Élections au Venezuela : les points de vue de Jean-Jacques Kourliandsky (Institut de Relations Internationales et Stratégiques/IRIS), de Christophe Ventura (Mémoire des Luttes) et de Patrick Guillaudat (Barril-Infos)
Élections au Venezuela : entre pénurie démocratique et ingérences étrangères (Jean-Jacques Kourliandsky/Institut de Relations Internationales et Stratégiques/IRIS)
Nicolás Maduro a été réélu président du Venezuela avec près de 67,7 % des voix, élection sujette à de nombreuses contestations au sein du pays comme à l’international. La crise politique et économique se perpétue au Venezuela dans un contexte géopolitique défavorable à Caracas. Face à une abstention record, une non-reconnaissance de l’issue du scrutin par l’opposition, et la menace de sanctions de la part des États-Unis, le Venezuela s’enlise-t-il dans une crise encore plus profonde ? Pour analyser la situation, le point de vue de Jean-Jacques Kourliandsky, chercheur à l’IRIS, qui revient d’une mission d’observation des élections au Venezuela.
La société vénézuélienne est fatiguée politiquement parlant. Ce sentiment s’est ressenti à travers une abstention record atteignant les 54% de non-participation. Cette abstention n’est pas uniquement due à l’appel lancé par un certain nombre de partis d’opposition. De nombreux électeurs, qui en 2013 avaient voté pour le président Maduro, ne l’ont pas fait cette fois-ci, non pas par opposition, mais parce qu’ils sont pris dans les difficultés de la vie quotidienne : il n’y a presque plus d’argent liquide en circulation, conséquence de l’hyperinflation. Une partie des Vénézuéliens est donc dans l’obligation de se livrer à plusieurs activités afin de pouvoir vivre. Cette vie quotidienne empreinte de difficultés repousse les questions politiques au second plan. Elle permet de comprendre l’accroissement de l’abstention dans les quartiers populaires. Pour une autre partie de la société vénézuélienne, représentative des classes aisées et moyennes, favorables aux partis d’opposition, plusieurs centaines de milliers de personnes ayant quitté le Venezuela et ses difficultés figurent dès lors comme abstentionnistes sur les listes électorales. C’est effectivement une victoire pour Nicolas Maduro, mais une victoire à la Pyrrhus. Pour autant, ce n’est pas une victoire pour l’opposition, qui est largement divisée. Le véritable vainqueur des élections est le parti des abstentionnistes. Ce qui fragilise tout à la fois l’assise de Maduro, mais également l’opposition qui apparaît incapable d’offrir une réelle alternative au pays. (….)
Lire la suite de l’interview de Jean-Jacques Kourliandsky sur: http://www.iris-france.org/113026-elections-au-venezuela-entre-penurie-democratique-et-ingerences-etrangeres/
Venezuela : danger (Christophe Ventura/Mémoire des Luttes)
L’élection présidentielle vénézuélienne vient de se dérouler, finalement sans surprise. Avant le scrutin, les données étaient claires. Nicolás Maduro devait, dans des conditions économiques et sociales bien connues, rassembler le vote chaviste. Pour sa part, l’opposition, défaite lors derniers scrutins de fin 2017, divisée, associée dans l’opinion publique vénézuélienne (indépendamment de ce que cette dernière peut penser de Nicolas Maduro) aux violences du printemps 2017, et mise sous pression par le gouvernement, partait en ordre dispersé. Dans sa majorité, elle appelait au boycott de l’élection, privilégiant la stratégie du « changement de régime », appuyée ici par Washington et chaque jour plus suivie par l’Union européenne, dont la France. Une partie, celle que représente Henri Falcón, partait elle à l’élection considérant qu’il faut battre le chavisme par les urnes, éviter un « changement de régime » appuyé par l’extérieur, trouver une solution de l’intérieur et assumer de gouverner maintenant pour changer de politiques économiques (dollarisation, sollicitation du FMI).(…)
Lire la suite de l’article de Christophe Ventura sur: http://www.medelu.org/Venezuela-danger
Maduro réélu sur fond d’abstention massive (Patrick Guillaudat/ Barril-Infos)
Pour cette élection présidentielle, quatre candidats avaient été retenus par le Conseil National Électoral. Outre Maduro, on trouvait Henri Falcón, ancien chaviste de la première heure (il avait été membre du Mouvement Bolivarien Révolutionnaire avec Hugo Chávez) qui, après avoir rompu avec le chavisme en 2010, avait décidé de créer Avanzada Progresista en 2012, parti qui a intégré la coalition de l’opposition de droite. Mais difficile d’être crédible pour un candidat qui demande dans son programme l’aide du FMI, ennemi juré de la « révolution bolivarienne »… Les deux autres candidats, de moindre envergure nationale, étaient Javier Bertucci, ancien pasteur évangéliste et homme d’affaires cité dans les Panama Papers, et Reinaldo Quijada, représentant un courant de gauche issu du chavisme. La MUD, regroupement des principaux partis d’opposition, avait été écartée de l’élection par décision du Tribunal suprême de justice du 25 janvier 2018. Son principal représentant, Henrique Capriles Radonski, avait déjà été condamné à quinze ans d’inéligibilité le 7 avril 2017. Vu les obstacles pour empêcher les candidatures des principaux partis d’opposition, la MUD a décidé de boycotter les élections. Seule une fraction de celle-ci, autour d’Avanzada Progresista, du COPEI (parti historique du Venezuela créé en 1946) et de quelques petites organisations, a décidé d’y participer en présentant la candidature d’Henri Falcón.(….)
Lire la suite de l’article de Patrick Guillaudat sur: https://www.barril.info/fr/actualites/venezuela-presidentielle-reelection-maduro-forte-abstention