Déclaration de la Plateforme française de solidarité avec Haïti

Depuis près de dix ans, le peuple haïtien subit un régime politique mafieux, appuyé par une fraction de la bourgeoisie locale, à travers des élections truquées, en dehors des normes élémentaires de la morale publique et de l’éthique, sous le silence coupable de la communauté internationale, malgré les appels lancés par la campagne STOP SILENCE HAÏTI, que nous soutenons.

FAL est signataire de cet appel.

Le mensonge, le vol, la corruption généralisée et banalisée, l’indécence, la pratique d’assassinats ciblés, l’insécurité d’État planifiée, le kidnapping officialisé et l’organisation de massacres répétés dans les quartiers défavorisés, tout cela constitue la toile de fond de l’actuel régime PHTK accroché illégalement au pouvoir depuis le 7 février 2021. Jovenel Moise multiplie des décrets liberticides visant à établir un régime autocratique comme celui des sinistres Duvalier. Durant toute la période de son mandat, aucune élection n’a eu lieu, et paralysie du système judiciaire devenu le dernier rempart institutionnel. La détention préventive prolongée devient une préoccupation première des organisations de droits humains selon le centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH).

Le séisme de 2010 a causé environ trois cent mille morts et plus d’un million cinq-cent mille sans-abris en Haïti. Un vaste pillage des ressources avec le soutien de l’État est en cours, alors que les fonds confiés à la Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti (CIRH), dirigée par l’équipe de Bill Clinton et de Jean Max Bellerive, ont été dilapidés. On assiste à une destruction systématique des conditions de travail et de vie des paysans appauvris, à l’accaparement de leurs terres transformées en zone franche et à la destruction de l’environnement qu’ils sont les seuls à aménager. Aujourd’hui, la population haïtienne fait face à une situation de précarité aiguë et de terrible danger. Le nombre de Haïtien.nes affrontant les affres de la faim a été multiplié par deux sous la présidence de Jovenel Moïse (2016-2021). Les femmes paient un prix élevé, victimes de la violence politique et économique, de la violence militaire et paramilitaire, victimes également de la forte augmentation des féminicides et des viols.

Pour compléter ce tableau, plusieurs massacres ont été commis dans les quartiers populaires défavorisés sans déclencher de réaction des alliés locaux et internationaux du pouvoir en place. Cette révoltante et insupportable situation s’est encore aggravée avec la crise du Coronavirus (2020) sans nullement retenir l’attention de la représentante spéciale du secrétaire général des Nations Unies en Haïti.

Les associations, premières signataires de cette plateforme, veulent briser en France le mur du silence notamment sur les actions menées par les Haïtiens/Haïtiennes tant à l’intérieur du pays que dans la diaspora. Par cette déclaration nous appelons au rassemblement de toutes celles et tous ceux qui en France, sont disponibles aujourd’hui pour renforcer le processus d’organisation de cette solidarité internationale dans notre pays. C’est l’un des facteurs essentiels et nécessaires à l’instauration des conditions du changement en Haïti, de son système politique, économique, social actuel et à la défense des intérêts du peuple d’Haïti, notamment ceux des populations défavorisées.

Le peuple haïtien ne demande qu’à prendre en main son destin, recouvrer sa souveraineté, assurer le respect de sa Constitution et donc inverser cette situation intenable. C’est la principale revendication du peuple haïtien en lutte. C’est la nôtre ! Pour sortir Haïti de ce marasme actuel et ses enfants de ce cauchemar irréel, s’impose à nous peuples d’Europe et du monde, une solidarité internationale urgente, concrète et susceptible d’accompagner ce peuple sur le chemin qu’il se sera choisi pour la construction de son propre avenir.

Il y a urgence d’exiger : l’abandon de l’idée de modifier la Constitution du 10 mars 1987 par référendum, la mise en place d’un organisme indépendant pour l’organisation d’élections communales et législatives comme présidentielles dans les meilleurs délais, le respect des droits humains et que cesse les violences, les assassinats, et les enlèvements perpétrés par des gangs organisés.

Nous vous invitons à nous rejoindre pour construire ensemble un large mouvement de solidarité avec le peuple d’Haïti, sous la forme d’une plate-forme française regroupant : associations, syndicats, élu.es territoriaux et parlementaires, et nous associer à celles et ceux qui font de même en Europe et dans le Monde.

Paris, le 18 mai 2021
[email protected]

Premiers signataires :

  • France Amérique Latine (FAL)
  • Collectif Haïti de France
  • Action citoyenne pour le respect des droits des Haïtiens vivant à l’étranger
  • ACDH NEPHTALI
  • Association coopérative l’Espérance
  • Association Culturelle Franco-Haïtienne : POUR HAÏTI
  • Association génération d’action (AGDA)
  • Association GRANDIR EN HAÏTI
  • Association Haïtimoun32
  • Association des Haïtiens unis pour le Développement et de la culture (AHUDC)
  • Association KA-Théâtre
  • Caribéenne et Afro-Canadienne en France
  • Centre Anacaona Droits Humains Haïti
  • CIDIHCA France – le Centre International de Documentation et d’Information haïtienne,
  • Codev Occitanie
  • Forum Haïtien pour la paix et le développement durable
  • Relais France-Europe de la Fondation Max Cadet d’Haïti

Nos précédents communiqués:
Solidarité avec le peuple haïtien
Stop au silence et à la complicité internationale