Communiqué de FAL: la France retire la médaille de l’Ordre national du Mérite au tortionnaire argentin Ricardo Cavallo
France-Amérique Latine se félicite de la signature du décret ce 30 avril dernier par Emmanuel Macron, retirant la médaille de l’Ordre national du Mérite au tortionnaire argentin Ricardo Cavallo, condamné à deux reprises par la justice argentine pour crimes contre l’humanité perpétrés durant la dictature militaire (1976-1983), demande formulée dès 2006 par plusieurs associations de droits humains argentines et françaises, dont France Amérique Latine.
C’est à la requête de plusieurs victimes argentines, requête relayée par le président argentin, Alberto Fernández, en visite officielle en France en février dernier, que la décision a été prise. La décoration avait été attribuée en 1985 à cet ancien militaire, alors attaché naval à l’ambassade d’Argentine, et également membre actif du Centro Piloto, cellule secrète organisée à Paris par la Marine argentine aux fins d’espionnage des réfugiés politiques argentins.
Sous le nom de Ricardo Ángel Cavallo, il coulait au Mexique depuis 1989 des jours tranquilles, jusqu’à ce qu’il remporte – associé au leader de la carte à puce en France, la société française GEMPLUS -, le marché public mexicain de l’immatriculation de véhicules, appelé RENAVE, opération qui le fait connaître. Reconnu par des victimes de la dictature argentine, il tente alors de rentrer en Argentine, où il pouvait bénéficier de la protection accordée par les deux lois d’amnistie promulguées par le président Raul Alfonsín.
Une procédure avait été ouverte à Madrid à son encontre par le juge espagnol Balthazar Garzón. Après une course poursuite organisée par le juge d’instruction français Roger Leloire et la justice espagnole, Cavallo est arrêté à Cancún par Interpol le 24 août 2000.
À la demande du juge Garzón, et également réclamé par la France, il sera d’abord incarcéré au Mexique puis extradé vers l’Espagne en 2003. Après l’annulation des lois d’impunité pendant le mandat de Nestor Kirchner, il sera enfin extradé en Argentine, puis jugé en 2011 et condamné à la réclusion à perpétuité, avec douze autres personnes dont Alfredo Astiz et Jorge el Tigre Acosta, pour actes commis au centre de tortures de l’École supérieure de Mécanique de la Marine (ESMA) et pour la disparition de quatre-vingt cinq personnes dont le journaliste argentin Rodolfo Walsh, les religieuses françaises, Alice Domon et Léonie Duquet, et quatre des fondatrices des Mères de la Place de Mai. En 2017, il sera jugé et condamné pour sa participation aux vols de la mort.
Bureau National de France Amérique Latine, 14 mai 2020