Genre et féminismes dans les Amériques latines (dossier collectif / Contretemps)
Ce dossier procède des réflexions et échanges menés dans le cadre de l’atelier « Genre et Féminismes dans les Amériques latines ». Composé par cinq des communications présentées lors de ses deux premières années, il nous donne un aperçu de la diversité des débats abordés dans cet espace de discussion.
L’atelier « Féminismes dans les Amériques latines » est né en 2017, à l’initiative de trois doctorantes à l’époque – Yolinliztli Pérez Hernández, Tania Romero Barrios et Izadora Xavier do Monte – avec l’objectif de créer un espace de rencontres et de débats autour des pensées et des pratiques féministes dans les Amériques latines. Notre initiative a émergé suite au constat que bien que des similitudes et nombreux liens existent entre, par exemple, les féminismes des pays latinoaméricains et ceux d’Europe ou des États-Unis, les pensées et modes d’organisation dans les Amériques latines ont leurs propres voix et voies, et mériteraient d’être mieux connues en France. L’objectif était aussi de promouvoir des échanges entre les théories féministes hispanophones, lusophones et francophones.
En 2018, le collectif qui l’organisait a grandi, incorporant quatre autres membres : Maira Abreu, Lizbeth Gutiérrez, Alejandra Peña Morales et Diego Uchuypoma Soria. La thématique du séminaire s’est aussi élargie et il devient « Genre et féminismes dans les Amériques latines ». L’appréhension de sujets comme le travail, la politique, la race, la culture en Amérique latine est souvent conjuguée au masculin neutre. Il s’agit pour nous non seulement de genrer les lectures sur cette région, mais aussi d’analyser les contributions épistémologiques, politiques, théoriques et pratiques que les études critiques et les mouvements sociaux latinoaméricains apportent aux débats sur les questions de genre.
Le cadre qui est le nôtre englobe une diversité de contextes géographiques, politiques, historiques et sociaux. Il nous est apparu essentiel, dès la genèse du projet, d’analyser les intersections des divers rapports de pouvoir – la racialisation, la classe, le genre, la colonisation, la colonialité, l’hétérocisnormativité, parmi d’autres – qui se déploient dans ces contextes. Il s’agit à la fois de questionner la pertinence de la catégorie même d’« Amérique latine » – portant parfois un regard colonial trop homogénéisant – tout en tissant des liens entre les différentes réalités latino-américaines.
L’atelier s’est également construit dans un esprit pluridisciplinaire de mutualisation des savoirs et des pratiques, comme un lieu permettant la rencontre des militant·e·s, d’artistes, de doctorant·e·s, masterant·e·s, docteur·e·s, et enseignant·e·s-chercheur·e·s. Depuis sa création, l’atelier a ainsi organisé des séances sur des thématiques et problématiques très variées comme l’avortement, les stérilisations forcées, le travail du care, les mouvements anti-genre, les transféminismes, le travail du sexe, les théories décoloniales, les politiques de représentation, le travail domestique, les migrations. Les textes que nous réunissons ici abordent quelques-uns de ces sujets clés.
Lire les contributions ici ou ci-dessous
- Activité minière dans les Andes péruviennes et dévalorisation du travail des femmes (Caroline Weill)
- Les luttes locales et internationales pour l’accès à la justice des femmes autochtones au Guatemala (Sofia Dagna)
- Vera Furacão : le témoignage d’une Brésilienne et pionnière du bois de Boulogne (Marina Duarte)
- Le misoprostol sur toutes les bouches : de l’autonomie en 12 comprimés (Lucila Szwarc)
- La Collective lesbienne-féministe salvadorienne de la Media Luna : fragments d’histoire (Jules Falquet)