FALMAG fait son Festival en Avignon, 2019
Comme chaque année, FALMAG est sur Avignon, à l’affût des rares spectacles consacrés, de prés ou de loin à l’Amérique Latine comme la Caraïbe (par l’auteur, la mise en scène, la chorégraphie, le sujet,…) ou en lien avec les valeurs que nous partageons. S’agissant de la culture caraïbo-latino-américaine, c’est particulièrement une année sinistrée, tant cela se résume à si peu sur les 1500 pièces proposées dans ce Festival Off et In.
On ne peut que regretter cette quasi-inexistence et on pourrait penser que
c’est toute la littérature et la dramaturgie latino-américaine qui sont ainsi niées. FALMAG a évoqué à plusieurs reprises l’urgence d’un Théâtre en Avignon consacré à des pièces de théâtres, danses, musiques de la Caraïbe et d’Amérique latine. En 2019 c’est plus que jamais vrai ! Cela étant, ce festival nous propose de nombreux moments de plaisirs. Ce sont ceux-là que vous retrouverez sur notre site.
Fabien Cohen, pour FALMAG.
« MARY PRINCE», jusqu’au 28 juillet, à 12H30, au Théâtre l’ALBATROS. Relâche les 18 et 25 juillet. Mise en scène Alex Descas.
Rares sont les témoignages d’esclaves, de surcroît de femmes des colonies de la Caraïbe. C’est donc un message exceptionnel que nous transmet Souria Adèle, dans cette pièce de la Compagnie MAN LALA. Parce que l’esclavage est un crime contre l’humanité qui persiste de nos jours, ce récit publié en 1931 à Londres, et joué avec beaucoup de retenue et d’émotion, ne peut que nous inviter à poursuivre notre combat pour la Liberté et l’Égalité. Ce texte est d’autant plus troublant qu’il montre la diversité de la réalité vécue par Mary Prince, de sa condition d’esclave de maison à celle dans les salines ou dans les champs. Quelle audace que cette prise de parole, alors que la lutte pour l’abolition n’avait pas encore abouti dans les colonies britanniques. Ce n’est pas une simple histoire qui nous est magnifiquement contée, mais une parole politique fondamentale d’hier pour aujourd’hui. Il faut y aller !
« ALLONS ENFANTS», jusqu’au 28 juillet à 12H30, au Théâtre LE CHÊNE NOIR, relâche le 22 juillet. Mise en scène Pierre Lericq.
Dans les moments troublés que nous vivons, il est bon de revenir à notre histoire qui a conduit à la Révolution de 1789. Et quand c’est avec autant d’esprit, teinté de politique mais en musique, avec autant d’énergie communicative sur cette scène, on ne peut que remercier la Compagnie des ÉPIS NOIRS, théâtre de tréteaux indépendant et jubilatoire. Cette épopée burlesque de plus de cent personnages hauts en couleur du plus lointain de nos origines, nous rappelle combien notre pays et l’Europe, furent traversés par des mouvements migratoires nombreux. Cette création en Avignon vous tend les bras, retrouvez « la mémoire des Etoiles », ALLONS ENFANTS, vous comblera !
« TOUS MES RÊVES PARTENT DE GARE D’AUSTERLITZ », jusqu’au 27 juillet à 18H, au Théâtre de la CHAPELLE DU VERBE INCARNÉ. Mise en scène de Marjorie Nakache.
La condition des femmes en détention est rarement évoquée avec autant de force, alors que les prisons sont de plus en plus surpeuplées. Mais c’est justement le théâtre, et singulièrement celui d’Alfred de Musset, qui leur permet d’échapper à l’enfermement ainsi qu’à la violence de la religion et au pouvoir des hommes.
Confrontée à la perte de leur liberté, cinq femmes détenues accueillent une toute nouvelle arrivante, un soir de Noël. Du théâtre, elles en font toute l’année pour confondre cet univers déprimant. Mais ce soir là, elles vont aller plus loin, et mettre en scène « On ne badine pas avec l’amour », découvrant peu à peu combien cette pièce fait écho à leur propre tourment.
Nous sommes tellement pris dans leur univers que nous entrons pleinement dans leur jeu, les quittant comme des amies. Le Théâtre de Stains a fait de cette pièce de Mohamed Kacimi, écrite à la suite d’un atelier d’écriture à la Maison d’arrêt de Fleury-Merogis, un grand moment de théâtre contemporain.
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« Les Murmures d’Ananké», jusqu’au 28 juillet à 10H45, au Théâtre GOLOVINE, par le Collectif ARPIS.
Ce spectacle de mime augmenté par le numérique, bouleverse enfants comme adultes. Il nous emmène dans un espace en trois dimensions grâce à la technique, et nous permet de pénétrer dans la fiction avec ravissement et émotion. Le travail harmonieux de l’image numérique et de la comédienne, qui évoluent dans un même mouvement, soutenu par le son, donne au sujet toute sa densité. Tout ce travail est mis au service de ce cycle de la vie, avec poésie et délicatesse. Émotion assurée.
« BERENICE 34-44», jusqu’au 28 juillet à 10H, au Théâtre du REMPART. Mise en scène Pierre-Olivier Scotto.
Les années d’occupation furent peu glorieuses pour la Maison de Molière: les Juifs en furent expulsés, et les sociétaires durent s’en accommoder, qu’il s’appellent Louis Jouvet ou Jacques Copeau. Et pourtant Bérénice y avait consacré toute sa vie, son énergie, son talent, et ce malgré la volonté de son père. Dévorée par sa passion, elle y laissa même ses origines, reniant son nom et son identité, autre questionnement fort de ce spectacle servi par une excellente comédienne, Violette Erhart. De ce destin tragique, nous retiendrons la grandeur du Théâtre et une grande émotion servie par une belle mise en scène.