🇨🇴 Colombie #SOS Cauca / Communiqué de solidarité


Nous, organisations de la société civile soussignées, sommes solidaires de la Çxhab Wala Kiwe, Asociación de Cabildos Indígenas del Norte del Cauca ACIN, Association des Conseils Indigènes du Nord Cauca (ACIN) depuis la France, en particulier du Cabildo de Canoas et des familles affectées par ces terribles événements survenus le vendredi 22 décembre 2023. Nous exprimons notre solidarité avec les familles et les populations affectées par les événements qui, ces derniers mois, ont jeté une ombre sur la paix et la tranquillité dans le territoire ancestral des peuples autochtones du Nord du Cauca. 


(Español más abajo)


Les organisations soussignées condamnent les assassinats perpétrés ces derniers mois contre les autorités ancestrales du Nord du Cauca, ainsi que le massacre qui a eu lieu le 22 décembre dans la population de Canoas à Santander de Quilichao où cinq personnes ont été assassinées : l’enseignant Jhon Freiman Ramos Ocaña, sa femme Yisel Menza et sa fille Jelen Charit Ramos Menza ainsi que deux jeunes hommes : Davison Fernández Ramos et Jesús David Labio Ramos.

Ces événements mettent en lumière la crise humanitaire qui continue de s’aggraver dans le territoire.  Ils s’ajoutent aux plus de cent homicides que le TEJIDO DEFENSA DE LA VIDA Y LOS DDHH et son SISTEMA DE INFORMACIÓN Y MONITOREO DE DDHH, MADEJA, avaient recensés au 31 octobre.

Cette situation est aggravée par :

  • Le cas de violence sexuelle de la part d’un membre de l’armée nationale dénoncé le 22 novembre.
  • L’assassinat de six chefs spirituels en 2023, le plus récent étant celui de Rogelio Chate Peña le 30 novembre. 
  • Les récents assassinats de l’ancien conseiller du peuple Nasa, Fanor Buesaquillo, le 3 décembre, et du gardien Eliécer Puyo Chocué, originaire de la réserve autochtone de La Laguna, résidant dans le village de La Isla, le 24 décembre.

Trois étudiants de l’Université Autonome Interculturelle Indigène (UAIIN) ont été assassinés depuis le début de l’année. Le 16 décembre, Marino Pavi Julicue, un promoteur actif de la langue autochtone Nasa Yuwe, qui étudiait l’éducation artistique, a été assassiné.

À Guachené, dans le nord du Cauca, le maire, Elmer Abonía, a également été assassiné le 22 décembre.

La Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) et le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme2 ont suivi la situation et mis en garde contre l’impunité. Ils soulignent que les attaques contre les dirigeants et les autorités autochtones brisent la cohésion de leurs peuples. Dans le cas particulier des homicides, la CIDH mentionne qu’ils affectent non seulement les personnes directement victimes de la violence et leurs familles, mais aussi la communauté autochtone dans son ensemble, compte tenu des fonctions cruciales des dirigeants et des autorités, et de leur rôle central dans la défense, la préservation et la reproduction de la culture ancestrale.

De même, dans son récent arrêt SU-546/23, la Cour constitutionnelle “déclare l’existence d’un état de choses inconstitutionnel. D’une part en raison de l’absence de concordance entre la violation persistante, grave et généralisée des droits fondamentaux de la population des dirigeants et des défenseurs des droits humains. Et d’autre part par la capacité institutionnelle et budgétaire pour assurer le respect, la garantie et la protection de ces droits”.

Pour toutes ces raisons, nous nous associons à l’appel lancé par les autorités autochtones en faveur du respect du cessez-le-feu entre les groupes armés dans le cadre des négociations de paix en cours et nous demandons aux autorités colombiennes de :

  • garantir le respect de la vie et de l’intégrité personnelle des peuples originaires de Colombie, en particulier des peuples du Cauca qui, au cours des derniers mois, ont fait l’objet de menaces, de persécutions et d’assassinats constants.
  • garantir que ces événements ne restent pas impunis et que l’accès à la justice pour les victimes soit renforcé afin de démanteler le régime de discorde qui s’est établi sur le territoire.

Nous demandons à l’Unité nationale de protection de protéger de manière urgente et efficace, en collaboration avec la Garde indigène, les personnes menacées en raison de leur travail au sein des populations indigènes du nord du Cauca.

Nous demandons qu’il soit mis fin à la stigmatisation par les médias, qui conduit à la promotion de la discrimination et du racisme dans la société colombienne et influence la criminalisation de populations innocentes. 

Nous appelons les autres organisations internationales à exprimer leur solidarité face aux événements récurrents et à suivre cette grave situation.

Depuis l’étranger, nous joignons nos voix à l’appel pour que la paix ne reste pas seulement un discours, mais qu’elle se traduise par des actes de paix réelle.

Premières signatures

  • CSIA-Nitassinan – Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques
  • FAL – France Amérique Latine
  • TEJE – Travailler Ensemble Jeunes et Engagé·e·s
  • Geneviève Garrigos, Presidenta de la comisión de asuntos internacionales del Concejo Municipal de París.
  • JuntanzaFem de Colombianas en París.
  • Asociación Francia América Latina AFAL – Lyon

Pour signer cette pétition au nom d’une organisation ou à titre personnel, c’est ici