Du Honduras aux États-Unis, avec les passagers de la «caravane» (articles de Emmanuëlle Steels -Libération et de Christophe Ventura-Mémoire des Luttes)

Partis à pied à la mi-octobre en direction de la frontière américaine, plus de 5 000 migrants ont fait halte mercredi à Mexico. Quatre d’entre eux racontent à «Libération» les raisons de leur exil, imposé par la violence ou la situation économique dans leur pays.

Caravane a Guadalajara (Proceso Digital)

Près de 5 500 migrants centraméricains, dont 1 700 enfants, sont hébergés ces derniers jours dans la Ciudad Deportiva de Mexico, un complexe sportif transformé en campement par les autorités municipales. Au Mexique, on parle de «caravane» ou d’«exode centraméricain», phénomène qui n’est pas nouveau mais qui a adopté la stratégie d’un déplacement par grands groupes. «Les migrants ne se cachent plus, ils s’unissent et se montrent pour se protéger», explique Bartolo Fuentes, journaliste hondurien et défenseur des droits des migrants, accusé par le gouvernement de son pays et par Washington d’avoir organisé la caravane. En réalité, Bartolo Fuentes avait seulement plaidé pour une émigration groupée, afin d’éviter les attaques des cartels et les arrestations au Mexique, pays qui a expulsé un demi-million de Centraméricains depuis 2015. Grâce au bouche à oreille et à la mobilisation sur les réseaux sociaux, une première caravane s’est formée le 13 octobre à San Pedro Sula, dans le nord du Honduras, attirant des milliers de personnes en cours de route. Trois autres groupes suivent, dans le sud du Mexique. Au total, plus de 10 000 migrants sont en chemin vers la frontière nord.

Les «caravanes» ont donné une visibilité médiatique à leur marche. Elles ont aussi servi d’inspiration à Donald Trump pour développer sa rhétorique anti-immigration en pleine campagne électorale pour les midterms. «Rentrez chez vous !» a-t-il tweeté à plusieurs reprises, qualifiant la caravane d’«invasion», et les migrants de «criminels». A la frontière avec le Mexique, des kilomètres de fil barbelé et plus de 5 000 militaires ont été déployés sur ordre de Trump pour «accueillir» les Centraméricains. Et vendredi, le Président a signé un ordre exécutif qui limite les conditions d’accès à l’asile des migrants arrivés illégalement. Pas assez pour les dissuader de tenter leur chance aux postes-frontières (…)

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Chroniques mexicaines de Christophe Ventura (Mémoires des Luttes)

Depuis « Ciudad Deportiva », le centre d’accueil de 5000 migrants de la « Caravane » centre-américaine.

Depuis 25 jours, ils marchent depuis le Honduras. Certains sont à Ciudad de Mexico, d’autres dans d’autres villes du Mexique, d’autres certainement sur les routes. Tous ont un objectif : rejoindre la frontière avec les États-Unis pour y faire valoir leurs droits de réfugiés, travailler, retrouver leurs familles. Certains, comme Quenedy (la cinquantaine), que nous rencontrons au stade « Palillo » dans la « Ciudad Deportiva », là où la ville a mis en place un centre d’accueil d’urgence pour 5 000 personnes du Triangle Nord (Honduras, Guatemala El Salvador) – auxquelles s’ajoutent certaines du Nicaragua- ne transigeront pas : « Je ne resterai pas ici. Je vivais avec ma femme et mes deux enfants aux États-Unis en Virginie, j’y travaillais avant d’être déporté (« deportacion » est le terme utilisé ici pour parler d’expulsion) en 2015. Et au Honduras quoi ? J’ai un petit commerce et chaque mois je dois donner la moitié de ce que je gagne au gang du coin (la « pandilla »). Que puis je faire ? Je ne peux pas vivre dans ces conditions. L’Etat ne me protège pas, il n’existe aucune perspective économique pour nous. Je veux retrouver ma famille. » Une histoire parmi tant d’autres (…)

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