Haïti : l’émissaire des Etats-Unis démissionne, dénonçant « la décision inhumaine et contre-productive » d’expulser des milliers de réfugiés et de migrants (Le Monde avec AFP)


« Notre approche politique à Haïti reste profondément défectueuse », a déploré l’Américain Daniel Foote, rappelant le « danger que représentent les gangs armés » dans le pays. Dans une lettre de démission cinglante adressée au secrétaire d’État Antony Blinken, l’émissaire américain à Haïti Daniel Foote dénonce les expulsions « inhumaines » par les États-Unis de milliers de migrants haïtiens vers leur pays en proie à la terreur des gangs armés. Daniel Foote avait été nommé le 22 juillet avec pour objectif de « faciliter la paix et la stabilité » et la tenue d’élections « libres et justes » après l’assassinat du président Moïse.

Daniel Foote en 2016 @ Drew Angerer / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

« Je ne m’associerai pas à la décision inhumaine et contre-productive des États-Unis d’expulser des milliers de réfugiés haïtiens et d’immigrants illégaux à Haïti, un pays où nos fonctionnaires sont confinés dans des complexes sécurisés en raison du danger que représentent les gangs armés contrôlant la vie quotidienne », assène M. Foote dans ce courrier daté de mercredi 22 septembre. « Notre approche politique à Haïti reste profondément défectueuse et mes recommandations ont été ignorées et rejetées, lorsqu’elles n’ont pas été modifiées », dénonce également M. Foote dans sa missive.

Daniel Foote avait été nommé le 22 juillet avec pour objectif de « faciliter la paix et la stabilité » et la tenue d’élections « libres et justes » après l’assassinat du président Jovenel Moïse, tué dans sa résidence privée par un commando armé le 7 juillet. Sa démission constitue un nouveau coup dur pour Joe Biden, après ses difficultés parlementaires et l’Afghanistan : sa politique d’expulsions massives de migrants haïtiens vers leur pays en plein chaos sécuritaire se voit ainsi critiquée – avec des mots durs – par son propre émissaire.

Le département d’État a réagi en remerciant « l’émissaire spécial Foote pour son engagement pour le pays et pour le peuple d’Haïti ».  « Daniel Foote cherchait à étendre son pouvoir de décision sur la politique des États-Unis à Haïti, et l’administration Biden a décidé qu’il n’était pas approprié de lui donner autant de latitude » , a également réagi un haut responsable sous couvert d’anonymat. (…)

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États-Unis : expulsion de milliers de migrants à la frontière sud du Texas (revue de presse)

L’administration Biden refuse de considérer des milliers d’Haïtiens arrivés au Texas comme des réfugiés ; elle ne les autorise pas à demander l’asile, en prenant appui sur un décret de l’ère Trump. Les expulsions massives se poursuivent. Les États-Unis ont renvoyé dimanche 19 septembre dans leur pays d’origine les Haïtiens qui campaient à Del Río, une ville frontalière du Texas, et ont tenté d’empêcher d’autres personnes de traverser la frontière avec le Mexique dans une démonstration de force qui a marqué le début de ce qui pourrait être l’une des expulsions à grande échelle de migrants ou de réfugiés les plus rapides des États-Unis depuis des décennies.