Guatemala: mort de l’ancien dictateur et génocidaire Efraín Ríos Montt (RFI)

Il est le symbole des plus noires années du Guatemala contemporain. L’ancien président et dictateur guatémaltèque Efraín Ríos Montt est décédé dimanche 1er avril matin à l’âge de 91 ans, alors qu’il était jugé pour génocide après avoir échappé à une première condamnation en 2013. Arrivé au pouvoir par un coup d’État le 23 mars 1982, le dictateur avait été renversé par son ministre de la Défense, Oscar Mejía Victores, le 8 août 1983. Son bref passage au pouvoir est néanmoins considéré comme l’un des plus violents ayant marqué la guerre civile qui a ensanglanté le pays de 1960 à 1996 et fait plus de 200 000 morts et disparus.

L’ancien dictateur guatémaltèque Efraín Ríos Montt, accusé de génocide contre les populations indiennes du Guatemala, est mort dimanche à 91 ans à son domicile d’un infarctus. Après l’annonce de sa disparition, des dizaines de familles des victimes ont manifesté pour demander justice.

Guatemala Ciudad/ 1er avril 2018: à l’annonce de la mort du l’ancien dictateur, manifestation de familles de disparus . REUTERS/Luis Echeverria

« En fait, nous sommes vraiment désolés qu’il soit mort, a réagi Aura Elena Farfán, fondatrice de l’association Famdegua, l’association des familles des détenus et disparus du Guatemala, interrogée par la rédaction en langue espagnole de RFI. Nous ne voulions pas qu’il meure, non, nous voulions qu’il vive, même malade comme il était, pour qu’il puisse nous dire où, quand, comment, toutes ces atrocité se sont déroulées. Qu’il s’explique par exemple, au sujet des 226 hameaux dévastés, des 45 000 disparus guatemaltèques, tous ces gens qui ne sont plus là. Nous regrettons que ce que souhaitaient ses avocats soit finalement arrivé, c’est-à-dire qu’il est mort avant la fin de son procès, sans qu’il ait pu être jugé, dans l’impunité…» L’ex-militaire est mort alors qu’était en cours un nouveau procès pour génocide. Un procès à huis clos en raison de son état de santé, les médecins ayant diagnostiqué une démence sénile, qui lui aurait permis, en cas de condamnation, de purger sa peine à son domicile ou dans un centre d’accueil.

Génocide contre les populations indienne

Efraín Ríos Montt avait été déjà condamné le 10 mai 2013 à 80 ans de prison pour génocide et crimes de guerre. Un jugement qui avait fait date avant que sa peine aie été annulée pour vices de procédure par la Cour Constitutionnelle, la plus haute juridiction du pays, en janvier 2014. Jamais auparavant un chef d’État n’avait été jugé ou condamné par un tribunal national pour génocide.  Il était notamment accusé d’être responsable du massacre de 1.771 Mayas dans le département de Quiché (nord). En 1999 un rapport des Nations Unies avait pointé le «génocide» commis au Guatemala, notamment entre 1978 et 1984 contre les populations indiennes : massacres de populations et villages rasés. Cette séquence est l’un des épisodes les plus noirs de la sale guerre qui a ensanglanté le pays de 1960 à 1996 et qui a fait au total 200 000 morts et disparus, toujours selon l’ONU. Arrivé au pouvoir par un coup d’État le 23 mars 1982, le dictateur avait été renversé par son ministre de la Défense, Oscar Mejía Victores, le 8 août 1983. Son passage au pouvoir, bien que bref, est considéré comme l’un des plus violents ayant marqué la sale guerre. Au nom de la contre-insurrection, soutenue par les États-Unis, le pouvoir avait mis en place une politique de répression systématique contre les communautés indigènes soupçonnées de soutenir les guérillas de gauche.

« Vive le général Rios Montt qui nous a délivrés des communistes! », c’est ainsi que ses proches lui ont rendu hommage, rapporte l’AFP. Efraín Ríos Montt n’avait pas quitté la politique puisqu’il s’était présenté à l’élection présidentielle de 2003 après avoir fondé le Front républicain guatémaltèque (FRG, droite). La leader indienne Rigoberta Menchú, prix Nobel de la paix en 1992, un des symboles de la lutte pour la reconnaissance des droits des indiens et contre l’impunité des crimes commis au Guatemala, avait fait de la condamnation de Rios Montt un combat personnel.

http://www.rfi.fr/ameriques/20180402-guatemala-mort-efrain-rios-montt-dictateur-genocide