🇬🇹 Guatemala : une ex-procureure anticorruption condamnée à quatre ans de prison (Angeline Montoya / Le Monde)


La répression contre les magistrats anticorruption a franchi un nouveau cap, vendredi 16 décembre, au Guatemala. Une ex-procureure du Parquet spécial contre l’impunité (FECI), Virginia Laparra, a été condamnée à quatre ans de prison pour abus d’autorité, à l’issue d’un procès que de nombreux organismes de défense des droits humains ont décrit comme une « vengeance » des élites corrompues qu’elle avait poursuivies.

L’ex-procureure du Parquet spécial contre l’impunité (FECI), Virginia Laparra, à l’annonce de sa condamnation à quatre ans de prison, à Quezaltenango (Guatemala), le 16 décembre 2022. Johan Ordonez / AFP

Amnesty International estime que Virginia Laparra est une prisonnière d’opinion et appelle à sa libération « immédiate et sans condition ».

« Le verdict est néfaste pour le faible État de droit du Guatemala, a assuré sur Twitter l’ancienne procureure générale Thelma Aldana, elle-même exilée à Washington depuis 2019. C’est un précédent qui démontre la criminalisation et la persécution contre les personnes qui luttent contre la corruption. »

Mme Laparra a quitté le tribunal, menottée, tandis qu’une cinquantaine de ses partisans scandaient « Virginia est innocente » et « dehors les corrompus ». Le parquet avait requis huit ans de prison contre elle. Depuis son arrestation, le 23 février, elle est enfermée dans la prison Mariscal Zavala, où elle n’a accès à la lumière du jour qu’une heure par jour.

Accusée d’« abus de pouvoir » pour avoir dénoncé un juge

Cette avocate de quarante-deux  ans, qui a dirigé l’antenne du FECI dans la ville de Quezaltenango (à deux cents kilomètres à l’ouest de la capitale, Guatemala) entre 2014 et 2020, était accusée d’« abus de pouvoir » pour avoir, « pour des motifs personnels », dénoncé des agissements d’un juge qui lui semblaient contrevenir au droit.

Le FECI est un parquet spécial créé en 2008 au sein du ministère public pour collaborer avec la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (Cicig). Cet organisme avait été mis en place un an plus tôt par l’ONU pour aider le pays à lutter contre le fléau de la corruption. Avec le FECI, la Cicig a réussi à démanteler soixante structures criminelles et à faire arrêter des dizaines de politiciens, militaires, chefs d’entreprise, considérés jusque-là comme intouchables.

En tête, le propre président du pays, Otto Pérez Molina (2012-2015), et sa vice-présidente, Roxana Baldetti, avaient été contraints à la démission à la suite d’une enquête de la Cicig, appelée « La Línea », pour association illicite et fraude sur les revenus douaniers. Tous deux viennent d’être condamnés, le 7 décembre, à seize ans de prison, après onze mois de procès.(…)

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