L’ancien président du Brésil Michel Temer sous les verrous (Chantal Rayes/ Libération)

L’ex-chef d’Etat a été arrêté dans le cadre de l’immense enquête anticorruption Lava Jato. Mais si cette grosse prise montre que personne n’est intouchable, la manœuvre risque surtout de bénéficier au président d’extrême-droite Jair Bolsonaro.

L’arroseur arrosé ? L’arrestation pour faits de corruption, de l’ancien président du Brésil, Michel Temer (droite), ne réjouit pas même la gauche qu’il a œuvré à chasser du pouvoir. Et pour cause : cette preuve supplémentaire de la ruine du «système» politique construit après la fin de la dictature militaire, en 1985, ne peut que faire le jeu de Jair Bolsonaro, l’outsider d’extrême droite élu président en octobre dernier.


Photo: Lula Marques/Agência PT

Michel Temer, air compassé, verbe châtié et… putschiste, golpista, selon la gauche. Cinq ans durant, il fut le vice-président de Dilma Rousseff (Parti des travailleurs, PT), la dauphine de Lula, avant d’œuvrer à sa destitution, en 2016, au terme d’une procédure plus que discutable. Ce briscard de la politique, 78 ans aujourd’hui, avait conspiré ouvertement avec les adversaires du PT. Ironie du sort, la toile de fond de l’«impeachment» sert aussi de motif pour son arrestation : la désormais célèbre opération Lava Jato («lavage express»), tentaculaire enquête qui a mis à nu le financement illicite, via des commissions sur des marchés publics surfacturés, de partis politiques de tous bords. En tête desquels, le PT, alors au pouvoir depuis 2003 avec Lula, puis Dilma Rousseff, et son principal allié, le Mouvement démocratique brésilien (MDB) de Temer (…)

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