Covid-19 : l’Amérique latine face au spectre d’une nouvelle décennie perdue (Le Télégramme)

La pandémie a détruit une grande partie de ce que l’Amérique latine était parvenue à réaliser au cours d’années de réformes et d’investissements : la pauvreté a explosé, le chômage a augmenté et la région doit désormais faire face au spectre d’une nouvelle « décennie perdue ».

Derrière les États-Unis, le Brésil est le pays le plus endeuillé avec 186 356 morts pour 7,1 millions de cas. (AFP)

Inventée dans les années 80 lorsque la crise de la dette avait mis l’économie régionale à genoux, l’expression « décennie perdue » a été largement utilisée par les organismes internationaux pour décrire ce à quoi peut s’attendre le sous-continent américain en raison du coronavirus.

« Large impact sur l’emploi »

En octobre, au moment de la publication de ses perspectives économiques pour l’Amérique latine et les Caraïbes, le FMI avait prévenu que la covid-19 aurait « un large impact sur l’emploi » et pourrait anéantir « une partie des progrès sociaux réalisés par la région jusqu’en 2015 ». Et selon l’organisme international, ce n’est qu’en 2025 que le revenu réel par habitant pourra retrouver le niveau qui était le sien avant la pandémie. Soit une décennie.

Selon la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (Cepalc), le dernier organisme à avoir ajusté ses prévisions cette semaine, la région connaîtra une contraction de 7,7 % de son activité économique en 2020, sa pire chute du PIB depuis un siècle.

En considérant les six dernières années de très faible croissance – une moyenne de 0,3 % entre 2014 et 2019 – et les quatre qui sont estimées nécessaires pour revenir au niveau d’activité pré-pandémique, « nous pouvons dire que la région est confrontée à une nouvelle décennie perdue », abonde Alicia Barcena, secrétaire exécutive de la Cepalc.

En novembre, la Cepalc et l’Organisation internationale du travail ont indiqué que 47 millions d’emplois seront perdus dans la région, 2,7 millions d’entreprises ayant fermé, ce qui porterait le taux de chômage à près de 11 %, soit trois points de plus qu’en 2019.

17 millions de personnes « n’ont pas à manger »

L’Amérique latine est la zone géographique la plus touchée par la pandémie, avec 14,1 millions de personnes infectées et près de 478 000 décès.

Le Programme alimentaire mondial a lancé l’alerte : 17 millions de personnes « n’ont pas à manger », non seulement à cause de l’impact de la covid-19, « mais aussi à cause des mesures d’isolement social qui ont empêché les gens » de générer des revenus pour survivre.

Début décembre, l’Unicef a prévenu qu’au moins 23,4 millions d’enfants en Amérique latine et dans les Caraïbes avaient besoin d’aide humanitaire, soit trois fois plus que l’année précédente. « Jamais auparavant, autant d’enfants n’avaient été touchés simultanément par de multiples situations d’urgence dans autant de pays », a déclaré Jean Gough, directeur régional de l’Unicef.

Selon la Banque mondiale, parmi les 650 millions de Latino-Américains, près de 29 millions pourraient se retrouver dans l’extrême pauvreté, leur proportion passant de 3,9 % en 2017 à 4,4 % en 2020. Avant la pandémie, elle s’attendait à voir leur proportion baisser, à 3,7 % cette année. (…)

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