Élections présidentielles et législatives du 21 novembre au Chili (revue de presse)


Deux ans après le début d’un grand mouvement social qui a bouleversé le pays, le premier tour des élections présidentielles et législatives s’est déroulé dimanche 21 novembre avec un taux d’abstention de 53%. C’est le candidat d’extrême droite José Antonio Kast qui arrive en tête de la présidentielle avec près de 28 % des voix, devant le représentant de la gauche, Gabriel Boric, 25,71% .

Ces deux candidats s’affronteront le 19 décembre au second tour dans un panorama politique très polarisé. Les partis qui ont gouverné le pays depuis le retour à la démocratie seront absents. Quelle que soit l’issue du scrutin, le futur président du Chili n’aura pas de majorité simple au Parlement pour gouverner, obligeant à des alliances avec le centre et les candidats indépendants.

Le 21 novembre, on votait également pour la Chambre des députés et la moitié du Sénat. Tandis qu’au mois de mai 2021 les Chiliens plébiscitaient les candidats indépendants et de gauche lors de l’élection de la Convention constitutionnelle, ils ont voté cette fois-ci pour les partis traditionnels.


José Antonio Kast et Gabriel Boric. Photos Claudio Reyes et Martin Bernetti / AFP

«C’est un Chili très conservateur qui s’est exprimé dans les urnes»
(interview de Franck Gaudichaud par Mikaël Ponge / RFI)

Deux candidats à l’opposé de l’échiquier politique, José Antonio Kast pour l’extrême droite, et Gabriel Boric, ancien leader étudiant et député de 35 ans, pour la gauche, se sont qualifiés dimanche 21 novembre pour le second tour de la présidentielle au Chili. L’analyse de Franck Gaudichaud, professeur en études latino-américaines à l’Université Toulouse Jean-Jaurès. 

RFI : L’extrême droite est arrivée en tête du premier tour de la présidentielle, deux ans après un grand soulèvement social contre les inégalités et alors que le Chili est en pleine rédaction d’une Constitution pour remplacer celle issue de la dictature. Comment interpréter un tel résultat ?

Franck Gaudichaud : C’est une surprise en partie, une contre-réaction face au cycle politique qui s’est ouvert avec la grande révolte sociale de 2019 et la rédaction de la nouvelle Constitution. C’est le parti du retour à l’ordre, à la critique des mouvements sociaux et une vision xénophobe et nationaliste qui l’emportent.

C’est un Chili très conservateur qui s’est exprimé dans les urnes. José Antonio Kast a réussi à mobiliser un électorat déboussolé face à ce changement de cycle politique – des classes moyennes, populaires et une partie des élites – sur un discours très dur, revendiquant la dictature, l’ordre, le nationalisme.

Il y a une grande déception dans l’espace politique de Gabriel Boric à gauche et surtout une grande préoccupation : quelle sera sa capacité à mobiliser les 53% d’abstentionnistes, notamment au sein des classes populaires, face à une option politique d’extrême droite qui menace toute la perspective de changement social qui s’est ouverte au Chili depuis 2019.

Ces abstentionnistes, pour qui peuvent-ils se mobiliser ?

C’est la grande inconnue. Et le défi en particulier pour la gauche et Gabriel Boric, alors que José Antonio Kast a une réserve de voix bien plus consolidée sur la droite et se trouve donc en meilleure position. Le défi pour le parti communiste et Gabriel Boric, c’est de mobiliser ces secteurs déçus de la politique et qui rejettent le système électoral dans son ensemble. Yasna Provoste, représentante de la démocratie chrétienne [12% des voix, NDLR], c’est plutôt le centre droit allié avec le parti socialiste. Elle a une relation très difficile avec le secteur de la gauche, si bien qu’elle n’a pas dit ouvertement qu’elle appellerait à voter Boric, même si elle a rejeté très clairement l’option Kast. Il y a donc un travail de négociation qui a déjà débuté pour essayer de reconstruire des alliances et mobiliser pour le second tour. (…)

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Une arithmétique électorale diabolique pour un avenir plus incertain
(Diego Pérez de Arce/ Espaces Latinos)

Les Chiliens ont voté dimanche 21 novembre 2021. Avec 27,9 % des voix, le candidat d’extrême droite Juan Antonio Kast obtient la majorité relative ; il est suivi par le jeune candidat de gauche Gabriel Boric. Tout les oppose et, quel que soit le vainqueur du deuxième tour, la voie de « gouvernementalité » qui les attend semble bien étroite.

