🇨🇺 🇺🇸 Cuba «Les entreprises étrangères ne fournissent plus les pièces nécessaires par crainte de représailles étasuniennes » (entretien avec Salim Lamrani / Luis Reygada / L’Humanité)


Alors que l’île se remet peu à peu sur pied après le passage de l’ouragan Rafael, qui a notamment provoqué un nouvel effondrement du système électrique, l’universitaire Salim Lamrani revient sur la responsabilité des États-Unis dans la situation dramatique qui frappe la population cubaine. Entretien.

Les cubains constatent les dégâts après le passage de l’ouragan Rafael. Ici à Batabano, province de Mayabeque, le 7 novembre. Photo AFP / Yamil LAGE

Rafael, un ouragan de catégorie 3, a balayé Cuba du sud au nord, ce mercredi, avant de perdre en intensité en pénétrant dans le Golfe du Mexique. Les vents très violents, allant jusqu’à 185 km/h, n’ont pas fait de victimes mais ont toutefois provoqué l’effondrement du système électrique de l’île pendant près d’une journée. Cuba, qui avait déjà souffert un black-out général deux semaines auparavant, souffre en effet d’un réseau électrique fragile, presque intégralement dépendant des combustibles fossiles pour alimenter ses huit vétustes centrales thermoélectriques.

À ce propos, le dernier rapport présenté en 2023 par le secrétaire général de l’Assemblée générale de l’ONU sur la “Nécessité de lever le blocus imposé à Cuba par les États-Unis” soulignait l’impact direct causé aux infrastructures électriques du pays par le désengagement d’entreprises internationales en matière de fourniture de pièces de rechange, à la suite de l’application extraterritoriale des sanctions américaines. « Cuba ne peut pas acquérir le carburant nécessaire pour ses centrales thermoélectriques, ni les pièces de rechange indispensables à la maintenance des infrastructures », souligne Salim Lamrani, tout en rappelant l’impact funeste des politiques mises en place contre l’île par le nouveau président-élu des Etats-Unis, Donald Trump, lors de son premier passage à la Maison Blanche (2016-2020). 

Les États-Unis sont les principaux responsables de la situation dramatique dans laquelle se trouvent les Cubains. Washington impose depuis plus de six décennies des sanctions économiques inhumaines qui affectent tous les secteurs de la société cubaine et constituent le principal obstacle au développement de l’île.  

Cuba ne peut pas acquérir le carburant nécessaire pour ses centrales thermoélectriques, ni les pièces de rechange indispensables à la maintenance des infrastructures. Les États-Unis menacent de sanctions les armateurs et les compagnies maritimes qui acheminent du carburant à Cuba. Par ailleurs, plusieurs entreprises, qui fournissaient des pièces de rechange nécessaires à l’entretien des sites électriques, ont cessé leurs échanges commerciaux avec Cuba par crainte de représailles étasuniennes. 

Les sanctions économiques coûtent en moyenne 5 milliards de dollars par an, soit 15 millions de dollars par jour, ou encore 10 000 dollars par minute à Cuba ! Depuis leur imposition en 1960, elles ont coûté un total de 165 milliards de dollars. (…)

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