Communiqué de France Amérique latine : Solidarité avec Javier Rebolledo
SOLIDARITÉ AVEC JAVIER REBOLLEDO
France Amérique Latine exprime toute sa solidarité avec le journaliste d’investigation chilien Javier Rebolledo, dans le cadre de la plainte pour diffamation déposée à son encontre. FAL exprime également toute son indignation face à la décision de la Cour d’Appel de Santiago de Chili de donner suite à cette plainte alors qu’elle venait d’être classée sans suite par le Tribunal de Première Instance.
La plainte a été déposée par Carolina Paz Quintana Poblete, fille du Lieutenant-Colonel de l’armée (R) Raúl Quintana Salazar, au motif que le journaliste fait référence dans son ouvrage Cameléon aux pratiques de tortures utilisées par son père lors d’interrogatoires de militants, et dont certains font partie des disparus de la dictature au Chili (1973-1990).
Raúl Quintana Salazar, père de Carolina Paz Quintana Poblete, purge actuellement des peines de prison – pour un total de 20 ans – après avoir été reconnu coupable de crimes de tortures, meurtres et enlèvements. Il fait partie des premières personnes intégrant et composant la DINA (police politique secrète), sous la direction directe du dictateur Augusto Pinochet et du directeur de la DINA, Manuel Contreras.
Face à l’omerta existante au Chili, à la collusion des forces armées et de civils sur les crimes de la dictature et l’inertie des pouvoirs judiciaires dans l’élucidation des crimes du terrorisme d’État, le journalisme d’investigation est une arme que les forces répressives redoutent.
Javier Rebolledo, journaliste reconnu pour son travail concernant les crimes contre l’humanité de la dictature chilienne, a publié quatre ouvrages de référence à ce sujet. Nous soutenons pleinement Javier Rebolledo qui doit comparaître le 16 août 2018, devant la justice et qui risque une peine de prison pour le seul fait d’exercer son travail.
En fait, Carolina Paz Quintana Poblete cherche à ce que les crimes avérés de son père ne puissent plus être évoqués. Comme si sa condamnation valait un droit à l’oubli, à tourner la page.
Si Carolina Paz Quintana Poblete était entendue, en plus des droits des victimes de la dictature, c’est tout le peuple chilien qui se verrait condamné à l’oubli et au silence. Les journalistes d’investigation, les historiens doivent pouvoir continuer inlassablement leur travail d’écriture de la vérité. Le peuple chilien n’a pas besoin d’un voile pudiquement placé sur les crimes, mais de toute la lumière jusqu’à faire apparaître ceux et celles qui s’y cachent ainsi que leurs responsabilités.
Depuis 1973, France Amérique Latine n’a eu de cesse de dénoncer et d’informer sur les crimes perpétrés au Chili pendant la dictature – mais aussi tous les crimes des dictatures du Cône Sud – ; FAL est et sera toujours aux côtés de ceux et celles qui revendiquent l’exigence de Vérité, de Justice et de Mémoire.
Nous rejoignons toutes les marques de solidarité que Javier Rebolledo a reçues ces derniers jours.
Le Bureau de France Amérique Latine
Paris, le 31 juillet 2018