Le président du Brésil Michel Temer a ordonné le déploiement de l’armée pour «garantir la sécurité» à sa frontière avec le Venezuela, d’où affluent depuis des mois des réfugiés, et déplore une crise qui «affecte toute l’Amérique latine»«Je décrète l’envoi des forces armées pour garantir la loi et l’ordre dans l’Etat de Roraima […] du 29 août au 12 septembre», a annoncé mardi soir à la télévision le chef de l’Etat, «afin de garantir la sécurité des citoyens brésiliens mais aussi des immigrants qui fuient leur pays».

La décision intervient dix jours après une explosion de xénophobie contre les migrants dans la localité frontalière de Pacaraima, où une foule d’habitants a chassé 1200 Vénézuéliens et brûlé leurs biens, prenant prétexte de l’agression d’un commerçant. Ce grave incident s’inscrit dans un contexte électoral: la gouverneure Suely Campos, du Parti Progressiste (droite dure), cherche la réélection en octobre et a multiplié les déclarations incendiaires, accusant les nouveaux arrivants de saturer les services sociaux et de multiplier l’insécurité.

Pénuries

Devant l’ampleur de la crise et son extension, les initiatives nationales et régionales se multiplient. Michel Temer juge que la situation migratoire «menace l’harmonie de quasiment tout le continent: ce n’est pas seulement le Brésil qui endure ses conséquences, mais le Pérou, l’Equateur, la Colombie et d’autres pays». Il a appelé «la communauté internationale à adopter des mesures diplomatiques» contre l’exode de Vénézuéliens fuyant la crise politique et économique, et les nombreuses pénuries de produits de première nécessité.

«Le Brésil respecte la souveraineté des États, mais nous devons nous souvenir que seul est souverain un pays qui respecte son peuple et en prend soin», a lancé le président brésilien, mal placé pour donner des leçons de démocratie à son homologue Nicolás Maduro ou à quiconque : il a été porté au pouvoir après la destitution de la présidente élue Dilma Rousseff, véritable coup de force contre les institutions.

Femmes enceintes

Le Brésil a reçu quelque 60 000 réfugiés du Venezuela à ce jour et le Pérou, qui s’attend à en recevoir un demi-million, vient de restreindre leur accès à son territoire. L’Équateur a décidé d’exiger un visa aux Vénézuéliens, décision qu’un juge de Quito a annulée. Et la Colombie a accueilli depuis deux ans près d’un million de ressortissants du pays voisin, dont de nombreuses femmes enceintes souhaitant accoucher dans des conditions sanitaires décentes…

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