🇨🇴 En Colombie, soixante-dix défenseurs des droits de l’homme assassinés en 2023 (Luis Reygada / L’Humanité)


La Fédération Internationale pour les Droits Humains dénonce une situation « absolument inacceptable » et appelle à lutter contre l’impunité, tout en pointant une explosion des tensions, souvent due aux luttes entre organisations criminelles liées au trafic de drogue.

Si le nombre d’assasinat est en baisse, leur nombre demeure bien trop élevés.
© Christian Escobarmora / AFP

Malgré cinquante-six cas de moins qu’en 2022, la Colombie reste de loin le pays le plus meurtrier d’Amérique latine pour les défenseurs des droits de l’homme. C’est ce qui ressort d’un nouveau rapport publié ce mardi par la Commission inter-américaine des droits de l’homme (CIDH) qui recense 70 meurtres commis dans le pays sud-américain durant l’année écoulée, sur un total de 126 au niveau régional, soit plus de 55 % des cas. 

Des violences qui ont « particulièrement visé les défenseurs de l’environnement et du territoire ainsi que les dirigeants indigènes et afro-descendants », précise l’organe autonome chargé par l’Organisation des États américains de la promotion et de la protection des droits humains sur le continent. 

Voilà plusieurs décennies que la Colombie occupe la première place du triste podium, une situation qui n’a pas changé, même depuis la signature de l’accord de paix avec les anciennes FARC, en septembre 2016. Durant les quatre années qui suivirent, l’Institut d’études pour le développement et la paix avait déjà recensé 1270 défenseurs des droits humains ou leaders sociaux assassinés.

Tout en soulignant diverses mesures mises en place par le gouvernement depuis l’arrivée au pouvoir du président Gustavo Petro pour promouvoir et protéger le travail des défenseurs des droits humains, la Commission a rappelé que « le moyen le plus efficace pour (les) protéger est de lutter contre l’impunité ».

« Cela ne suffit pas de mettre en place des mécanismes de protection de défenseurs, de créer de nouvelles lois », confirme Jimena Reyes. Pour la responsable de la région Amériques de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), « Il est vraiment nécessaire que Justice et organes chargés des enquêtes se mettent en branle pour identifier les responsables matériels et intellectuels de ces assassinats, afin de les sanctionner de la manière la plus stricte possible ». 

La FIDH, qui soutient et travaille avec plusieurs organisations colombiennes de défenseurs des droits humains, dénonçait en janvier les actes d’intimidations dont ont été victimes Santiago Salinas Miranda, avocat membre du collectif CAJAR, et sa femme Erika Isabel Prieto Jaime, aussi activiste, aux abords de leur domicile. Le mois dernier, c’étaient des menaces subies par les défenseurs sociaux Richard Zapata, Luz Ángela Agudelo et María Rojo Villa que dénonçait encore la FIDH.

Engagés dans une plateforme associative dénonçant l’impact socio-environnemental généré par le méga-projet hydroélectrique de Hidroituango (département d’Antioquia, nord-ouest), ces militants ont directement été molestés à leurs domiciles par des hommes armés appartenant à l’organisation narco-paramilitaire Autodefensas Gaitanistas de Colombia.

« Comme dans d’autres pays tels que le Mexique ou le Brésil, l’activité des groupes criminels est une des causes de la violence que subissent les défenseurs des droits humains » explique Jimena Reyes.  Sans oublier les exactions commises par des propriétaires terriens ou des entrepreneurs qui n’hésiteraient pas « à recourir à des sicaires pour se débarrasser des acteurs locaux protégeant les groupes autochtones ou les paysans les plus vulnérables ». (…)

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