🇪🇨 Équateur : menacé de destitution, le Président dissout le Parlement (revue de presse)


Accusé de corruption, menacé de destitution, convoqué mardi 16 mai par l’Assemblée nationale, le président équatorien Guillermo Lasso a annoncé mercredi 17 mai la dissolution du Parlement. C’est la première fois qu’un président équatorien a recours à ce droit de dissolution, qui ne peut être utilisé qu’à une seule reprise au cours des trois premières années de son mandat. En conséquence de ce dispositif dit de «muerte cruzada » («mort croisée»), les Équatorien.ne.s seront appelé.e.s aux urnes, d’ici trois mois,, pour élire leur président et leurs députés. L’opposition pourrait sortir renforcée de ces élections anticipées. Entre-temps, le président pourra gouverner par décrets, sous le contrôle de la Cour constitutionnelle.

Des membres de l’opposition à l’Assemblée nationale crient des slogans à l’ouverture du procès en destitution contre le président Lasso, à Quito, le 16 mai 2023 © AFP

Pour l’ancien président Rafael Correa (en exercice de 2007 à 2017), qui vit en exil en Belgique, la décision de Guillermo Lasso est « illégale » et relève d’un « coup d’État ». «  N’ayant pas les votes nécessaires pour se ­sauver d’une destitution imminente, Lasso réalise un lâche auto-coup d’État avec l’aide de la police et des forces armées, sans le soutien des ­citoyens », a de son côté réagi sur Twitter Leonidas Iza, le chef de la puissante organisation indigène Conaie. D’ici trois mois, les Équatoriens seront appelés aux urnes, de manière anticipée, pour élire leur président et leurs députés. Revue de presse

Article de Benjamin Delille / Libération

Guillermo Lasso, le président de l’Équateur menacé par une procédure en destitution, a décrété mercredi 17 mai la dissolution du Parlement entraînant des élections anticipées au motif d’une «grave crise politique».

Le président équatorien, Guillermo Lasso, le 16 mai 2023 à Quito. Dolores Ochoa/ AP

C’est un coup risqué qui pourrait bien lui coûter cher. Guillermo Lasso, l’impopulaire président conservateur, a décidé de dissoudre le Parlement qui s’apprêtait à voter en fin de semaine sa destitution. Soupçonné d’avoir détourné des fonds, cet ancien banquier de 67 ans venait pourtant de clamer sa «totale, évidente et incontestable innocence», mardi 16 mai devant les députés. Mais ce mercredi 17 mai, coup de théâtre : «En raison de la grave crise politique et des troubles intérieurs» qui secouent l’Equateur, le Président préfère «dissoudre l’Assemblée nationale», ce qui va lui permettre de gouverner par décret jusqu’à la tenue d’élections anticipées.

Une décision qui risque d’attiser la colère de l’opposition majoritaire de gauche à son égard. Elle qui espérait pouvoir utiliser cette procédure de destitution pour en finir avec la droite au pouvoir. Guillermo Lasso, arrivé à la présidence en 2021, est accusé de malversations dans le cadre d’un contrat d’État portant sur le transport de pétrole brut. «Il n’y a pas de preuves ou de témoignages pertinents. Au contraire», a-t-il réagi mardi soir devant les députés qui auraient dû réunir 92 voix (soit deux tiers des 137 députés) pour pouvoir le destituer.

Jeu dangereux

Ce vote n’aura donc pas lieu, et ce sont les voix des citoyens équatoriens qui compteront pour élire de nouveaux parlementaires. Mais à ce jeu-là, pas sûr que Guillermo Lasso sorte gagnant, tout juste aura-t-il obtenu un répit. Car l’opposition, dont une majorité se réclame de l’ancien président de gauche Rafael Correa (2007-2017), pourrait être renforcée dans un nouveau scrutin. Et en plus de risquer d’être défait dans les urnes, le Président menace avec cette dissolution de créer ce qu’il clame pourtant vouloir éviter : «Un problème social, une vraie instabilité», avertit le politologue Esteban Nichols. (…)

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Article de RFI / AFP

Menacé par une procédure de destitution, le président équatorien Guillermo Lasso a dissous ce mercredi 17 mai le Parlement au motif d’une « grave crise politique », entraînant des élections anticipées dans un pays miné par les querelles politiques.

Guillermo Lasso, le président de l’Équateur. © REUTERS

Guillermo Lasso, visé par un procès en destitution qui s’est ouvert mardi devant le Parlement, a décidé de « dissoudre l’Assemblée nationale en raison de la grave crise politique et des troubles intérieurs », indique un communiqué diffusé par ses services.

L’impopulaire président de droite, arrivé au pouvoir en mai 2021, est accusé par la gauche, majoritaire au Parlement monocaméral, de malversations dans le cadre d’un contrat public portant sur le transport de pétrole brut. L’opposition considère qu’il avait été averti de l’existence de ce dispositif, mais qu’il n’a pas agi pour l’arrêter.

Guillermo Lasso, ancien banquier de 67 ans, n’est cependant pas poursuivi par la justice dans le cadre de cette affaire. À l’ouverture de son procès en destitution, il a plaidé sa « totale, évidente et incontestable innocence » face aux députés. Dans la foulée de l’annonce de la dissolution du Parlement, Guillermo Lasso a demandé au Conseil national électoral (CNE) de convoquer des élections générales anticipées. La Constitution prévoit que l’organe électoral convoque, dans un délai maximal de sept jours après la publication du décret de dissolution, les élections législatives et présidentielles, pour compléter l’actuel mandat de quatre ans.

Un droit de dissolution utilisée pour la première fois par un chef d’État

« C’est une décision démocratique non seulement parce qu’elle est constitutionnelle, mais aussi parce qu’elle rend au peuple équatorien la possibilité de décider », a affirmé Guillermo Lasso sur la chaîne de télévision nationale. Il pourra gouverner jusqu’à l’installation de la nouvelle Assemblée nationale en prenant des décrets-lois d’urgence économique, mais après avis favorable de la Cour constitutionnelle.

À l’aube, le bâtiment du Parlement était gardé par des militaires, tandis qu’autour du palais présidentiel, dans le centre historique de Quito, les officiers en uniforme étaient plus nombreux qu’habituellement, a constaté l’AFP. (…)

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Article du Monde / AFP

Le chef de l’État conservateur a motivé sa décision par la « grave crise politique » que traverse le pays. L’opposition pourrait sortir renforcée des élections anticipées entraînées par cette dissolution.

Le président équatorien, Guillermo Lasso (au centre), le 17 mai 2023, à Quito. Bolívar Parra / AFP

(…) L’ancien président Rafael Correa (2007-2017), qui dirige l’opposition malgré sa condamnation à huit ans de prison par contumace pour corruption et vit en exil en Belgique, a qualifié la décision de M. Lasso d’« illégale » et de « coup d’État ». C’est « le dernier clou planté dans son propre cercueil politique », a-t-il poursuivi. Les États-Unis, par la voix du porte-parole adjoint au département d’Etat Vedant Patel, ont exhorté « les institutions gouvernementales, la société et les citoyens à veiller à ce que les processus démocratiques soient menés à bien pour le peuple équatorien ». (…)

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