🇬🇹 Guatemala : lourdes peines requises contre l’ex-général Benedicto Lucas García pour génocide (Steven Soarez / Viralmag)


Au Guatemala, un ex-général de 92 ans risque 2860 ans de prison pour le génocide d’indigènes mayas sous la dictature. Un procès historique qui ravive les fantômes d’une guerre civile sanglante. Quelle sera l’issue de ce terrible face-à-face avec la justice ?

Benedicto Lucas en vidéoconférence pendant le procés. Photo La Hora : Sergio Osegueda 7novembre 2024

Guatemala. Ce nom résonne aujourd’hui comme un cri de justice étouffé depuis des décennies. Au cœur de l’Amérique centrale, les fantômes d’une guerre civile sanglante refont surface lors d’un procès historique. Sur le banc des accusés : Benedicto Lucas García, un ex-général nonagénaire soupçonné d’avoir orchestré le génocide de plus de 1200 indigènes mayas ixils entre 1978 et 1982. Le verdict tant attendu pourrait sceller le destin d’une nation hantée par son passé.

Ce jeudi [7 novembre], dans un tribunal guatémaltèque, les mots de l’accusation claquent comme un coup de tonnerre. La procureure Mercedes Morales requiert la peine maximale contre Benedicto Lucas García : 2860 ans de réclusion. Trente ans pour génocide, trente ans pour crimes contre l’humanité, et 2800 ans pour la disparition forcée de soixante-dix personnes. Un réquisitoire implacable qui vise à faire entrer ce procès dans l’Histoire.

Image : Agencia Ocote

Pour étayer ses arguments, la procureure déroule les preuves accablantes : documents militaires, rapports médico-légaux, témoignages poignants de survivants… Autant de pièces qui démontrent, selon elle, “l’intention de l’accusé de détruire l’ethnie maya ixil”, considérée comme un ennemi de l’intérieur par le régime de l’époque. Des opérations militaires “impitoyables” qui n’épargnaient ni les enfants, ni les personnes âgées, ni même les femmes enceintes. Une page sombre de l’histoire guatémaltèque que ce procès entend mettre en lumière.

Dans le box des accusés, Benedicto Lucas García, 92 ans, écoute le réquisitoire via vidéoconférence depuis un hôpital militaire où il est détenu. L’ex-général n’en est pas à son premier rendez-vous avec la justice. En 2018, il a déjà été condamné à cinquante-huit ans de prison pour la disparition forcée d’un jeune homme et le viol et la torture de sa sœur. Des crimes commis en 1981, lorsque la famille de ces victimes avait été qualifiée de “subversive”.

Malgré son grand âge et son état de santé précaire, l’ancien chef d’état-major doit désormais répondre de son rôle présumé dans le génocide des Mayas ixils. Un crime pour lequel son frère, l’ex-dictateur Romeo Lucas García, décédé en 2006, ne sera jamais jugé.

Pour les Mayas ixils, minorité indigène des hauts plateaux du Guatemala, ce procès est une étape cruciale vers la reconnaissance de leur tragédie. Entre 1978 et 1982, plus de 1200 membres de cette communauté ont été massacrés par les forces armées qui les considéraient comme des alliés de la guérilla. Hommes, femmes, enfants, personne n’a été épargné par cette folie meurtrière.

Un génocide en règle, planifié et exécuté froidement par le régime militaire de l’époque. Une réalité longtemps niée, enfouie sous des décennies de déni et d’impunité. Mais aujourd’hui, pour la deuxième fois dans l’histoire du pays, la justice est appelée à reconnaître et condamner ce crime innommable. (…)

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