🇲🇽 Claudia Sheinbaum, future première présidente du Mexique ? (Laurence Cuvillier / France 24)


L’ancienne maire de Mexico a été adoubée mercredi par Morena, le parti au pouvoir fondé par l’actuel président mexicain Andrés Manuel López Obrador. Candidate à l’élection présidentielle du 2 juin prochain, les sondages lui prédisent une confortable victoire. Avec elle, le Mexique poursuivrait son virage à gauche, dans un pays qui semble disposé à combattre certains de ses vieux démons, comme le machisme. Portrait.

Claudia Sheinbaum, candidate du parti au pouvoir Morena à l’élection présidentielle de 2024, en campagne à Guadalajara, le 9 juillet 2023. © Ulises Ruiz, AFP

Âgée de 61 ans, Claudia Sheinbaum Pardo prend plutôt un bon départ dans la course à la présidentielle qui se tiendra en juin 2024 au Mexique. Au terme d’une année de campagne interne à son parti, elle s’est paisiblement imposée face aux autres aspirants de son bord à la candidature. À peine inquiétée par l’ex-ministre des Affaires étrangères d’origine française Marcelo Ebrard, l’ancienne maire de Mexico pourrait ainsi devenir la première femme élue à la présidence du Mexique depuis son indépendance en 1821.

Les sondages la confortaient, mais on la savait aussi favorisée par celui qu’elle suit loyalement depuis plus de vingt ans en politique : le président Andrés Manuel López Obrador (AMLO) lui-même, la seule voix qui compte vraiment dans un parti au pouvoir créé par et pour lui. Depuis l’année dernière, jusque dans les villages les plus isolés et écrasés de soleil de l’immense Mexique, grand comme trois fois et demie la France, slogans et décalcomanies couvraient les murs : “Es Claudia” (“C’est Claudia”) – comme une évidence, mais aussi comme le besoin de construire une image nationale à une femme qui n’avait eu de rôle politique que dans la capitale du pays.

“Nous avons visité chaque maison quand Andrés Manuel López Obrador se rendait dans chaque ville, chaque village, chaque État pour fonder Morena. Avec le peuple tout ! Sans le peuple, rien !”

D’abord chargée des politiques publiques de Mexico en matière d’environnement, entre 2000 et 2006, alors qu’AMLO est maire de la mégalopole, elle est ensuite élue à la tête de la “delegación de Tlalpan”, un district du sud de Mexico, avant de triompher aux élections pour la mairie en 2018, malgré la tragédie de l’école Rebsamen dans son secteur de la capitale. Des négligences concernant des permis de construire, intervenues sous son mandat, avaient alors entraîné la mort de 19 enfants et de sept professeurs lors du tremblement de terre de 2017.

Ses années comme maire de Mexico sont, quant à elles, entachées par l’effroyable effondrement de la ligne 12 du métro lors du passage d’un train, le 3 mai 2021, qui fait 27 morts et 79 blessés. L’accident, provoqué par des vices de construction évidents, la fera dégringoler de 20 points dans les sondages.

Avec sa désignation comme candidate à la présidentielle, cette écologiste convaincue s’impose dans le paysage politique mexicain en n’ayant jamais milité ni au PRI ni au PAN, les deux seuls partis ayant dirigé le Mexique avant l’arrivée d’AMLO au pouvoir en 2018 – tous deux enlisés dans une corruption endémique que plus personne n’essayait même de démentir. AMLO, qui n’est jamais tombé en dessous de 60 % d’opinions favorables au cours de son mandat, promet de la soutenir de sa voix omniprésente sur la scène médiatique – notamment avec ses conférences de presse quotidiennes, à 7 h du matin – qui façonne largement la une des journaux.

Une femme politique à l’écoute

Claudia Sheinbaum, elle, était encore plus matinale lorsqu’elle était maire de Mexico. Trois fois par semaine, à 6h tapantes, dans une grande salle de la mairie – mais avec beaucoup moins de caméras –, elle accueillait en tête-à-tête des habitants qui venaient faire la queue pour lui exposer leurs problèmes : bars trop bruyants dans leur voisinage, problèmes administratifs pour le calcul de leurs retraites, projets artistiques dans l’espace public, voies publiques détériorées… Il n’y avait pas de filtre, il suffisait de se présenter assez tôt pour avoir l’une des quelques dizaines de “fichas” (rendez-vous) distribuées chaque jour. (…)

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