Escalade répressive en Argentine

Le 25 novembre, jour où la famille et les amis de Santiago Maldonado lui disaient adieux dans la maison funéraire, un membre de la communauté mapuche Lafken Winkul Mapu est mort près de Bariloche, dans une zone où elle avait été expulsée jeudi dernier.

Rafael Nahuel, 21 ans a été abattu par une balle dans le dos, poursuivi par les forces de sécurité fédérales dépendant du ministère dirigé par Patricia Bullrich. Ce jour-là, lors de la fuite de plusieurs membres de cette communauté, la répression s’est déchaînée en bordure du lac Mascardi.

La victime est décédée avant son arrivée à l’hôpital Ramón Carrillo, où deux autres membres ont également été emmenés : une femme nommée Johana Colhuan et un homme, tous deux blessés par plombs. Selon des témoins, la région est en train de se militariser, des forces répressives sont déployées dans toute la zone et des membres de la communauté Mapuche sont portés disparus, certains gravement blessés et qui ne peuvent accéder à aucun type d’assistance médicale. Un nombre important s’est refugié dans la montagne, craignant pour leur vie.

Rafael Nahuel n’est pas mort dans une confrontation. Il a été tué par les forces répressives de l’État national. Plusieurs organisations réclament la fin de la persécution, le respect des garanties constitutionnelles, la démission de Patricia Bullrich, responsable politique de la répression, et que les coupables soient poursuivis et punis.

Cette escalade répressive se produit quatre mois après la répression illégale de la Gendarmerie ordonnée par le gouvernement de Mauricio Macri dans le village Mapuche Pu Lof de Cushamen qui a coûté la vie à Santiago Maldonado jeune militant de 28 ans, disparu le 1er août lors d’une opération de répression contre la communauté Mapuche dirigée par la Gendarmerie Nationale dans le département de Cushamen. L’artisan avait épousé la cause de la communauté Mapuche chassée de leurs terres par l’entreprise de Benetton qui possède 900 000 hectares en Patagonie, des terres acquises à un prix ridicule en 1991 dont les 100 000 moutons produisent 10% de sa production de laine mondiale : des profits au détriment des hommes et de la nature.

Malgré plusieurs témoins assurant avoir vu les gendarmes forçant Santiago Maldonado à monter dans une camionnette, les autorités nationales ont tout fait pour dissimuler la responsabilité de cette force publique dans l’enlèvement et ont refusé de classer cet acte en tant que « disparition forcée ». Finalement le 20 octobre, deux jours avant les élections législatives, une troisième recherche du corps dans le fleuve Chubut a mystérieusement permis la découverte du cadavre à moins de 400 mètres du lieu de la répression. Malgré le résultat de l’autopsie révélé le 24 novembre : « asphyxie par submersion », la famille Maldonado déclare que « la vérité sur comment, quand et où Santiago est mort est encore inconnue et c’est pourquoi nous continuerons à exiger une enquête impartiale, indépendante, efficace et exhaustive ».

Ceci n’est pas un fait isolé, le glissement répressif du gouvernement Macri s’accentue, des ONG, des associations populaires, des journalistes et medias opposants sont persécutés. Milagro Sala est devenue une icône de la persécution politique dans l’Argentine de Macri. Depuis bientôt deux ans, Milagro et d’autres membres de l’organisation Tupac Amaru, sont maintenus en prison malgré les interventions des comités des Nations Unies, de l’Organisation des Etats Américains et de diverses ONG, internationales.

Des membres du gouvernement macriste tiennent régulièrement des propos négationnistes, les Mères et Grand-Mères de la Place de Mai sont stigmatisées, les organismes des Droits de l’Homme sont discrédités, alors que des tortionnaires retrouvent l’impunité et que certains de leurs complices occupent des fonctions publiques.

À l’appel de plusieurs organisations, un rassemblement est organisé le

Vendredi 1er décembre à 18h30, Place de la Sorbonne

Verité et justice pour Santiago Maldonado et le peuple Mapuche

Pour la défense de la démocratie et les Droits de l’Homme en Argentine

ACAF (Assemblée de Citoyens Argentins en France), Hijos-Paris, Dónde Están-Uruguay, France Amérique Latine, Collectif Argentin pour la Mémoire, le Collectif ALBA-TCP France, Terre et Liberté pour Arauco,  Bibliothèque autogérée de Tolbiac, Syndicat Solidaires étudiant.e.s Paris 1, Association d’Ex Prisonniers Politiques Chiliens, Fondation Frantz Fanon, Nouvelles générations Chili – Suisse, MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples), la France Insoumise, PCF 94, MJCF 94, NPA

Source : Mediapart, Carlos Schmerkin

https://blogs.mediapart.fr/carlos-schmerkin/blog/261117/escalade-repressive-en-argentine