisant» (interview de Franck Gaudichaud / RT France)

Les Chilien.ne.s sont appelé.e.s aux urnes le 25 octobre pour un référendum sur un changement de Constitution. Un scrutin qui se tient alors que le pays est en proie à de violentes manifestations antigouvernementales. Franck Gaudichaud, professeur en civilisation d’Amérique latine à Toulouse 2, fait le point sur la situation.

Chili: la Constitution de Pinochet vit peut-être ses derniers jours (Justine Fontaine / Libération)

Manifestation féministe en faveur d’une nouvelle Constitution à Valparaíso, le 14 octobre. Photo Rodrigo Garrido. Reuters

Le «oui» à une nouvelle Constitution est donné largement gagnant dans les sondages en vue du scrutin de dimanche, le plus important depuis la fin de la dictature, en 1990. À mesure que le confinement a été levé à partir du mois d’août, les manifestations ont repris progressivement à Santiago. Près du centre historique, les partisans d’une nouvelle Constitution sont revenus «place de la dignité», rebaptisée ainsi depuis la contestation historique d’octobre 2019, contre les inégalités sociales. Ils étaient au moins 25 000 le 18 octobre pour le premier anniversaire de la mobilisation, le plus grand rassemblement depuis le début de la pandémie, et le plus violent : la journée s’est terminée par des affrontements qui ont fait un mort, apparemment tué par la police. Des commerces ont été pillés et deux églises brûlées. Les samedis matin, c’est l’extrême droite nostalgique de la dictature du général Pinochet (1973-1990) qui manifeste. Plusieurs centaines de partisans de la Constitution actuelle se réunissent dans les quartiers d’affaires de la capitale, sous un gigantesque drapeau chilien, ou même avec des casquettes «Make Chile Great Again». (…)

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Référendum au Chili : «L’enjeu de ce scrutin sera l’ampleur de la participation» (interview de Christophe Ventura / RT)

Les Chiliens se rendent aux urnes ce 25 octobre 2020 pour un référendum visant à autoriser un changement de Constitution. Christophe Ventura, directeur de recherche à l’IRIS, revient sur ce scrutin.

Référendum sur la constitution au Chili : « le réveil a eu lieu » (Lina Sankari / L’Humanité)

Le 25 octobre, le Chili se prononcera sur une révision de la Constitution héritée de l’ère Pinochet. Pour les Chiliens en exil, ce référendum arraché par le puissant mouvement social, inédit en 30 ans, est la clef qui fera sauter démocratiquement le verrou du système politique non représentatif et du modèle néolibéral gravé dans le marbre de la loi fondamentale. Déjà, quelle qu’en soit l’issue, le Chili n’est plus le même pays qu’hier. Il y eut d’abord cet appel à la fraude. Et quelques rêves formulés à voix haute. À Santiago du Chili, la place d’Italie, qui marque la frontière entre bien nés et familles modestes, fut ainsi renommée « place de la Dignité ». Aux racines du bouillonnement social, l’annonce d’une hausse de 3 % du prix du ticket de métro. Une goutte d’eau après trente années de néolibéralisme effréné et gravé dans la Constitution de 1980, pourtant approuvée au terme d’une consultation frauduleuse. « Quand j’ai vu les jeunes commencer à sauter les tourniquets, j’ai su que quelque chose allait changer », s’amuse Hector Vasquez, président de l’Association des ex-prisonniers politiques chiliens en France, qui se bat contre l’impunité, accompagne les victimes de la dictature lors des procès contre les tortionnaires et milite pour une nouvelle Constitution. Ancien militant du mouvement du 11 août 1967 et du MIR (Mouvement de la gauche révolutionnaire), entré en résistance après le coup d’État d’Augusto Pinochet le 11 septembre 1973, Hector Vasquez est lui-même arrêté en janvier 1975, torturé et détenu dans une prison clandestine. (…)

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Référendum pour une nouvelle Constitution au Chili : “La société est amenée à se repenser” (Mathilde Allain / TV5 Monde)

(…) TV5 Monde : Ce 25 octobre que va-t-il se passer ? Pourquoi les Chiliens veulent-ils reformer cette Constitution ?

Mathilde Allain : La Constitution date des années 80, de la dictature. Elle a été rédigée par les idéologues du régime d’Augusto Pinochet et ratifiée par référendum par les Chiliens, mais un référendum frauduleux, truqué, mis en place dans un contexte de répression des opposants politiques. Or cette Constitution perdure jusqu’à maintenant, depuis 40 ans. Certains aspects de la Constitution ont été modifiés sur ses volets politiques, mais cela a pris un certain temps. Il y a eu une première vague de modifications dans les années 90 puis ensuite, en 2000 et en 2005, sous la présidence de Ricardo Lagos (gauche). Un certain nombre de “verrous autoritaires”, ont été supprimés comme l’élection des sénateurs à vie – il faut savoir que Pinochet était sénateur à vie. En revanche, le cœur de la Constitution, à savoir les orientations de modèles et de choix économiques, perdurent encore jusqu’à maintenant. Et c’est sur ce volet que le bât blesse. C’est la raison pour laquelle des millions de Chiliens sont descendus dans la rue l’année dernière. (…)

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