Deux mois après la rupture d’un barrage, la catastrophe continue au Brésil (Émilie Massemin / Reporterre)
La rupture, le 25 janvier, du barrage de la mine de Córrego do Feijão, à Brumadinho, au Brésil, a fait plus de 300 morts et disparus. De nombreux habitants sont sans logement et les pollutions aux métaux lourds touchent cinq États. Face à l’inaction du gouvernement et de l’entreprise, une organisation se démène pour défendre les victimes.
Le 25 janvier 2019, le barrage de la mine de Córrego do Feijão, dans l’État du Minas Gerais, au Brésil, cédait. Treize millions de tonnes de boues contenant des métaux lourds engloutissaient la ville de Brumadinho, où vivent 39.000 habitants. Et pour Leticia Oliveira, membre de la coordination nationale du Movimento dos atingidos por barragens (mouvement des personnes affectées par les barrages, MAB), et Moisés Borges de Oliveira e Silva, coordinateur national du MAB, la catastrophe se poursuit jour après jour, au rythme de la progression de la coulée de boue toxique dans le fleuve San Francisco.
Le bilan humain définitif n’est toujours pas établi. Pour l’heure, « 169 morts et 141 disparus ont été recensés et les chiffres changent tous les jours. Les pompiers continuent à rechercher les corps », indique M. Borges à Reporterre, lors d’une rencontre à l’association France Amérique latine, le 12 mars, à Paris. 138 familles ont vu leur maison détruite et 24.000 ont été évacuées, selon l’association. En théorie, c’est à l’entreprise Vale, premier producteur de minerai de fer au monde et propriétaire de la mine, de les reloger. Le 28 janvier, la justice locale et fédérale a saisi 11,8 milliards de réaux (environ 2,75 millions d’euros) sur les comptes de la compagnie, au titre de réparation. « Mais pour l’instant, les familles sont hébergées à l’hôtel », explique Mme Oliveira. Idem pour l’accès à l’eau et à la nourriture : « L’approvisionnement en bouteilles d’eau et en paniers de nourriture est assuré par le groupe, mais nous avons besoin d’une solution de plus long terme pour que les gens puissent se débrouiller seuls », insiste M. Borges (…)