🇭🇹 Haïti : un pays à genoux devant la violence des gangs armés (Entretien de Diane Cassain avec Frédéric Thomas. S&D Magazine / CETRI)
Un an après la mise en place du Conseil présidentiel de transition, Haïti continue de sombrer dans la violence et le chaos. L’insécurité règne, les gangs contrôlent près de 85 % de Port-au-Prince, et la population désespère face à l’inaction politique. Dans un climat de défaillance institutionnelle et de crise humanitaire aiguë, la tenue des élections apparaît désormais impossible, tandis que l’aide internationale n’est pas à la hauteur des besoins.
Le Conseil présidentiel de transition (CPT) en Haïti a récemment fêté ses un an. Quel est son bilan ?
Le CPT est un échec sur tous les plans : sécuritaire, avec l’expansion des gangs ; politique, en raison de l’absence d’avancées sur les élections et le référendum ; et en matière de gouvernance, marquée par l’opacité, la corruption et l’inaction. La mise en place d’un conseil national de sécurité a été officiellement annoncé le 18 décembre dernier, mais celui-ci n’a aucune existence, tout comme l’organe de contrôle du gouvernement. La rupture espérée avec les pratiques du passé n’a pas eu lieu. Pire, des membres du CPT sont accusés de liens avec des groupes mafieux, renforçant la défiance de la population. Ce gouvernement reproduit les échecs des gouvernements précédents et ne rend aucun compte à la population.
Les haïtiens pourront-ils voter au premier tour d’élection présidentielle prévu le 15 novembre ?
Les élections, censées marquer une étape vers la transition, sont devenues un mirage : tout le monde sait qu’elles ne sont pas réalisables dans les conditions actuelles, mais personne n’ose le reconnaître publiquement. Cela reviendrait à admettre l’échec du CPT alors qu’il n’existe aucun plan B. Pourtant, les pressions internationales — notamment des États-Unis — persistent pour maintenir ce calendrier, quitte à envisager des élections très partielles, dans quelques départements encore relativement épargnés par les gangs, comme ceux en dehors de l’Ouest. Mais dans un tel contexte, la crédibilité et la légitimité d’un scrutin organisé par un gouvernement discrédité et financé par l’étranger seraient fortement compromises. (…)
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