Avec environ la moitié seulement d’électeurs inscrits, les résultats des votes sont imprédictibles, d’autant plus que la moitié qui s’est mobilisée le 21 novembre, semble différente de celles qui l’ont précédée lors des élections pour l’assemblée constituante. Dimanche 21 novembre, avec sept millions de votants (sur 15 millions, soit 47,3 % de participation), les résultats des sept candidats au premier tour des présidentielles, sont incertains : Juan Antonio Kast, extrême droite, admirateur d’Augusto Pinochet et fan du Brésilien Jair Bolsonaro, obtient 27,9 % des voix, tandis que Gabriel Boric, le plus jeune candidat, issu des mouvements sociaux, obtient 25,8 %.

Les partis traditionnels sont les grands perdants, ils ont été écartés du second tour : Sebastián Sichel, droite, représentant les partis du président Sebastián Piñera, n’a eu que 12,8 % et Yasna Provoste, la seule candidate féminine, à la tête de la Concertation (regroupant essentiellement le PS et la Démocratie chrétienne), a à peine récolté 11,6 % des votes. Marco Enríquez-Ominami (MEO), candidat pour la 4e fois, situé quelque part entre Boric et Provoste, n’a eu qu’un petit 7,6 % des votes. La surprise a été créée par Franco Parisi du Mouvement pour les gens (sous-entendu, « contre les politiques ») – absent du pays pendant la campagne électorale en raison de poursuites pour des questions de pension alimentaire –, qui arrive avec 12,8 % !

En appliquant l’arithmétique la plus simple : Boric (+ Provoste + MEO) obtiendrait 45,1 % ; Kast (+ Sichel) 40,7 %. Forts de 12,8 %, les électeurs de Parisi, considérés plutôt à droite, seraient en position d’arbitres. Mais les choses sont toujours beaucoup plus complexes qu’ils ne paraissent à première vue. Les résultats des trois autres votes qui ont eu lieu le même dimanche 21, peuvent malgré tout aider à comprendre, partiellement, ces résultats. Ces votes ont eu pour objet le renouvellement de la moitié du Sénat, de la totalité de la Chambre des députés et des conseillers régionaux (Cores). (…)

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Un pays profondément divisé
après le premier tour de la présidentielle (RFI)

Au Chili, les électeurs ont voté pour le premier tour de la présidentielle, hier, dimanche 21 novembre,  pour désigner un successeur au conservateur Sebastian Piñera. Le résultat montre un pays profondément divisé.En tête, les Chiliens ont porté le candidat d’extrême droite José Antonio Kast, un avocat de 55 ans, nostalgique de Pinochet et porteur d’un programme ultra conservateur. Face à lui, se trouve Gabriel Boric, 35 ans à peine, le candidat de la gauche progressiste, partisan de la mise en place d’un État providence « à l’européenne ».

Photo Ernesto Benavides / AFP

On peut dire que le Chili a tourné une page de son histoire politique hier, écrit notre envoyé spécial au Chili, Raphaël Moran. Les deux coalitions qui se sont partagé le pouvoir depuis la fin de la dictature disparaissent derrière deux candidatures plus radicales. Le candidat d’extrême droite José Antonio Kast, d’abord, qui se pose en héritier de Pinochet, et qui a su récupérer les voix de la droite de gouvernement, très affaiblie par l’impopularité du président Piñera.

