Bolivie-Chili : deux votes qui sont des signaux importants pour la région (ALAI / Jaime Osorio / Ritimo)

La proximité temporelle entre le triomphe du MAS aux élections présidentielles en Bolivie et l’approbation du plébiscite sur la nouvelle constitution au Chili ont une similitude d’une importance politique significative.

Photo : José Pereira (CC BY-NC-ND 2.5)

Article de Jaime Osorio (enseignant à l’Université autonome métropolitaine, siège Xochimilco) publié le 29 octobre 2020 et traduit par Françoise Couëdel pour Agencia Latinoamericana de Información / ALAI.


Cette simultanéité entre les processus de l’un et l’autre pays s’est manifestée à partir de 2019, bien que sous des formes différentes. C’est en octobre de cette année-là que débutèrent les mobilisations semi-insurrectionnelles au Chili, qui ont entraîné postérieurement les accords pour organiser le récent plébiscite. Et c’est un peu moins d’un mois plus tard de cette même année que le coup de force a mis fin au gouvernement d’Evo Morales et du MAS en Bolivie.

La période sur laquelle s’étendent les deux processus en marche en 2020 est très brève. Avec raison on pourrait soutenir que les jugements précipités présentent d’énormes dangers. Mais certains éléments permettent de penser que nous sommes au seuil d’une nouvelle ère et de possibles évolutions qui marquent une rupture par rapport aux tergiversations précédentes.

Que peuvent indiquer les évènements survenus en Bolivie et au Chili en octobre 2020 ? Est-ce la contingence pure qui prévaut ou y a-t-il des signes de situations qui vont perdurer ?

Je soutiendrai ici que ce qui s’est passé récemment dans ces deux pays est le signe que la force sociale des dominés a augmenté, grâce à leur capacité d’organiser des mobilisations massives, leur persistance, leur prise d’initiative, leur réorganisation rapide en dépit des coups infligés, tandis que la pression des secteurs dominants s’est affaiblie car leurs bases d’appui social se trouvent fragilisées par l’imbrication de la crise économique, de la pandémie, de l’absence de projets et de la perte de perspectives.

Ce qui s’est produit en Bolivie en 2019 et en 2020 nous met face à une situation paradoxale qui oblige à formuler la question : quel a été le sens du coup de force de 2019 à la lumière de ce qui vient de se produire en 2020 ? (…)

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