🇪🇨 Un féminicide dans une école de police scandalise l’Équateur (François-Xavier Gomez-Libération / Euronews)
Une avocate de trente-quatre ans était introuvable depuis sa visite le 11 septembre dans l’académie où son mari était formateur. Onze jours après, son corps a été retrouvé à proximité. L’époux et suspect numéro 1 est en fuite.
Le 11 septembre au petit matin, María Belén Bernal, une avocate de trente-quatre ans, est entrée dans l’École supérieure de police pour y retrouver son mari, lieutenant instructeur dans cette institution de formation des officiers, située dans la périphérie nord de Quito. Personne ne l’a vue en sortir. Sa famille ayant signalé sa disparition, une forte mobilisation s’est déclenchée pour retrouver la jeune femme. Mercredi 21 septembre, après onze jours de recherches, le corps de María Belén a été retrouvé dans une zone boisée, à quelques kilomètres de l’école. Le lieutenant Germán Cáceres, mari et principal suspect, est en fuite depuis le début de l’affaire. Le gouvernement offre une récompense de 20 000 dollars pour sa capture.
«Profonde douleur et indignation»
En annonçant la macabre découverte, le ministre de l’Intérieur, Patricio Carrillo, a estimé que la police «a fait son travail et a trouvé María Belén Bernal». «Je regrette profondément sa mort, qui ne restera pas impunie», a-t-il ajouté. Sur Twitter, le président Guillermo Lasso, alors aux États-Unis, a exprimé sa «profonde douleur et indignation». Il a en outre exprimé sa «solidarité» avec la mère de la victime et le fils du couple, âgé de treize ans.
Mercredi 21 septembre, des rassemblements ont eu lieu devant des bâtiments publics pour exiger la vérité. Des pancartes proclamant «État féminicide» ont été brandies. Aux cris de «Assassins, assassins» lancés aux policiers chargés d’encadrer la foule, se sont ajoutés des appels à la démission du ministre de l’Intérieur. Ces manifestations ont repris le jeudi matin.
La disparition puis le meurtre de María Belén ont occupé ces derniers jours une large place dans la presse et les journaux télévisés. Selon les premières constatations, l’état de décomposition du corps indique une mort proche du jour de la disparition. Dans l’attente des résultats de l’autopsie, de nombreuses questions se posent, notamment sur les complicités dont a pu bénéficier l’assassin présumé pour faire sortir le corps de l’école, puis l’enterrer. L’établissement, qui forme aussi des policières, a suspendu toutes ses activités et son directeur a été démis de ses fonctions.
206 féminicides en 2022
L’Équateur, où le féminicide est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à vingt-six ans de prison, connaît des taux élevés de violences sexistes. La Fondation Aldea a dénombré, entre le début de l’année et le 3 septembre, 206 morts violentes de femmes «en raison de leur genre», dont six femmes trans. Dans 53 % des cas, l’auteur présumé avait «un lien sentimental» avec la victime. (…)
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Voir également : Équateur : le président limoge le ministre de l’Intérieur après le meurtre d’une avocate (Le Figaro / AFP)
Équateur : manifestation après un nouveau cas de féminicide (Euronews)