Kast accède au second tour avec près de 28% des voix : il a fait campagne sur le retour à l’ordre dans les rues, contre le droit à l’avortement il se pose en candidat de la liberté contre le communisme. Devant ses partisans, réunis dans les quartiers chics de Santiago, le candidat d’extrême droite a de nouveau insisté sur la sécurité et attaqué son concurrent Gabriel Boric, « la seule candidature présidentielle qui représente une alternative pour faire face aux narcotrafiquants et aux délinquants, la seule option qui mettra fin au terrorisme, c’est notre candidature. Il n’y en a pas d’autre. Car Gabriel Boric et le parti communiste veulent grâcier les vandales qui détruisent. Gabriel Boric et le parti communiste ont dit eux-même qu’ils souhaitent l’instabilité pour notre pays, et qu’ils veulent continuer sur le chemin de la haine, de l’intolérance, et de la destruction. Cela doit se terminer », lance-t-il au micro de notre correspondante à Santiago, Justine Fontaine.

« Résultat douloureux »

Il est talonné par Gabriel Boric (25,71% des suffrages), l’ancien leader étudiant, figure de cette nouvelle gauche qui veut satisfaire les revendications de justice sociale exprimées depuis les grandes mobilisations de 2019 : « Nous allons mener à bien les transformations structurelles auxquelles nous aspirons pour en finir avec le système injuste des fonds de pensions, et pour un système de santé juste et digne », dit-il ainsi. Son mouvement fait une percée importante à la Chambre des députés également. Mais, face au score inattendu de l’extrême droite, les partisans de l’ancien leader étudiant ne cachent par leur inquiétude devant la publication des résultats du premier tour. (…)

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L’extrême droite en tête du premier tour de la présidentielle
Anaïs Dubois / Les Échos

Surprise et perplexité au Chili à la suite des résultats du premier tour d’un scrutin historique . Le candidat d’extrême droite, José Antonio Kast (Parti républicain), est arrivé en tête de l’élection présidentielle avec 27,9 % des votes et sera opposé, au second tour, à Gabriel Boric, candidat de la coalition de gauche (« Pour la dignité ») qui a réuni 25,8 % des votes.

La participation, que l’on attendait supérieure à celle de l’élection de 2017, a été équivalente, avec environ 53 % d’abstention. Le second tour, qui aura lieu le 19 décembre, promet d’être particulièrement polarisé et incertain. Les partis traditionnels qui ont gouverné le Chili depuis le retour à la démocratie il y a trente ans, y seront absents. Si les sondages avaient vu juste en annonçant ces deux candidats au second tour, la surprise est venue du troisième homme, Franco Parisi (Parti pour les gens). Ce candidat de droite libérale antisystème a réussi à récolter 12,8 % des votes depuis l’Alabama, aux États-Unis, où il réside, sans mettre les pieds au Chili pendant toute la campagne. Le candidat est sous le coup d’un procès concernant une importante dette de pension alimentaire et n’a pas voté dimanche, faute d’avoir fait les démarches à temps pour pouvoir le faire depuis les États-Unis.

Second tour « difficile »

« Rien des révoltes sociales , ni du référendum sur la Constitution , ni de l’élection de l’Assemblée constituante n’est reflété ici », regrette Claudio Ramirez, électeur indépendant de gauche, en référence au processus de transformation politique et institutionnelle à l’œuvre depuis 2019 dans le pays. Il estime qu’il lui faudra « plusieurs jours pour digérer et comprendre un peu mieux ce qu’il se passe dans notre pays ». (…)

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Présidentielle au Chili : José Antonio Kast,
ou la résistible ascension d’un nostalgique de Pinochet
(Rosa Moussaoui / L’Humanité)

Au terme d’une campagne propre à exciter toutes les peurs, le candidat d’extrême droite est arrivé, dimanche, en tête du premier tour de l’élection présidentielle, devant le candidat de gauche Gabriel Boric.

Soutenu, entre autres, par les églises évangéliques, José Antonio Kast a obtenu 27,91 % des suffrages. © Pablo Sanhueza/Reuters

Il a surgi de l’ombre voilà tout juste un mois, attirant à lui tous les micros, hantant tous les écrans, caracolant d’un coup d’un seul en tête de tous les sondages. Au terme d’une campagne rythmée par les provocations et les mensonges, axée sur l’ordre et la sécurité, propre à exciter toutes les peurs, un nostalgique de la dictature d’Augusto Pinochet est arrivé, dimanche, en tête du premier tour de l’élection présidentielle au Chili. José Antonio Kast, 55 ans, obtient 27,91 % des voix, devant le candidat de gauche Gabriel Boric (25,83 %), un ancien leader étudiant qui portait les couleurs de la coalition Apruebo Dignidad réunissant, entre autres, le Frente Amplio et le Parti communiste chilien. Fait surprenant, la troisième place revient, avec 12,80 % des suffrages, à Franco Parisi, un ultralibéral au discours antipolitique, prompt à vitupérer les élites, qui a mené campagne sur les réseaux sociaux depuis les États-Unis, sans mettre un pied au Chili en raison de ses démêlés judiciaires pour non-versement de pensions alimentaires. Celui-ci pourrait offrir à Kast, au second tour, une réserve de voix inespérée.

