Violences faites aux femmes : pour faire entendre leur colère, les Mexicaines occupent un bâtiment gouvernemental (Elle/ Anaïs Guillon)
Depuis une semaine, militantes féministes et familles de victimes manifestent dans les bureaux de la Commission nationale des droits de l’homme à Mexico, pour interpeller le gouvernement sur le manque de moyens mis en place pour lutter efficacement contre les violences à l’égard des femmes.
« Casa de Refugio Ni Una Menos ». Dans le centre historique de la capitale mexicaine, la Commission nationale des droits de l’homme est symboliquement rebaptisée depuis lundi dernier : «Refuge ‘pas une de moins’». Dans les bureaux, les salles de repos et les cuisines, les mexicaines ont pris place. À travers cette incroyable action coup de poing, elles exigent que la classe politique agisse enfin contre les violences faites aux femmes, pour qu’il n’y ait pas de victimes supplémentaires.
Féminicides, agressions et disparitions sont le lot quotidien des femmes au Mexique, dans l’indifférence la plus totale du pouvoir politique. Pour faire entendre leur colère, des militantes féministes et des membres des familles ayant perdu une fille, sœur ou cousine, occupent depuis plusieurs jours le bâtiment de la commission censée les protéger. « Cette action est née de notre impuissance (…) Moi je n’avais plus rien à perdre : après avoir dénoncé mon compagnon, il m’a frappée et mise à la rue. Cela fait trois ans que les autorités se renvoient la balle dans mon cas. Maintenant qu’on occupe cet endroit, elles seront bien obligées de toutes nous écouter. » déclare à RFI, Erika Martinez, mobilisée depuis le premier jour du mouvement.
Masquées et équipées de marteaux, les Mexicaines ont épinglé des banderoles, peint des slogans sur les murs du bâtiment et barbouillé certains tableaux représentants des hommes d’Etat. S’opposant au vandalisme, le président de gauche Lopez Obrador, a réagi lors d’une conférence de presse. Il a notamment réprimandé les militantes pour avoir défiguré le portrait de Francisco Madero, un ancien président assassiné que beaucoup vénèrent comme un héros de la révolution mexicaine de 1910 à 1920. Une prise de position qui a révolté les femmes mobilisées. « Pourquoi le président s’indigne-t-il pour des tableaux, et pas quand ma fille de sept ans est agressée sexuellement ? », soulève Erika Martinez. Agressée il y a trois ans, la justice n’a jamais résolu l’affaire de sa fille.
Plus de 10 femmes assassinées chaque jour
C’est l’un des principaux problèmes du pays. L’action gouvernementale est insuffisante pour mettre fin aux violences s’exerçant contre les femmes. La plupart des crimes ne font pas l’objet d’une enquête ou ne sont pas résolus, car le système judiciaire manque de moyens.
Une aberration alors que les féminicides ont augmenté de plus de 5 % au cours du premier semestre de cette année par rapport à la même période l’année dernière. (…)
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