🇨🇴 Colombie: Gustavo Petro suspend le cessez-le-feu avec le Clan del Golfo (RFI) / Sur les terres du Clan del Golfo, la route interdite (TV5)


Le président colombien Gustavo Petro a suspendu dimanche 19 mars le cessez-le-feu qu’il avait conclu le 31 décembre avec le cartel Clan del Golfo, principal gang de narcotrafiquants du pays.

Taraza, Bajo Cauca, Colombie, le 15 mars 2023: manifestation de mineurs, le plus souvent travaillant dans des conditions illégales, qui protestent contre la destruction de leurs outils et installations par la police. AP – Fernando Vergara

Selon le gouvernement, l’organisation est à l’origine d’intimidations et d’attaques contre des villageois dans le nord-ouest du pays depuis plus de deux semaines. « J’ai ordonné aux forces de sécurité de réactiver toutes les opérations militaires contre le Clan du Golfe », annonce Gustavo Petro sur Twitter. « Nous ne les laisserons pas continuer à semer l’inquiétude et la terreur dans les communautés », ajoute le président colombien.

Mines d’or illégales

Le gouvernement accuse notamment le Clan del Golfo d’être derrière le mouvement de protestation des mineurs dans le Bajo Cauca, à l’ouest du pays. Les travailleurs des mines illégales protestent depuis début mars contre les opérations menées par les militaires et la police qui détruisent les engins avec lesquels ils extraient l’or. Rappelons que l’extraction de l’or est source d’une pollution importante des cours d’eau, en raison notamment du mercure utilisé pour amalgamer les particules d’or. Il y a eu des affrontements armés avec la police, et le gouvernement soupçonne le clan de ne pas avoir cessé ses trafics de cocaïne et d’or et d’encourager le climat de violence.

Le président Petro accuse le Clan du Golfe de donner la priorité aux profits générés par l’or illégal plutôt qu’aux pourparlers de paix et affirme qu’ils ont profité du cessez-le-feu pour renforcer leur présence dans les mines illégales. Selon les estimations officielles, le cartel du Golfe est à l’origine de 30 à 60% des exportations de drogue de Colombie, premier producteur mondial de cocaïne.

Le clan a désigné il y a quelques semaines des avocats pour entamer les discussions avec le gouvernement. Mais il exigeait d’être reconnu au même niveau que la guérilla de l’ELN, à qui le gouvernement a reconnu le statut d’organisation politique dans ces discussions de paix. Par ailleurs, le procureur général a refusé de suspendre les ordres de capture qui avaient été émis contre les représentants du clan devant participer aux négociations. (…)

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Colombie: sur les terres du Clan del Golfo, la route interdite (TV5 Monde)

“AGC”: ici comme ailleurs, les tags sur les murs disent qui domine le territoire. Dans le nord-ouest de la Colombie, les puissants narco-trafiquants du Clan del Golfo défient le gouvernement en tentant de bloquer un axe stratégique à la faveur d’un mouvement de protestation de mineurs.


Des soldats colombiens patrouillent sur une route dans la municipalité de Taraza, dans le département de Cauca, en Colombie, le 21 mars 2023. afp.com – Raul Arboleda

Filant dans un paysage de savanes arborées et de prospères fermes à bétail, la Nationale 25 relie la côte caribéenne à Medellín, deuxième ville du pays. Habituellement encombrée de poids lourds, cette route est un cordon ombilical qui garantit une grande partie de l’approvisionnement depuis le nord de la Colombie. “Cette route tient toute l’économie du pays”, confie le patron de l’armée dans la zone, le général de brigade Roberto Arias Rojas, 49 ans.

Une douzaine d’assaillants circulant à moto, membres présumés du redoutable Clan del Golfo, y ont incendié dimanche, près de la ville de Taraza, deux bus et quatre camions, dont les carcasses calcinées gisent encore au bord de la chaussée.

Depuis, seuls des convois de dizaines de véhicules, encadrés et protégés par les forces de sécurité, circulent en trombe sur la longue bande de goudron: d’abord un essaim de motos, puis une interminable file de voitures, et enfin les bus et les poids lourds crachant d’épaisses fumées noires. Un blindé de la police, des véhicules légers Humvees de l’armée et des motards l’arme au poing ouvrent et ferment la marche de l’assourdissante caravane.

Corde autour du cou

“La situation est sous contrôle”, assure, avant de sauter dans son Humvee, un militaire qui part rejoindre le dispositif. Quatre convois de ce genre ont pu circuler mardi sur la nationale, sous le regard en apparence placide des habitants des quelques villages et localités traversées.

Diana, la gérante d’un modeste restaurant routier, a été le témoin de l’attaque de dimanche. Sur son portable, elle montre volontiers une vidéo des deux bus enflammés, mais refuse catégoriquement de s’exprimer. “Parler du Clan, c’est se passer la corde autour du cou”, lâche un autre habitant.

Peinturlurés grossièrement sur les façades des maisons, les multiples acronymes AGC et autres “Autodéfenses gaitanistes toujours là!”, n’incitent pas au bavardage.

Cette région du Bas-Cauca, reliant les provinces d’Antioquia et de Cordoba, fut dans les années 1990-2000 un fief de ces paramilitaires, dont le souvenir de terreur hante encore les Colombiens. Après avoir déposé les armes, ils ont fourni le gros des rangs du Clan del Golfo, se reconvertissant dans le juteux business de la production et l’exportation de cocaïne.

Le 31 décembre, le président colombien Gustavo Petro, dans le cadre de son ambitieux plan de “paix totale”, avait annoncé un cessez-le-feu bilatéral avec ce cartel, parmi d’autres guérillas et groupe armés. Mais dimanche, il a annoncé la “réactivation” des opérations militaires contre le cartel, l’accusant d’attiser en sous-main les actes de vandalisme des mineurs illégaux, qui protestent dans la région depuis début mars contre la destruction par l’armée des engins de dragage servant à extraire l’or des rivières. (…)

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Lire aussi : En Colombie, la « paix totale » de Gustavo Petro en difficulté (Marie Delcas / Le Monde / article réservé aux abonné.e.s / 14 mars)