Suivent au coude-à-coude la candidate de la Démocratie chrétienne soutenue par le Parti socialiste, Yasna Provoste (11,61 %) et, à droite, Sebastian Sichel (12,79 %), qui a traîné comme un boulet l’impopularité du président sortant, Sebastian Piñera, empêtré dans des scandales de corruption et d’évasion fiscale, et dont l’effondrement a contribué de façon décisive à l’ascension du candidat d’extrême droite. À rebours d’une campagne lisse et polie, pour laquelle il a joué la carte de la modération, ce dernier, dimanche soir, s’est immédiatement dit « prêt à discuter » avec Kast, en dépit de ses « différences »« José Antonio Kast représente un esprit totalitaire et fasciste. Nous ne pouvons pas tolérer le fascisme », a au contraire mis en garde Provoste. (…)

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José Antonio Kast, fils d’officier de la Wehrmacht
et nostalgique de Pinochet au second tour de la présidentielle
(Sacha Nelken / Libération)

José Antonio Kast, dans un meeting, le 25 octobre. (Ivan Alvarado /REUTERS)

L’avocat de 55 ans, multimillionnaire, hostile à l’avortement, au mariage pour tous et qui veut armer les citoyens pour se défendre, affrontera au second tour le candidat de gauche Gabriel Boric.

Les États-Unis ont eu Donald Trump, le Brésil Jair Bolsonaro. Serait-ce le tour du Chili de voir arriver à sa tête un président très droitier ouvertement réac et sexiste ? Alors que les Chiliens étaient appelés aux urnes, dimanche, pour le premier tour d’une élection présidentielle particulièrement polarisée, le candidat d’extrême droite José Antonio Kast est parvenu à se qualifier pour le second tour où il affrontera le prétendant de gauche, Gabriel Boric.

Fils d’un ancien officier de la Wehrmacht réfugié d’abord en Argentine puis au Chili après la Seconde Guerre mondiale, cet avocat de 55 ans est loin d’être un nouveau venu en politique. José Antonio Kast avait été élu pour la première fois député de Santiago en 2002 sous les couleurs de l’Union démocrate indépendante (UDI), parti conservateur fondé par des catholiques. Il est ensuite réélu trois fois au Parlement chilien et dirige même le groupe parlementaire du parti de 2008 à 2011. Le multimillionnaire quitte finalement l’UDI en 2016 pour se présenter une première fois à l’élection présidentielle en 2017. Kast ne recueille alors que 7,9 % des voix et ne peut faire mieux qu’une quatrième place.

Ultralibéral et conservateur

Cette fois, José Antonio Kast fait donc partie des favoris. Le candidat du Parti républicain – parti qu’il a fondé en 2019 – n’a pourtant pas changé une virgule à son programme. Comme en 2017, l’ancien député chilien défend un projet ultralibéral économiquement et très conservateur sur le plan sociétal. L’ancien proche du président sortant, Sebastián Piñera, suggère par exemple de donner un maximum de liberté aux marchés financiers. L’avocat fait également son beurre sur l’insécurité grandissante qui touche le Chili depuis plusieurs années en proposant d’autoriser le port d’armes pour les civils et le droit de tirer sur les cambrioleurs ou de fermer les frontières avec la Bolivie expliquant que cela permettrait de lutter efficacement contre le trafic de drogues. Le richissime avocat envisage également de creuser un fossé à la frontière nord du Chili pour éviter l’arrivée de migrants latino-américains. (…)

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Présidentielle au Chili : la gauche et l’extrême droite au second tour
(France 24)

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