🇨🇴 La Colombie présente sa nouvelle approche contre le trafic de drogue (RFI / L’humanité)


Les présidents du Mexique et de la Colombie ont fustigé samedi 9 septembre « l’échec » de la guerre contre le trafic de drogue soutenu par les États-Unis, demandant une approche moins axée sur la répression. Un sommet consacré au problème de la drogue se tenait à Cali, avec une vingtaine de pays d’Amérique latine et des Caraïbes.

Le président colombien, Gustavo Petro ( à dr.), et son homologue mexicain, Andres Manuel López Obrador, lors de la conférence latino-américaine sur les drogues oraganisée à Cali, en Colombie, le 9 septembre 2023. AP – Andrés Quintero


Le président colombien, Gustavo Petro, a profité de cette occasion pour présenter la politique qu’il compte mettre en place dans le pays, premier producteur mondial de cocaïne, pour éradiquer la culture et la consommation de drogue. 

Le titre du document présenté par Gustavo Petro est le suivant : « Semer la vie, c’est bannir le trafic de stupéfiants ». En Colombie, les cultures de coca occupaient l’an dernier 230 000 hectares. En trois ans, l’exécutif compte éradiquer 90 hectares, dont 70 de manière volontaire, et permettre la transition vers des activités économiques légales de 50 000 familles, sur les 115 000 qui vivent du trafic de drogue.

Éliminer la dépendance des agriculteurs

Pour cela, le gouvernement veut éliminer la dépendance des agriculteurs, particulièrement les petits agriculteurs, et des régions, en y amenant des biens et des services publics et en créant des alternatives économiques légales. Les opérations de destruction se concentreront sur les grandes cultures, ou sur celles de petits agriculteurs qui ne jouent pas le jeu et augmentent leur production.

Mais pour vraiment « transformer le territoire », il faut toucher les gros acteurs du trafic, par la destruction des laboratoires, l’augmentation des saisies, le contrôle des produits chimiques utilisés pour produire la drogue, la lutte contre le blanchiment et la corruption. C’est là que le texte prévoit le renforcement de différents corps de police. (…)

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Guerre contre la drogue : l’Amérique latine change enfin de cap (Luis Reygada / L’Humanité)

Après 50 ans d’échec, la Colombie et le Mexique appellent leurs voisins à s’émanciper du modèle répressif prescrit par Washington. Sous leur impulsion, dix-neuf pays de la région ont participé à la Conférence de l’Amérique latine et des Caraïbes sur les drogues.

Des soldats mexicains s’entrainent avec de nouvelles armes en janvier dernier.©ULISES RUIZ/AFP

En matière de lutte contre la drogue et le narcotrafic, l’Amérique latine doit élever la voix et parler en son propre nom sans crainte de s’émanciper de la tutelle étasunienne. C’est en définitive ce qui a été acté par la Conférence latino-américaine et des Caraïbes sur les drogues, organisée du 7 au 9 septembre dernier à Santiago de Cali, en Colombie.

Impulsée par les gouvernements colombien et mexicain et comptant sur la présence de représentants de dix-sept autres pays de la région, cette réunion a été marqué par de dures critiques envers la stratégie de « guerre contre la drogue », axée sur la répression militarisée et lancée au tournant des années 70 par le président Richard Nixon.

« La politique dite de lutte contre la drogue a échoué. Nous l’avons subie durant cinquante ans et (pour les colombiens) elle a été sanguinaire et féroce. Les latino-américains en sont les principales victimes » a déclaré le président colombien Gustavo Petro, présent pour la clôture de la conférence. « Elle est inutile et si nous la poursuivons nous ajouterons un million de morts supplémentaires en Amérique latine, nous aurons davantage d’États faillis et peut-être la mort de la démocratie sur notre continent », a-t-il ajouté avant de pointer sévèrement du doigt la « soumission » de ses prédécesseurs.

Premier président de gauche de l’histoire de la Colombie, premier producteur mondial de cocaïne, Gustavo Petro tente de remettre sur pied un pays écharpé par six décennies de conflit armé. Son gouvernement mène actuellement un programme de « Paix totale » visant à négocier simultanément avec de multiples groupes armés –certains aux motivations politiques et d’autres impliqués dans le trafic de drogue.

Faire face au fléau des drogues avec une perspective sociale

À Cali, il n’a pas hésité à qualifier de génocide le résultat de la politique antidrogue des États-Unis, énonçant pas moins d’un million de victimes latino-américaines. « La seule chose que (nos anciens gouvernements) ont faite a été de répéter honteusement le discours officiel de la guerre contre la drogue, a-t-il expliqué, ils avaient peur de leur dire (aux puissances étrangères et à l’ONU) qu’ils se trompaient et ce silence a été complice d’un véritable génocide dans nos pays ». M. Petro a proposé que tous les présidents d’Amérique latine et des Caraïbes s’unissent d’une « voix différente » pour cesser d’aborder le problème des drogues avec une focale militariste et de le considérer au contraire en tant que problème de santé publique, avec une perspective sociale.

À ses côtés, le président du Mexique, Andrés Manuel López Obrador, qui s’est déplacé spécialement pour cette occasion, a aussi insisté sur la nécessité de s’attaquer au fléau de la consommation de drogue et de ses conséquences, le narcotrafic et la violence, en traitant avant tout ses causes sociétales, s’éloignant ainsi des stratégies basées principalement sur la répression.« Nous devons partir du fait que la paix ne peut être que le fruit de la justice. Nous devons d’abord lutter contre la pauvreté et l’inégalité pour nous attaquer au problème de la violence. Nous devons offrir des emplois et garantir des possibilités d’études aux jeunes. (…) Prendre soin d’eux, leur donner des options, c’est éliminer le terreau des bandes criminels », a-t-il déclaré en soulignant aussi l’importance de soutenir l’économie des campagnes.(…)

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