🇧🇷 🇨🇳 La Chine développe aussi ses «nouvelles routes de la soie» dans l’Amazonie brésilienne (Juliette Chaignon / RFI)


Depuis plusieurs années, la Chine déploie de nouvelles routes commerciales à travers le monde. En Amérique du Sud, l’une des étapes emblématiques de ce projet est le port de Chancay, au Pérou. Il a été inauguré en novembre dernier en présence du président chinois Xi Jinping. Mais ce « méga port » n’est qu’une facette d’un vaste projet de développement de routes au cœur de l’Amazonie brésilienne.


Le président chinois Xi Jinping et le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva après une rencontre au palais d’Alvorada à Brasilia le 20 novembre 2024. AFP – EVARISTO SA

Dans un contexte de guerre commerciale avec les États-Unis, la Chine mise sur le Brésil. Les exportations de soja brésilien vers l’Asie ont doublé en vingt ans pour atteindre vingt milliards de dollars par an. Des entreprises chinoises exploitent aussi un métal rare, le niobium, en Amazonie.

Et la Chine part d’un constat simple : importer des ressources d’Amazonie est plus rapide donc moins cher en passant par l’océan Pacifique que par l’Atlantique. « La Chine ne produit pas de soja transgénique donc elle dépend beaucoup des importations. Ses entreprises étatiques sont déjà très présentes dans le Mato Grosso mais c’est encore insuffisant. Leur stratégie d’approvisionnement ne sera complète qu’avec la logistique », explique l’explique Rubia Wagner, économiste à l’Université Fédérale de Rio de Janeiro. D’où ce projet titanesque de routes terrestres et fluviales de la forêt tropicale jusqu’à la côté ouest du continent.

Sur une carte publiée par le média Mongabay, on peut voir cinq axes de plusieurs milliers de kilomètres en construction. L’un d’entre eux est la Route Amazone. Elle cherche, par exemple, à connecter Manaus à quatre ports de la côte pacifique (deux au Pérou, un en Équateur et un autre en Colombie) et devrait être fini d’ici l’année prochaine.

Un vaste projet qui va engendrer de la déforestation pour la construction des routes ou le réaménagement des fleuves par exemple. Les barques en bois des habitants vont donc côtoyer les navires commerciaux, les rives vont se doter de panneaux de signalisations et les fonds vont être dragués. Tout cela n’est qu’un exemple des 190 aménagements prévus au Brésil pour construire ce gigantesque réseau de routes.

Ce projet d’infrastructure devrait coûter plus de dix milliards de dollars au Brésil et a été approuvé officiellement l’an dernier par le gouvernement brésilien. Il s’inscrit dans une décision plus large, prise en 2023, par plusieurs pays de la région de « revitaliser » l’intégration de l’Amazonie.

En Amazonie d’ailleurs, un projet en particulier attire les entreprises chinoises, celui de l’Arco Norte, dans le nord, une zone où est produit 69% du soja brésilien. L’idée de ce projet est de relier les fermes de cette région aux axes majeurs qui iront ensuite jusqu’aux ports du Pacifique. Pour cela, dans l’Arco Norte, il faudra rien de moins que onze ports fluviaux, déjà existants, cinq chemins de fer et des dizaines d’autoroutes pavées.

Ce projet d’investissements chinois soulève des inquiétudes du côté des défenseurs de l’environnement. « Il y a quelques entreprises chinoises qui ont des projets d’exploitation incluant une gestion des risques environnementaux. La Chine défriche pour construire ses infrastructures, ses routes, ses chemins de fer mais il n’y a pas d’études pour savoir comment cela affecte les communautés natives d’Amazonie », selon Rubia Wagner, de l’université fédérale de Rio de Janeiro. (…)

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